A propos du débat politique: réponse aux Verts

A propos du débat politique


Dans le bulletin d’octobre des Verts, et sous la plume de Patrice Mugny, l’éditorial est
consacré aux résultats des élections au Grand Conseil. A défaut de procéder à une analyse
des raisons de la perte de la majorité par les partis de l’Alternative, l’auteur consacre près de
la moitié de l’article à une diatribe contre solidaritéS.


Bernard Clerc


Nous reproduisons ci-contre l’entier
de cet éditorial afin que les lecteurs se
forgent une opinion. C’est donc une
personne, militante de solidaritéS,
«avec laquelle il est encore possible
de discuter» qui tient ici à cadrer le
débat et à préciser un certain nombre
de faits.


Patrice Mugny nous reproche de
«débiner systématiquement et avec
virulence» les Socialistes et les Verts,
de considérer tout désaccord comme
une «trahison», de faire preuve
«d’autisme idéologique et de psychorigidité» et enfin de procéder à «des
vitupérations systématiques, ce fiel
déversé en continu». Que voilà un
condensé d’amabilités qui font suite,
il est vrai, à une interview de Patrice
Mugny en 1999 déclarant que son
choix d’adhérer au parti Vert était, entre
autre, guidé par le fait «qu’une aile
doctrinaire, un peu stalinienne» le rebutait.
A l’époque, j’avais particulièrement
apprécié en me remémorant
les combats menés contre le capitalisme
d’Etat des pays prétendument
socialistes.


Qu’est-ce qui fait réagir Patrice Mugny
de pareille manière? J’ai pris le
temps de relire les articles critiquant
les Socialistes et les Verts sur tel ou
tel aspect de la politique cantonale ou
fédérale. En deux ans, sur plus de quarante
numéros de solidaritéS, qui
comportent chacun une dizaine d’articles,
quinze articles critiquent les positions
de l’un ou l’autre de ces partis.
On est bien loin de la «débine systématique». A noter qu’à aucun moment
il n’est utilisé le mot de «trahison» comme l’interprète l’auteur.
Voilà pour les faits.


Mais au-delà se pose la question du
débat politique et comment le mener.
Mon ami Patrice devrait s’interroger
sur le fait, là encore, qu’il existe trois
composantes de l’Alternative. S’il en
est ainsi c’est bien que des visions du
monde et des analyses politiques diffèrent.
Si cela n’était pas le cas il n’y
aurait qu’un seul parti. Dans un tel cas
de figure que convient-il de faire?
Taire les divergences? Ne pas mettre
sur la place publique les contradictions
qui nous séparent? Ce n’est pas
ainsi que nous concevons un débat politique
démocratique qui devrait permettre
aux citoyennes et aux citoyens
de se forger une opinion. Lors du débat
sur le paquet ficelé, les Socialistes
et les Verts ont fait un choix politique,
l’Alliance de gauche, et solidaritéS en
particulier, en ont fait un autre.
Aurait-il fallu minimiser les divergences?
A l’époque Patrice Mugny a soutenu
notre position, il est vrai qu’il
n’était pas encore membre des Verts.


Je pense qu’il est sain de débattre
des divergences qui nous séparent. La
forme de la critique peut toujours être
discutée. Personnellement je suis contre
la forme polémique qui, généralement,
entretient des rapports subjectifs
impropres à mettre à plat les contradictions.
Mais je reste convaincu de
la nécessité de débattre des divergences
et pas seulement dans les cercles
restreints des élus-es et des commissions
parlementaires. Les comptes
rendus des séances du Grand Conseil
se contentent le plus souvent de rapporter,
et encore, (!) les votes des différents
groupes, sans mentionner les
positions politiques qui sous-tendent
ces votes. C’est ce que nous tentons
de faire et je souhaite que les Verts et
les Socialistes en fassent de même.
Car c’est de la confrontation d’idées
que peut naître des convergences et
non pas de leur occultation.




EDITORIAL


Joie et tristesse


Les récentes élections ont provoqué
chez nombre d’entre nous un mélange
de sentiments. Le premier fut bien
entendu la joie. Les Verts ont gagné
un siège, ils ont même failli en remporter
un second. Mais parallèlement,
l’UDC a obtenu dix sièges et l’Alternative
a perdu la majorité au Grand
Conseil.


Pour nous, ce résultat a plusieurs
mérites. Il donne la preuve que notre
électorat n’est pas volatile. Nous ne
sommes pas élus par des mécontents
capables de rallier d’autres camps, en
particulier l’extrême droite. Et nous
progressons. Ce qui atteste que notre
vision du monde et des changements
à y apporter convainc un nombre
croissant de citoyens. Ce qui démontre
aussi que les Verts marchent sur
leurs deux jambes en défendant l’environnement
et la dignité des êtres humains.
Enfin ce résultat confirme également
que notre originalité et notre indépendance
d’esprit sont reconnues.


Cela dit, il sera certainement difficile,
après avoir goûté à la majorité, de retrouver
le rôle de minoritaire. Il est en
effet plus que probable que la droite
pactisera en général comme elle l’a
fait dans tous les cantons et au
Parlement fédéral, avec l’UDC.


Ce qui nous amène à parler de l’Alternative.
Nous n’avons pas l’habitude
d’user de ces pages pour casser du
sucre sur le dos de nos alliés. Mais
nous ne pouvons nous empêcher de
regretter que certains dirigeants de
solidaritéS – je dis bien certains –
croient que le meilleur moyen de se
faire remaquer est de débiner systématiquement
et avec virulance les socialistes
et les Verts. Le moindre désacord
avec eux est considéré comme
une trahison. Leur autisme idéologique
et leur psycho-rigidité constitent
par moment de vrais handicaps à des
combats unitaires. Par ailleurs, ces vitupérations
systématiques, ce fiel
déversé en continu induisent chez plusieurs
élus de notre parti un écoeurement
croissant qui ne facilitera pas le
dialogue avec ces gens-là. Mais nous
savons qu’il existe aussi dans leurs
rangs des personnes avec lesquelles
il est encore possible de discuter.
Malheureusement, certains parmis les
plus ouverts ont renoncé à se représenter.


Pour nous, ce qui va importer dans les
semaines à venir, c’est l’élection de
notre magistrat Robert Cramer et
d’obtenir, pourquoi pas, une majorité
de l’Alternative au gouvernement.
Nous attendons donc des membres
du parti un bel effort. Il faut convaicre
un maximum de citoyens. Mais nous
avons la chance d’avoir un candidat
qui est facile à défendre.


Rendez-vous le 11 novembre


PATRICE MUGNY