Nouvelle grille salariale dans la fonction publique: la lutte n’est pas terminée

Nouvelle grille salariale dans la fonction publique: la lutte n’est pas terminée

Le Conseil d’Etat vaudois a enfin communiqué aux
employé-e-s de la fonction publique le détail des
bascules vers ce qui devrait être leur nouvelle grille salariale
dès 2009, dite «decfo-sysrem». Des laborant-e-s aux
secrétaires, des concierges aux inspecteurs-trices du service
des autos, des maître-sse-s du secondaire I et II aux
logopédistes et aux gendarmes qui mènent depuis plusieurs
semaines une grève des amendes, le mécontentement est
grand.

Avec cette nouvelle grille salariale, c’est en effet des milliers
de personnes qui voient leur salaire attaqué et leur
qualification dévalorisée. Le caractère arbitraire
de la réforme est particulièrement manifeste: certains
secteurs professionnels bénéficient d’une
revalorisation de leur qualification (en particulier les cadres de
l’administration, les juges cantonaux ou encore les
médecins chefs) quand d’autres subissent des baisses de
salaire importantes sur l’ensemble d’une carrière
(de l’ordre de 50 mille francs pour un-e employé-e de
l’administration avec CFC par exemple ou de l’ordre de 250
mille francs pour un-e enseignant-e du secondaire I). Arbitraire qui
n’est en réalité pas dépourvu d’une
dimension stratégique: il s’agit pour le gouvernement de
faire jouer les revalorisations les unes contre les autres pour diviser
les salarié-e-s afin d’affaiblir la mobilisation. De fait,
il suffit qu’une des trois fédérations syndicales
signe l’accord avec le gouvernement le 30 octobre pour que ce
dernier fasse entrer en fonction la nouvelle grille salariale. Du
côté du SSP et de SUD, aucun risque: les deux syndicats
appellent à une journée de grève et
d’actions sectorielles le 30 octobre, journée qui se
terminera par un rassemblement à 19h30 devant le Château
où se tiendront les négociations.
Cette mobilisation sera très vraisemblablement suivie
d’une seconde journée de grèves le 11 novembre. La
Fédération des sociétés des fonctionnaires
(FSF) quant à elle tient une position plus ambiguë: ayant
signé un protocole d’accord cet été, elle a
viré de bord et rejoint à juste titre la mobilisation,
lorsqu’elle s’est vue trahie par le Conseil d’Etat.
Seule une mobilisation importante le 30 octobre, y compris au sein de
sa propre base où les perdant-e-s sont nombreux-ses,
empêchera sa vieille culture de la paix sociale de prendre le
dessus.

Hadrien Buclin


Une réforme sexiste

S’il est une constante dans cette réforme salariale,
c’est son aspect sexiste. En effet, le nerf de
«decfo-sysrem» consiste en un étalement des
annuités, c’est-à-dire en un ralentissement de la
progression salariale due à l’ancienneté. Du coup,
les femmes, dont la carrière est en moyenne plus courte que
celle des hommes, sont clairement perdantes. Particulièrement
significative est d’ailleurs cette décision du Conseil
d’Etat d’exclure carrément le secteur du nettoyage
de la nouvelle grille salariale, privant ainsi les nettoyeuses –
puisque ce secteur est constitué presque exclusivement de femmes
– de toute progression salariale! Pour lutter contre le travail
précaire, l’ensemble des associations du personnel
réclament d’autre part une hausse du salaire minimum
à 4000 francs, contre 3600 actuellement. 
(hb)