Justice pour la Palestine

Justice pour la Palestine

Françoise FORT de Suisse-Palestine
Solidarité et Maryse CREVEAU du
Collectif Annemassien pour la Palestine
nous livrent ici leur témoignage à chaud
au retour de la mission internationale en
Palestine à laquelle elles ont participé
du 27 décembre au 2 janvier.

La punition collective infligée aux Palestiniens par
Israël prend différentes formes, dont les barrages
routiers ou checkpoints, tenus par l´armée israélienne
environ 190 dans les territoires occupés).

Ces barrages ont entravé le déroulement du programme
prévu par le Réseau des ONG Palestiniennes
(PNGO Network). Cependant, leur séjour à Jérusalem
dans le cadre des missions civiles de protection aura
permis aux quelques 350 participant-e-s italiens, belges,
français et suisses de témoigner de la situation
dans la région, de rencontrer les ONG palestiniennes
et de manifester en différentes occasions leur solidarité
avec la population.

Harcèlement

Israël justifie les checkpoints par une exigence de
sécurité et déclare vouloir contrôler ainsi le trafic d´armes
et d´explosifs. De fait, les barrages empêchent le
libre accès aux établissements hospitaliers, pour les
patient-e-s comme pour le personnel soignant, paralysent
la vie économique et humilient chacun qui doit
se soumettre aux diktats des jeunes soldats de l´armée
d´occupation. Ainsi, dans une atmosphère insensée
de bruit et de poussière, tous, enfants, femmes,
hommes, jeunes, anciens, quittent les transports collectifs,
franchissent à pied la distance entre deux
points de contrôle avant de retrouver les bus et taxis.
Quand un soldat empêche le passage d´une ambulance,
qu’il oblige des personnes âgées ou des femmes
enceintes à faire de pénibles détours, quand il brutalise
sans motif des êtres humains, qu´il détruit une maison
palestinienne ou arrache des oliviers, quand il
ferme une école ou la transforme en caserne, il ne
participe pas à la « protection de l´Etat d´Israël » mais à
une vaste entreprise de harcèlement qui vise à briser
la résistance des Palestiniens et à les faire partir de
leur terre.

Bantoustans…

L´extension des colonies, la politique d´encerclement
de Jérusalem par ces colonies abusivement qualifiées
de « banlieues » et construites sur des terres confisquées
à leurs propriétaires palestiniens, la constructions
de routes de contournement, interdites à la circulation
pour les palestiniens, produisent de véritables
« bantoustans » sans services: pas d’eau, ordures pas
collectées, routes défoncées. Israël s´est servi de
l´Intifada comme excuse pour poursuivre et renforcer
son expansion coloniale. En Cisjordanie et à Gaza, toutes
les séries d´actions militaires ont été entreprises de
façon à développer l´infrastructure de l´occupation. Un
tiers des colonies sont vides et destinées à le rester: il
s´agit avant tout d´occuper la terre. Cette politique délibérée
d´apartheid est inacceptable et parmi les moyens
de la combattre, le boycott des produits d´Israël s´impose.
D´ailleurs, les Palestiniens le demandent tout
comme un certain nombre d´israéliens en désaccord
avec la politique coloniale de leur Etat.

La recette des USA

La situation économique est alarmante: tous les produits
venant d´Israël, il y a de fait un blocus. Entre
ceux qui ont perdu leur travail et ceux qui ne peuvent
plus s´y rendre, beaucoup de familles se retrouvent
sans ressources. Toutes ces humiliations systématiques,
combinées avec un étranglement économique
sans précédent minent le moral. Le 11 septembre a
été politiquement apprécié en Israël, car confirmant
sa théorie que le monde serait divisé en deux, entre
les gens civilisés et les « terroristes ». C´est au nom de
cette théorie qu´Israël se croit permis d´intensifier sa
pression dans les territoires occupés. Parce que
depuis le 11/09, il est admis qu´un acte de terrorisme
appelle une réponse de guerre, en qualifiant l´Intifada
de « terrorisme », Israël s´autorise des actes unilatéraux
de guerre: bombardements, attaques de chars et
d´hélicoptères visant des écoles, des hôpitaux, des
habitations de civils. Certains Palestiniens que nous
avons rencontrés et nous ont livré leur analyse du
11/09: d´après la définition US, sur laquelle il y a
consensus, relève du terrorisme tout acte qui prend
pour cible des civils, pour des motifs politiques ou
pour atteindre des buts politiques. Suivant cette définition étatsunienne, l´occupation, comme violence
quotidienne contre des civils pour les maintenir sous
pression et pour briser leur volonté politique, relève
du terrorisme.

Résister est un droit

La résistance à l´occupation est légitimée non seulement par l´éthique mais par la législation internationale qui reconnaît aux peuples le droit à résister. Ce droit
peut s´exercer sous des formes que l´on peut
condamner à la fois moralement et politiquement
mais on ne peut en aucun cas assimiler la résistance
[à l´occupation] à du terrorisme. Les bouclages, les
zones interdites, les discriminations systématiques, la
pression militaire israélienne intense représentent une
menace pour les palestiniens dans leur vie quotidienne.Leur isolement face à la soi-disant « coalition israélo-étatsuniennes contre le terrorisme » pousse au
désespoir et aux solutions extrêmes. La question
aujourd’hui est de durer, de préserver les forces vives
pour pouvoir continuer le combat pour la justice.

Une protection indispensable

Les secteurs de la santé et de l´éducation, essentiels
dans la perspective d´une solution viable, sont considérés comme prioritaires par les palestiniens et devront donc mobiliser la solidarité internationale.
Les missions d ´observateurs internationaux, souhaitées par les Palestiniens, devront être organisées pour
assurer une présence plus importante dans le temps
et dans l´espace. Ceci pour permettre une forme particulière de protection de la population, y compris
dans les villages coupés de tout contact par l´armée
où les exactions les plus graves sont commises.

Françoise Fort et Maryse Creveau