Maputo: 5e Conférence internationale de... LA VIA CAMPESINA

Maputo: 5e Conférence internationale de… LA VIA CAMPESINA

La Via Campesina a organisé du
16 au 23 octobre 2008 sa 5e conférence internationale à
Maputo au Mozambique. Plus de 550 délégué-e-s,
leaders paysans, hommes et femmes de 57 pays étaient
présents, représentant des centaines de millions de
familles paysannes et d’ouvriers-ères agricoles.


La délégation
européenne était composée d‘une cinquantaine
de représentant-e-s de syndicats paysans et de syndicats de
travailleurs-euses agricoles.

La Via Campesina promeut depuis 1996 la souveraineté
alimentaire, concept qui définit le droit des populations de
choisir démocratiquement leur politique agricole sans dumping
vis-à-vis de pays tiers. Ce concept demande notamment:
d’instaurer une priorité pour la production locale,
d’avoir le droit de se protéger d’importations
à trop bas prix, de bénéficier
d’échanges commerciaux justes, d’obtenir des prix
rémunérateurs, d’assurer que les
consommateurs-trices jouissent d’une information transparente et
puissent accéder à des produits de qualité et de
garantir l’accès aux ressources naturelles, aux semences,
ainsi qu’aux crédits pour les paysan-ne-s.

Les produits alimentaires et agricoles ne sont pas une simple marchandise

Pour La Via Campesina, il est urgent de réorienter les
politiques agricoles vers une politique légitime, juste, durable
et solidaire qui maintient l’agriculture sur les territoires,
favorise l’agriculture de proximité, ne fait pas de
dumping sur des marchés tiers (évite les excédents
structurels en gérant les quantités), qui permette une
agriculture rémunératrice pour les familles paysannes et
les travailleurs-euses agricoles, qui soit moins consommatrice
d’énergies fossiles et qui réponde aux attentes des
citoyen-ne-s.

Le dernier rapport global sur l’agriculture du Conseil mondial
des experts en agriculture, mis au point par 400 scientifiques,
adopté par 58 Etats et présenté en avril 2008,
revendique un changement radical en matière de production
agricole, et ce sur toute la planète: l’ancien paradigme
d’une agriculture de type industriel, grande consommatrice
d’énergie et d’intrants chimiques est
désormais caduc. Ce rapport abonde dans le sens de la
souveraineté alimentaire telle que décrite ci-dessus.

La FAO (Organisation de l’ONU pour l’agriculture et
l’alimentation) pour sa part souligne l’ampleur des
dégâts causés par la flambée des prix,
produit de la spéculation sur les denrées alimentaires.
Elle a souligné une nouvelle fois le 16 octobre, à
l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation,
la précarité dans laquelle se trouvent les pays en
développement sur le plan alimentaire. En dépit des
milliards injectés dans le système financier mondial, le
nombre de mal-nourris a augmenté de 75 millions en 2007 pour
s’établir à 923 millions et ce chiffre a encore
augmenté en 2008. Avec seulement 30 milliards de dollars par an,
la relance du secteur agricole, longtemps négligé, des
pays les plus touchés, serait assurée!

Milliards pour la finance et aide alimentaire au plus bas…

Selon le PAM (Programme alimentaire mondial), l’aide alimentaire
internationale est tombée en 2008 à son niveau le plus
bas depuis 40 ans alors même que de plus en plus de pays ont
besoin d’une aide urgente.

Ces différents constats et rapports ont permis aux
déléguées et délégués de la
5e Conférence internationale de La Via Campesina à Maputo
d’affirmer à nouveau leur détermination de lutter
contre la crise et de proposer des solutions aux crises et à la
vie des peuples.

Jeunes et femmes au rendez-vous

Les jeunes de La Via Campesina, réunis les 16 et 17 octobre pour
leur deuxième assemblée mondiale, ont revendiqué,
entre autres, l’accès à la terre et des politiques
de soutien à l’installation et au maintien des jeunes en
milieu rural, ainsi que l’approfondissement et
l’avancée du débat sur les causes des migrations et
la situation de la classe des travailleurs-euses.

Les femmes, présentes les 17 et 18 octobre à leur
troisième assemblée mondiale, se sont principalement
élevées contre la violence dont elles sont la cible:
elles ont exigé leur droit à une vie digne, au respect de
leurs droits sexuels et reproductifs, la mise en œuvre
immédiate de mesures pour éradiquer toutes formes de
violence physique, sexuelle, verbale et psychologique et
l’élimination des pratiques féminicides qui
persistent encore.

Pour la souveraineté alimentaire! Unité et mobilisation des peuples!

La Conférence internationale de La Via Campesina des 19 au 22
octobre s’est terminée sur ce mot d’ordre. La
déclaration finale dénonce l’offensive du
capitalisme dans les campagnes, les crises multiples et le
dépouillement des peuples paysans et indigènes. Elle
dénonce, entre autres, l’expansionnisme économique
agressif, l’impérialisme et le militarisme. Elle
reconnaît le rôle central de la femme dans
l’agriculture d’autosuffisance alimentaire et la relation
spéciale des femmes avec la terre, la vie et les semences, tout
en appelant à vaincre  la violence envers les femmes dans
le mouvement. Les jeunes, hommes et femmes, sont la base pour le futur
et la Conférence s’engage à leur pleine insertion
et participation créative à tous les niveaux des luttes.
La construction d’alliances avec les mouvements et organisations
qui partagent cette vision est l’un des engagements
spécifiques de cette 5e Conférence.

«Nous, participant-e-s de la 5e conférence de La Via
Campesina, nous nous engageons toutes et tous à défendre
l’agriculture paysanne, la dignité et la vie et à
gagner la souveraineté alimentaire. Ainsi sont les paysan-ne-s
du monde et nous refusons de disparaître. Globalisons la lutte !
Globalisons l’espoir !»

Dans notre prochain numéro, nous vous présenterons une
interview des trois délégué-e-s pour Uniterre et
l’autre syndicat (membres de La Via Campesina en Suisse) qui ont
participé à cette 5e conférence internationale
à Maputo au Mozambique.

Vous trouvez les déclarations adoptées et d’autres
infos à propos de cette 5e Conférence sur le site: www.viacampesina.org

Philippe Sauvin, l’autre syndicat