Contre l’escroquerie du deuxième pilier: un référendum nécessaire!

Contre l’escroquerie du deuxième pilier: un référendum nécessaire!

Ce vendredi 19 décembre, les Chambres fédérales
procéderont au vote final sur  la baisse du «taux de
conversion» du IIe pilier. Celui-ci est – comme chacun a pu
le lire dans la presse – le pourcentage qui sert à calculer le
montant de la rente annuelle versée pour un capital
accumulé par un-e salarié-e (son «avoir de
vieillesse») au moment de la retraite. Ce taux est
aujourd’hui fixé dans la loi à 7,1%, cela signifie
que la rente annuelle pour un capital de 100 000 francs est
égale à 7100 francs. Or la révision de la loi
votée par le parlement fédéral prévoit de
faire passer ce taux à 6,4 % seulement, ceci en cinq ans –
par paliers de début 2010 à fin 2014 –, soit une
baisse d’environ 10%, qui se traduira par une réduction du
même ordre des rentes du IIe pilier des travailleurs-euses qui
ont cotisé à celui-ci, ceci dès le 1er janvier
2015.

Au Conseil des Etats, jeudi dernier, cette mesure –
présentée comme une fatalité inéluctable
pour des raisons techniques et économiques –est
passée à l’unanimité, sans opposition
aucune, seuls trois sénateurs-trices s’étant
«courageusement» abstenus. Il ne s’est donc pas
trouvé une voix de «gauche», provenant des fauteuils
du PS ou des Verts, pour oser dire NON! Ainsi, cette disposition
antisociale devra être combattue par un référendum
populaire fédéral…

Dans la perspective de cette bataille nécessaire, il faut
rappeler que cette dernière mesure s’inscrit dans une
série de décisions successives, baisses du taux minimal
de rendement dont la dernière, toute récente, est 2,7%
à 2%, introduction par ordonnance de l’exigence de
réserves supplémentaires dites de «fluctuation de
valeurs», pour les caisses de pension, etc. Sans parler de la
non-compensation du renchérissement pour de très nombreux
retraité-e-s. Ainsi, sur cette base, des salarié-e-s en
arriveront à une baisse de l’ordre du tiers des rentes
auxquelles ils pensaient avoir droit! Sans parler de la poursuite sur
cette lancée qui s’annonce…

En effet, aujourd’hui, avec la crise économique et
financière aigue que connaît le système
capitaliste, la logique des milieux dominants est implacable. Il faut
– selon ceux-ci – ouvrir largement les vannes du
crédit public aux banques et aux actionnaires, en leur offrant
des milliards, et reprendre tout ce qu’on peut aux
salarié-e-s, aux retraité-e-s, aux jeunes en
formation… bref à la majorité de la population.
Pour les premiers, il s’agit de leur permettre de continuer le
plus longtemps possible leurs «jeux de l’avion»
capitalistes, dont l’issue est connue… une nouvelle crise
économique et financière, et une poursuite aveugle de la
destruction de l’environnement, des guerres, etc. Pour les
autres, pour nous tous et toutes, il faudrait qu’on se serre la
ceinture, d’un, deux, de nombreux crans… La machine à
renforcer les inégalités tourne à plein
régime.

Au Conseil des Etats l’autre jour, Pascal Couchepin a eu le
mérite de la franchise, parlant de cette baisse du taux de
conversion il a déclaré: «Il est regrettable que
ça ne permette pas de remplir le mandat constitionnel pour
toutes les catégories d’assurés. Mais
l’alternative c’est quoi?» …et de
prétendre démontrer qu’il n’y en a aucune
«avec les règles en vigueur», sauf à
«ruiner les caisses» et à ne pas leur permettre de
tenir leurs engagements.

Le problème, c’est précisément que ces
«règles en vigueur» doivent être
changées et qu’il faut construire une alternative face au
modèle de plus en plus discrédité des «trois
piliers». Une alternative qui fasse primer la solidarité
sociale sur l’individualisation néolibérale de la
prévoyance vieillesse, qui refuse l’augmentation
agendée par les néolibéraux de l’âge
de la retraite et qui garantisse des rentes décentes à
tous les retraités et retraitées.

Nous avons publié, dans les numéros 135 et 136 de
solidaritéS, sous la plume de Michel Ducommun, une proposition
allant dans ce sens. Elle comportait la fusion de l’AVS et du
deuxième pilier, selon un modèle qui peut être
décrit come un système de répartition avec un
fonds de réserve pour utiliser la fortune existante du
deuxième pilier. Proposition à débattre et
à affiner. Nous aurons l’occasion d’y revenir
dès janvier, dans le cadre de la campagne
référendaire. En effet, l’élaboration et le
débat sur un projet alternatif est non seulement indispensable
pour l’avenir, mais c’est une nécessité de
l’heure, si nous voulons gagner la bataille
référendaire, au final, dans les urnes…

Pour revenir à celle-ci, quelle est la situation? Le Parti
suisse du Travail a joué l’effet d’annonce en
«déclarant officiellement le lancement du
référendum» le 11 décembre et en
«appelant le peuple suisse à résister», selon
les termes de son communiqué. Mais, bien entendu,
l’essentiel n’est pas une annonce de lancement partisane,
mais la constitution effective d’un front social le plus large
possible, à même de mener cette bataille à
l’échelle nationale. A commencer par la récolte et
la validation de bien plus de 50 000 signatures
d’électeurs-trices.

C’est ce qu’ont compris et voté les
délégué-e-s d’Unia, samedi dernier, lors de
leur assemblée nationale, en mandatant le Comité central
de leur syndicat, pour qu’il «cherche à former une
large coalition pour lancer le référendum», en
affirmant– à juste titre – que «les
travailleurs n’ont pas à payer les erreurs et les prises
de risque des spéculateurs». Réuni lundi 17
janvier, le comité central d’Unia «s’est
clairement prononcé en faveur du lancement d’un
référendum», en dénonçant au passage
les exigences récentes – et indécentes – du
Conseil fédéral qui réduisait cet automne, par
ordonnance, la part de placements que les caisses du IIe pilier peuvent
effectuer dans l’immobilier – et donc notamment dans le
logement – tout en augmentant la part qui peut être
dévolue aux «hedge funds» ! Unia appellait enfin
«toutes les forces politiques et sociales du pays à se
joindre au référendum contre la réduction des
rentes LPP.»

Pour ce qui est de solidaritéS – avec vous – nous
nous engagerons sérieusement dans cette campagne, nous y
prendrons notre place et nous ferons notre part! Les lecteurs-trices
intéressés à recevoir des listes
référendaires, dès qu’elles seront
disponibles, et à participer avec nous à cet effort
– comme au débat nécessaire sur les questions
qu’il soulève – peuvent d’ores prendre
contact. Par mail à info@solidarites.ch ou par téléphone au 022 740 07 40.

Pierre Vanek