Mort de la chanteuse Miriam Makeba

Mort de la chanteuse Miriam Makeba
Un symbole de la lutte contre l’apartheid

La chanteuse sud-africaine, âgée de 76 ans, a
succombé à un infarctus, alors qu’elle participait
à un concert contre la Camorra et contre le racisme à
Castelvolturno en Italie.

Elle était devenue mondialement célèbre avec
«Pata Pata», la première chanson africaine à
succès dans les hit-parade de la musique pop.

La grande chanteuse sud-africaine Miriam Makeba, âgée de
76 ans, est décédée en raison d’un infarctus
lors d’un concert à Castalvolturno, localité
où 6 immigrants africains ont été
assassinés en septembre dernier par la mafia napolitaine
(Camorra). Ce concert visait aussi à soutenir
l’écrivain Robert Saviano (auteur de
«Gomorra»), condamné à mort par la Camorra
pour ses courageuses dénonciations.

Symbole de la lutte contre l’«apartheid» des racistes
blancs sud-africains, Miriam Makeba avait chanté sa
célèbre chanson «Pata Pata» et saluait le
public, lorsque qu’elle s’est sentie mal et qu’elle
fut transportée d’urgence dans une clinique, où
malheureusement tous les soins furent inutiles.

Une artiste contre l’apartheid

Le gouvernement ségrégationniste de la minorité
blanche sud-africaine la contraignit à s’exiler en 1963 et
interdit tous ses disques. Miriam Makeba acquit une renommée
mondiale en raison de sa lutte contre l’apartheid et ne revit
plus son pays durant trente ans. C’est en 1990 que le
président Nelson Mandela la convainquit de revenir sur sa terre
natale.

Egalement auteure de deux autres chansons célèbres,
«The click song» et «Malaika», Miriam Makeba
vécut en Europe, puis aux Etats-Unis, où elle se maria en
1968 avec Stokely Carmichael, l’un des fondateurs du mouvement
des Black Panthers aux USA. Ce mariage entraîna de nouvelles
persécutions, qui compliquèrent sa carrière
professionnelle.

Miriam Makeba se rendit, en 1973, en Guinée avec son mari et, en
1985, après la mort de sa fille Bonji, elle revint vivre en
Europe. Il y a trois ans, elle décida de quitter la
scène, après avoir fait une tournée d’adieux
mémorables. Mais malgré son état de santé,
elle accepta de chanter à Castelnuovo (province de Caserte) en
hommage aux immigrés assassinés et pour soutenir
l’écrivain Roberto Saviano.

Miriam Makeba fut amenée sur la scène en chaise roulante,
accompagnée par une de ses nièces et par une assistante,
parce qu’elle avait la fièvre. Bien qu’affaiblie,
elle voulut accomplir son spectacle. Avec effort, elle chanta trois
chansons, les mains jointes.

Après avoir conclu «Pata Pata», applaudie par le
public – dont beaucoup étaient des immigrés
africains de la région – elle ferma les yeux et perdit
connaissance, pour ne plus se réveiller, applaudie et
ovationnée par les spectateurs. La nouvelle de sa mort a
bouleversé l’Italie, mais bien davantage encore les
Sud-Africains qui perdent l’une des grandes protagonistes de la
lutte pour l’indépendance et pour la libération de
la majorité noire.

Julio Algañaraz 
 Correspondant à Rome pour
Clarin, Buenos Aires, 10.11.2008
www.clarin.com (Notre traduction)