Le salaire minimum fait son chemin dans les cantons

Le salaire minimum fait son chemin dans les cantons

Dans cinq cantons (Vaud,
Neuchâtel, Genève, Tessin, Valais), la lutte pour
l’instauration d’un salaire minimum gagne progressivement
du terrain. Qu’elle ait été initiée par
solidaritéS seul, comme à Genève ou par des
alliances plus larges, ces batailles cantonales jettent des bases pour
une mobilisation nationale indispensable. Ce numéro
spécial de notre journal est l’occasion de faire le point
sur l’avancement des projets dans ces cinq cantons.

Tessin. Le Mouvement
pour le Socialisme tessinois a fait aboutir avec succès la
première initiative pour un salaire minimum cantonal en
septembre 2007. C’était une initiative législative,
dont le texte fixait un montant de 4000 francs brut par mois.
Malgré des risques d’invalidation non négligeables,
pour des raisons juridiques, elle a permis de mener une campagne
politique contre le dumping salarial et la mise en concurrence des
salarié-e-s, thèmes instrumentalisés par la droite
populiste (UDC, Lega). En réaffirmant que l’extension des
droits des travailleurs-euses passe par une lutte commune de tous les
salarié-e-s, quels que soient leur nationalité, leur
statut ou leur lieu de résidence, cette initiative appelle
à une mobilisation unitaire du monde du travail.

Actuellement discutée par le parlement cantonal tessinois, elle
ne devrait pas être soumise au vote avant plusieurs mois, le
délai légal maximal étant de 18 mois. Mais le
gouvernement ne semble pas pressé de la soumettre aux
électeurs-trices…

Hadrien Buclin

Vaud. Dans le Canton
de Vaud, l’initiative pour l’inscription d’un droit
à un salaire minimum garantissant des «conditions de vie
décentes» dans la constitution cantonale a
été déposée le 27 août dernier. Dans
son argumentaire, elle défendait la fixation d’un salaire
minimum de 3500 francs, 13 fois par an (soit 3800 francs sur 12 mois).
Initiée par solidaritéS et le POP, elle a
été soutenue par des syndicats (Comedia, SSP-Lausanne et
environs, SUD, L’autre syndicat) et par ATTAC-Vaud.

Ce texte a bénéficié d’une excellente
réception auprès de la population, ce qui a permis sans
trop de peine à solidaritéS et au POP de récolter
respectivement 6500 et 8200 signatures. En tout, 14 732 signatures ont
été validées par la chancellerie, sur les 16 651
recueillies: 5434 à Lausanne (8.8% du corps électoral),
662 à Renens (8.9%), 464 à Vevey (5.7%) et 743 à
Yverdon (5.4%).

L’écho reçu par cette initiative témoigne de
l’exaspération populaire par rapport aux bas salaires qui
ne permettent plus de vivre et à l’érosion du
pouvoir d’achat. Il est de bon augure pour la future campagne de
votations, qui s’annonce difficile, puisqu’il faudra faire
face à la propagande de la droite et du patronat, qui saura
faire bloc et mobiliser d’importantes ressources
financières pour appeler à voter non.

Hadrien Buclin


Genève.
A Genève, solidaritéS a lancé l’initiative
pour le droit à un salaire minimum le 21 juin, trois mois plus
tard, ce 22 septembre, notre mouvement déposait 12 300
signatures, soit près d’un quart de plus, que le seuil
légal des 10 000 signatures nécessaires. Ces signatures
ont été récoltées en trois mois seulement,
un mois entier de moins que le délai légal. Ceci de
manière entièrement militante, pas d’encarts dans
la presse, pas de tous-ménages, pas de «tables
vides» dans la rue, pas d’effet d’annonce
médiatique… Même pas de carte-réponse dans le
journal de solidaritéS! Ainsi, cette récolte,
représente vraiment un dialogue «sur le terrain»
avec des milliers d’habitant-e-s du canton, sur ce sujet et les
problèmes qu’il soulève…

Et le résutat atteste que l’initiative a «fait un
tabac» à Genève, pour reprendre les termes des
médias. Ce dépôt anticipé est bien sûr
une «performance» remarquable attestant de la
capacité militante de solidaritéS, mais aussi et surtout
du très bon accueil reçu de la part de nos
concitoyen-ne-s et de tous les salarié-e-s interpellés
sur le terrain cet été.

Les signatures seront validées par le service des votations dans
un délai de l’ordre de deux à quatre semaines et le
Conseil d’Etat constatera l’aboutissement de
l’initiative, qui doit être mise à l’ordre du
jour du parlement dans les trois mois… C’est au plus tard 18
mois après le l’aboutissement de l’initiative, que
le parlement devra se prononcer, pour qu’ensuite
l’initiative soit soumise au vote populaire.

Pierre Vanek


Valais
. En Valais, c’est la Gauche alternative
valaisanne (GAV) qui est à l’initiative. Elle vient tout
juste d’engager la bataille pour un salaire minimum légal
de 3500 francs brut 13 fois par an. A noter que l’initiative
valaisanne fixe aussi des conditions précises pour les salaires
des apprenti-e-s, en pourcentage du salaire minimum, pourcentage qui
croît en fonction du nombre d’années
d’apprentissage. La Gauche alternative valaisanne a fait le choix
de ne pas s’engager dans la campagne pour les élections
communales qui actuellement bat son plein en Valais, afin de se
consacrer la tlotalité de ses forces dans la récolte de
signatures pour cette initiative.

Hadrien Buclin

Neuchâtel.
Pour assurer aux salarié-e-s vivant dans le canton de
Neuchâtel le droit à un salaire minimum,
solidaritéS a déposé un projet de décret au
Parlement portant modification à la constitution cantonale. La
commission législative (majoritairement «à
gauche») se prononcera sur l’entrée en
matière sur celui-ci le 28 novembre prochain.

Le parlement en débattra dans un deuxième temps. Si la
proposition est acceptée, elle sera soumise au peuple (un vote
obligatoire, puisqu’il s’agit d’une modification de
la constitution). Si les opposant-e-s devaient l’emporter, il
resterait la possibilité de lancer une initiative cantonale. En
cas d’acceptation de cette modification de la constitution par le
corps électoral, une loi d’application devrait encore
être élaborée.

Marianne Ebel