Mai 68 et après: rétrospective en chansons

Mai 68 et après: rétrospective en chansons

Les œuvres de Dominique Grange,
chanteuse de Mai 1968 et des années 1970 – «Chacun de vous
est concerné», «La pègre»,
«Grève illimitée», «Les nouveaux
partisans», etc. – refont surface chez Casterman.
1

Son militantisme à la Gauche Prolétarienne (GP) est
évoqué par deux chansons: «Les nouveaux
partisans» (hymne de la GP), «Pierrot est
tombé» (hommage à Pierre Overney, militant
maoïste, assassiné le 25 février 1972 par un vigile
de la Régie Renault).

«Malgré mon peu d’appétit pour les
commémorations, j’ai décidé
d’enregistrer ces quelques chansons qui, de l’insurrection
de la Commune de Paris, en 1871, au mouvement social sans
précédent de Mai 1968, des “années de
poudre”chez nous aux “années de plomb”en
Italie, des prisons françaises aux geôles berlusconiennes,
de la résistance des “piqueteros” argentins à
celle du peuple Mapuche au Chili, balaient plus d’un
siècle de lutte et d’insurrections, et invitent à
feuilleter, page après page, l’album de notre
mémoire collective» (Dominique Grange).

Illustrée par Jacques Tardi2, cette compilation est préfacée par Alain Badiou, qui en d’autres temps critiquait la ligne de la GP.3
Mais aujourd’hui l’auteur de «De quoi Sarkozy est-il
le nom?» apprécie le talent d’une chanteuse militante4, qui n’a pas succombé à la mode inesthétique de la veste retournée…


Hans-Peter Renk


1    1968-2008: n’effacez pas nos traces /
chansons: Dominique Grange; mise en images: Tardi; préface
d’Alain Badiou. Paris, Casterman, 2008. 1 coffret (CD + BD)
2    Auteur notamment des «Aventures
extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec» et de «Le
Cri du Peuple» (sur la Commune de Paris).
3    Groupe pour la fondation de l’Union des
Communistes français (marxiste-léniniste), A propos du
meurtre de Pierre Overney. Renault-Billancourt: quelques
problèmes fondamentaux du prolétariat
révolutionnaire. Paris, F. Maspero, 1972.
4    Blog de Dominique Grange:
www.myspace.com/dominiquegrange

Pour comprendre la Bolivie

Alors que la Bolivie connaît une situation politique tendue, les Editions Raisons d’Agir publient une étude1 sur ce pays andin, rédigée par Hervé Do Alto, correspondant de la revue «Inprecor»2, et Pablo Stefanon, correspondant du quotidien argentin «Clarín».

Avant d’être écartelé par les colonisateurs
espagnols, pour avoir dirigé l’insurrection indienne du
Haut-Pérou (l’actuelle Bolivie) en 1780-1871, Julian Apaza
– de son nom indien, Túpac Katari (ca 1750-1781) – avait
lancé à la face de ses bourreaux: «Je reviendrai et
nous serons des millions».

Après des décennies d’une indépendance
confisquée par les oligarchies créoles, les
dernières paroles de Túpac Katari se sont
concrétisées par la victoire électorale
(décembre 2005) d’Evo Morales, dirigeant du mouvement
«cocalero».

«Le candidat du Mouvement vers le Socialisme (MAS) devient le
premier dirigeant indigène d’un pays où les
fractures ethniques redoublent les divisions de classe. Son programme,
qui ambitionne de rompre simultanément avec
l’héritage colonial et le néo-libéralisme,
traduit sur le plan électoral les conquêtes des mouvements
sociaux.»3 Mais cette victoire n’aurait pas
été possible sans des résistances populaires comme
la «guerre de l’eau» en avril 2000 et la
«guerre du gaz» en octobre 2003, contre les logiques de
privatisation.

«A n’en point douter», estiment les deux auteurs,
«les mouvements sociaux joueront à nouveau un rôle
capital dans la consolidation et l’approfondissement du processus
de transformation en cours. Un processus à l’issue encore
incertaine, mais qui a d’ores et déjà
légué un acquis précieux: quoi qu’il
advienne, la Bolivie ne sera plus jamais la même.»

Hans-Peter Renk


1    Hervé Do Alto & Pablo Stefanoni,
Nous serons des millions: Evo Morales et la gauche au pouvoir en
Bolivie. Paris, Ed. Raisons d’Agir, 2008
2    Articles disponibles sur le site: www.inprecor.org
3    Résumé des Editions Raison d’Agir.