Droits fondamentaux et mondialisation

Droits fondamentaux et mondialisation

L’été dernier, après les événements de
Gênes, des juristes ont lancé l’idée de
créer une commission internationale
d’enquête sur la répression des mouvements
qui luttent contre la mondialisation
néo-libérale. Après les événements
du 11 septembre, et ses retombées en
termes d’attaques tous azimuts contre
les libertés fondamentales au nom de la
lutte « anti-terroriste », ce projet a pris
une portée et une importance encore
plus claires.

Dans l’appel lancé, fin octobre dernier, pour la constitution
de cette commission internationale d’enquête,
on peut lire ce qui suit : « Parmi les droits fondamentaux
de la personne humaine se trouvent la liberté
d’expression, la liberté de manifestation, la liberté
d’aller et venir et ces droits, ainsi que d’autres, sont
en danger aujourd’hui. En effet, la globalisation se fait
au travers d’un certain nombre de valeurs liées à la
recherche du profit et pas au développement des
droits des citoyens : un état des lieux des libertés fondamentales
à l’heure de la mondialisation est à faire.
(…) De plus, en même temps que c’est la répression
qui répond aux manifestants pacifiques, les droits des
citoyens sont aussi remis en cause par une doctrine  »
ultra-sécuritaire « imposée au nom de la  » lutte anti-terroriste
« .

La constitution de cette « commission internationale
d’enquête pour la sauvegarde des droits fondamentaux
dans la mondialisation » a été annoncée publiquement,
à Genève, le samedi 8 décembre dernier.

La mère de Carlo Giuliani, le jeune manifestant tué à
Gênes par la police, était présente pour apporter son
soutien à cette initiative, non seulement dans le but
que les vraies responsabilités quant au meurtre de
son fils soient établies, mais aussi dans l’espoir de
contribuer à ce que de tels drames ne se reproduisent
pas. (Malheureusement, à ce sujet le pessimisme est
de rigueur…).

Après divers exposés d’avocat-e-s de plusieurs pays
européens (Suisse, Italie, Allemagne, France,
Belgique) qui ont porté notamment sur les législations
actuellement en cours d’adoption tant sur le plan de la
communauté européenne que de plusieurs pays européens, les débats ont porté sur l’organisation du travail de cette commission. Dans ce but, quatre groupe
de travail ont été formés, qui travailleront chacun sur
un thème spécifique, à savoir: les événements de
Gênes (en général), les circonstances et les responsabilités du meurtre de Carlo Giuliani, la répression de
mouvements anti-mondialisation et en particulier l’adoption de législations répressives, la proposition
d’une « Charte des libertés et des droits » dans le processus de globalisation.

Plusieurs associations genevoises étaient représentées lors de la réunion du 8 décembre, et ont manifesté leur intérêt pour cette initiative. Dans le débat,
plusieurs questions ont été soulevées par des militant-e-s présent-e-s dans le public, parmi lesquelles la
nécessité, au-delà d’un travail ponctuel, d’envisager la
création d’une structure permanente sur la question
de la défense des droits et des libertés , et les liens à
établir entre les juristes d’une part, et les milieux militants, associatifs, politiques d’autre part.

Les prochaines échéances que s’est fixé la
Commission seront une conférence de presse vraisemblablement à Paris en février 2002, et une séance de travail publique à Gênes en mars 2002.

Nous aurons l’occasion de revenir sur ce thème dans les mois à venir.

Anne-Marie Barone