Orientation scolaire et professionnelle: prochains candidats à la privatisation?

Orientation scolaire et professionnelle: prochains candidats à la privatisation?

Le Conseil d’Etat soumet au Grand Conseil un projet de loi sur
l’orientation scolaire et professionnelle. Ce service s’est
réduit à la vitesse des coupes dans le personnel de
l’Etat. Il correspond actuellement à 40 postes et ce
personnel offre des prestations principalement aux jeunes en fin de
scolarité, mais également aux adolescents-e-s qui se sont
engagés dans une impasse et qui recherchent une autre voie de
formation. Des adultes font aussi appel à ce service,
qu’ils viennent spontanément ou qu’ils soient
adressés par l’assurance-chômages ou par un autre
service.

Ce projet soulève deux questions qui devront être tranchées par le Grand Conseil:

  • Faut-il (ou non) maintenir la gratuité des prestations comme le prévoyait la loi jusqu’ici?
  • Est-il nécessaire de soumettre l’orientation
    scolaire et professionnelle aux exigences de l’économie ou
    la liberté du choix individuel est-il prioritaire?

Dans le projet de loi qu’il soumet au Grand Conseil, le Conseil
d’Etat renonce au principe d’une gratuité
générale des prestations pour le public, tout en se
réservant de déterminer la liste des prestations payantes.

En introduisant par la petite porte la possibilité de
prestations payantes dans la loi, le Conseil d’Etat
prépare – en douceur – l’«autonomisation» des
services d’orientation aujourd’hui encore publics.

Quant à la deuxième question, il est évident que
le Conseil d’Etat estime que c’est aux besoins de
l’économie qu’il faut s’intéresser pour
orienter utilement les usagers-ères de l’orientation
scolaire et professionnelle. Nous ne contestions pas que
l’orientation doit tenir compte du marché du travail et
encourager les formations offrant de bonnes chances de trouver un
emploi, mais de là à promouvoir la formation dans des
filières répondant à un besoin immédiat des
entreprises, le pas est trop vite fait.

Encourager des formations trop spécialisées et peu
qualifiantes est un piège pour celles-ceux qui s’y
lancent: que deviendront-ils-elles le jour où la technologie les
remplacera? Voilà pourquoi nous restons attachés et
à la gratuité générale de
l’orientation scolaire et professionnelle et à son
indépendance par rapport aux besoins de l’économie.

Henri Vuillomenet