Le cancer capitaliste de l’OMC s’attaque à un poumon de Genève

Le cancer capitaliste de l’OMC s’attaque à un poumon de Genève

La semaine prochaine, le Municipal de
la Ville de Genève débattra d’un projet de loi,
transmis par le canton, visant à déclasser la zone
inconstructible du parc de l’ancien Bureau international du
travail, dans le prolongement du Parc Barton, et à modifier le
périmètre légal de protection des rives du lac.

Parlant de vue, le parc en question en offre une
particulièrement splendide sur le lac. On connaît sa
rotonde entourée de grands platanes qui s’avance vers le
lac comme la proue d’un navire, ses cèdres géants
plus que centenaires, sans parler de ses nombreuses sculptures. Sa
liaison avec le jardin botanique a été le dernier maillon
d’une promenade de plus de cinq kilomètres au bord du lac.

Privatisation, parkings et bureaux…

Or par le vote prévu du Conseil municipal, ce n’est pas
moins de la moitié d’un des plus beaux parcs de
Genève qui serait littéralement privatisé, sous
prétexte notamment de garantir la sécurité de
l’OMC. Un parking de 200 places y serait en outre
édifié sous un nouvel immeuble, accueillant plus de 300
bureaux pour des fonctionnaires… au service de la mondialisation
capitaliste néolibérale et de l’extension sans
rivages des diktats des marchés et du profit.

    Dans ce projet inacceptable, seuls 33 malheureux
mètres subsisteraient le long du lac pour laisser passer les
promeneurs-euses en direction du Jardin botanique. Finies les
déambulations bucoliques des citoyen·ne·s genevois
admirant librement les perspectives et le panorama, ils-elles se
heurteraient aux murs de protection de l’Organisation mondiale du
commerce.

    Et encore, cela lorsqu’il n’y aura pas
de session ou de conférence importante dans les locaux de
l’OMC. Car, comme on l’a vu lors des derniers cycles de
négociation, la police contrôlait tout ce qui bougeait sur
le lac et interdisait précisément le passage sur ces
malheureux mètres de rive.

Arrêté bidon socialo-vert

Mais revenons un peu en arrière. En avril 2008, nos camarades
ont déposé au Conseil municipal un projet
d’arrêté sur cette affaire. Les socialistes et les
Verts s’y étaient ralliés dans un premier temps,
pour ensuite l’édulcorer et le dénaturer. Nos
élu-e-s n’avaient alors pas voulu voter ce texte
vidé de sa substance. En effet, notre projet présentait
les exigences suivantes :

« Article premier.
Le Conseil administratif veille au respect [….] des
intérêts de la population genevoise en maintenant le parc
Barton en zone de verdure.

Art. 2. Le préavis
défavorable du Conseil administratif dans la législature
précédente relatif à toutes constructions sur le
site est confirmé.
Art. 3. Les mesures de
sécurité imposées par l’Organisation
mondiale du commerce (OMC) ne devront en aucun cas constituer une
réduction de la jouissance du parc au public et de
l’accès au lac garantis par les dispositions
légales en vigueur.

Art. 4. Le Conseil
administratif est tenu de défendre auprès des
autorités cantonales et fédérales le projet de
transfert de l’OMC sur un autre terrain, notamment dans le
secteur du Jardin des Nations ou du Grand-Morillon, tel que cela avait
déjà été préconisé.»

Au vote final, une majorité du Conseil municipal composée
des Verts et des socialistes, appuyé·e·s par des
élus de droite et notamment de l’UDC, ont voté
– contre nos camarades – le texte suivant:

« Article premier.
Le Conseil administratif veille au respect […] des
intérêts de la population genevoise en maintenant le parc
Barton en zone de verdure.

Art. 2. Le Conseil
administratif propose l’étude d’une variante de
construction en front de rue et négocie une baisse du nombre de
places de parc.

Art. 3. Les mesures de
sécurité imposées par l’Organisation
mondiale du commerce (OMC) ne devront en aucun cas constituer une
réduction de la jouissance du parc au public et de
l’accès au lac garanti par les dispositions légales
en vigueur.»

Aujourd’hui, le Conseil administratif après avoir
tenté de négocier avec l’Etat de Genève et
la Confédération, revient avec des miettes; aucune
réduction des places de parking, pas de bâtiments le long
de la rue de Lausanne, au contraire un nouveau bâtiment serait
construit dans l’alignement du bâtiment actuel sur
l’emplacement du parking actuel côté Pâquis et
réduirait encore les possibilités de traverser la
parcelle depuis la rue de Lausanne.

La parole aux citoyen·ne·s

Bref, les engagements de la majorité de circonstance du Conseil
municipal sont partis en fumée, sacrifiés sur
l’autel du commerce mondial et de la
dérégulation…

    Et le positionnement du PS ne semble pas près
de changer… Contre l’avis de la majorité de la
population genevoise qui s’est régulièrement
exprimée lors de votations municipales et cantonales pour sauver
ses parcs, les socialistes semblent vouloir persister dans leur appui
à l’OMC lors des prochains débats municipaux.

    Il faut donc nous préparer dès
maintenant à une campagne de récolte de signatures
à l’appui d’un référendum qui nous
permettra de faire valider une nouvelle fois par les
citoyen·ne·s l’attachement du peuple de
Genève à ses parcs, comme véritables lieux de
détente et de convivialité, de pique-nique, de jeux, de
délassement, d’avant- et d’arrière-goût
de vacances, pour les grands, les petits, les familles… bref des
lieux gratuits indispensables à la qualité de la vie
urbaine à Genève.

    Rappelons enfin au passage que notre camarade
Rémy Pagani s’est dès le début
distancé clairement et publiquement de la position de
l’Exécutif sur cette question. Celui-ci l’a donc
dessaisi du dossier, pour le confier à la magistrate du PS
Sandrine Salerno. Gageons pourtant que c’est à Rémy
Pagani que les citoyen-ne-s donneront raison dans les urnes le moment
venu ! 

Pierre VANEK