Les Roms, Moutinot et la colère
Les Roms, Moutinot et la colère
Il y a quelques jours, Laurent Moutinot, conseiller dEtat
chargé de la police genevoise, décidait dune rafle
dans le but dexpulser les Roms qui pratiquent la
mendicité dans les rues de la ville. Résultat, au total
26 personnes renvoyées, principalement vers la France
malgré le bus pour la Roumanie «aimablement »
mis à disposition par les autorités. Ce renvoi devrait
mettre fin à une situation intolérable selon M. Jornot du
parti libéral qui a félicité M. Moutinot, les rues
de Genève étant selon lui encombrées par les
mendiants. Ouf, les citoyens peuvent respirer !
A priori, on peut avoir quelques difficultés à comprendre
les motivations de M. Moutinot à appliquer soudainement une loi
quil a combattue, même au prix dune
illégalité concernant les renvois eux-mêmes.
Cependant, M. Moutinot sest expliqué au micro de la Radio
suisse romande. On passe alors de lincompréhension
à la colère.
Il reconnaît que cette opération
nest pas la première, mais « […] à
force dentendre dire que je ne fais rien, jai
souhaité que lon donne une certaine publicité
à cette action ». En politique, il ne faut jamais
oublier la primauté du marketing politique sur les valeurs
politiques ou humaines !
Plus loin, il déclare « comme
magistrat, je dois appliquer la loi, si ça ne me plait pas, je
dois démissionner ». Et donc, il fait le boulot.
Cet argument est probablement le plus insupportable tant il a
été utilisé dans des circonstances dramatiques.
Bien faire le travail et le faire savoir, quel que soit le travail. Que
dinfamies cet argument na-t-il pas couvert !
Lapplication est dautant plus facile que ce sont des gens
privés de tout moyen de défense auxquels on
sattaque aujourdhui. Il semble que, dans notre
cité, la ténacité est moindre dans la traque aux
délits financiers que dans la traque aux gobelets des mendiants.
Enfin, pour M. Moutinot, les Roms viennent à
Genève parce Genève est une ville riche et
généreuse ! Subtile analyse !
Citoyen·ne·s, soyez moins généreux !
La police ne sera ainsi plus obligée de voler largent des
mendiants.
Enfin pour couronner le tout, M. Moutinot
reconnaît que la proximité du vote sur la libre
circulation nest pas complètement étrangère
à son action. Les Roms, comme objets de la politique suisse. On
touche le fond.
Pas un mot de M. Moutinot sur la situation réelle des Roms. Ce nest pas le sujet
Difficile de comprendre cette affaire que le Parti
socialiste semble vouloir ignorer. Difficile également de
comprendre létrange parcours de Laurent Moutinot. Un
début de carrière dans lhumanitaire et la
défense des locataires, une carrière politique au parti
socialiste. Aujourdhui ou demain, peut-être un
déjeuner de travail avec Eric Besson, nouveau ministre
français de lIdentité nationale. Un ancien
socialiste