Forum économique mondial: Pourquoi solidaritéS ne signe pas l’appel à manifester

Forum économique mondial: Pourquoi solidaritéS ne signe pas l’appel à manifester

Du 28 janvier au 2 février, le
Forum économique mondial (WEF) tiendra une nouvelle fois son
sommet annuel à Davos. Cette année, une quarantaine de
chefs d’Etat et de gouvernement sont conviés à
écouter les recommandations des principaux dirigeants des
grandes banques et des multinationales du globe. Les artisans de la
mondialisation capitaliste feront ainsi le point sur la crise
financière et la récession économique en cours et
deviseront sur la meilleure façon de la faire payer aux
salarié·e·s et aux peuples du monde. Gageons que
le renflouement de l’UBS leur servira de modèle !

    A cette occasion, une manifestation de
protestation est convoquée à Genève, le samedi 31
janvier. solidaritéS, qui a participé aux mobilisations
altermondialistes de cette dernière décennie et a
contribué à organiser nombre de manifestations contre la
tenue du Forum économique mondial de Davos,  s’oppose
fermement à toute mise en cause des libertés publiques et
du droit de manifester à cette occasion, mais ne participe pas
à l’organisation de cette manifestation et n’a pas
signé l’appel à celle-ci pour les raisons
suivantes :

1.    La décision de manifester à
Genève a été prise de manière
unilatérale par des organisations largement extérieures
à ce canton, sans tenir compte de l’avis de la plupart des
militant·e·s et des milieux locaux engagés contre
le WEF. Ainsi, risque-t-on d’assister à une manifestation
largement « hors-sol », ce qui ne crée
pas de bonnes conditions de mobilisation et ne permet pas vraiment sa
prise en charge collective et démocratique.

2.    Au nom du caractère
« anticapitaliste » proclamé de cette
mobilisation, il a été décidé de ne pas
chercher à élargir le spectre des forces qui la
convoquent, ni en termes de contenus, ni en termes de secteurs ou
d’organisations impliqués. Le texte de l’appel se
résume pour l’essentiel à un slogan : il
faut « en finir avec le capitalisme ». Il ne
cherche aucunement à articuler cette perspective avec des
revendications concrètes, sociales ou politiques.

3.    Nous ne comprenons pas la décision de
choisir l’autre bout de la Suisse pour manifester contre le
sommet de Davos. Pourquoi devrions-nous accepter que le WEF impose son
monopole sur la grande station grisonne et les villes environnantes
lors de chacun de ses sommets ? Nous refusons
l’interdiction de facto de manifester aux abords du WEF, ainsi
que l’usage de la police et de l’armée aux frais du
contribuable pour garantir une telle suspension des libertés
publiques.

4.    Enfin, une partie des groupes signataires diffuse
ses propres appels à manifester en invitant à la
constitution d’un « bloc
révolutionnaire » distinct, ceci sans réel
contenu politique supplémentaire, mais avec une iconographie qui
peut prêter à confusion quant au caractère
pacifique de la manifestation. Ils offrent ainsi aux forces
réactionnaires de ce canton, qui ne s’en privent pas, un
prétexte facile pour lancer une campagne de peur, appelant
à la disqualification et à la criminalisation du
mouvement altermondialiste.

Pour nous, l’avenir du mouvement altermondialiste ne saurait
reposer seulement sur l’organisation de contre-manifestations
à l’occasion des sommets autoproclamés des global
leaders de ce monde (qu’il aurait fallu convoquer cette fois-ci,
largement et unitairement, à proximité de Davos). Il
dépend aussi de sa capacité à ouvrir une
discussion publique, non seulement sur le monde que nous rejetons, mais
aussi sur les alternatives que nous préconisons. Ceci est
d’autant plus urgent aujourd’hui, que le capitalisme
s’enfonce dans une crise sans précédent depuis les
années 30. Nous devons donc être à
l’initiative de propositions de rupture avec ce système et
de lutte collective, à l’adresse de l’ensemble du
mouvement… en refusant tout repli des anticapitalistes sur des
postures autoproclamatoires et des manifestations en vase clos.

Coordination de solidaritéS – Genève

19 janvier 2009