CFF Cargo: Bilan « à chaud » d’une première grande victoire

CFF Cargo: Bilan « à chaud » d’une première grande victoire

C’est une première grande
victoire obtenue par les travailleuses et travailleurs des Ateliers
mécaniques (Officine) de Bellinzone , après plus
d’un mois de grève. Le retrait des projets adoptés
par le conseil d’administration des CFF le 6 mars dernier,
l’engagement, dans le cadre de la «table ronde»,
à discuter de mesures pour renforcer et sauvegarder tant la
structure des Officineque les postes de travail représentent
deux des points fondamentaux mis en avant par les travailleurs-euses en
lutte ces semaines passées.*

La lutte des travailleurs des Officine ne s’arrête
naturellement pas là. Ils-elles savent combien délicate
et difficile est la phase dans laquelle le conflit entre maintenant.

La table ronde peut certainement être une occasion pour
consolider définitivement cette première victoire et
poser les bases pour continuer et développer
l’expérience industrielle et publique des Officine. Mais
les travailleurs-euses savent qu’une telle table ronde est un
lieu où leur poids, leurs raisons (aussi excellentes et
«rationnelles» qu’elles soient) comptent bien moins
que dans le cadre d’un conflit leur permettant de faire pression,
au moyen de la grève.

Certes, la longue durée de la grève, la résistance
exceptionnelle manifestée durant tout ce mois, la vague de
solidarité qui s’est manifestée dans le canton (et
aussi dans le reste du pays) continueront à avoir du poids au
cours des prochaines semaines et, donc, à influencer le
déroulement des travaux de la table ronde. Il serait malvenu qui
chercherait à faire semblant qu’il ne s’est rien
passé à revenir avec des positions auxquelles ils ont
dû renoncer.

Mais, pour garantir la victoire, il faut au moins trois conditions:

1 La
première consiste à continuer à faire sentir le
poids des travailleurs, de leur force, de leur détermination. Il
est ainsi important que les travailleurs-euses des Officine restent
mobilisés, qu’ils continuent à se réunir,
à discuter, à évaluer la situation. Et à
affronter aussi les thèmes de fond qui ont émergé
à l’occasion de cette grève et auxquels ils se sont
confrontés: de celui du rôle du service public à
celui des syndicats, de celui de la politique institutionnelle à
celui de la solidarité ouvrière.

2 Le
deuxième élément important, qui pourra être
réalisé ces jours déjà, consiste à
mener à bien la récolte des signatures à
l’appui de l’initiative populaire: «Bas
les pattes des Officines: pour la création d’un pôle
technologico-industriel du secteur des transports publics»
.

L’initiative a déjà largement dépassé
le nombre de signatures assurant son aboutissement légal, mais
son dépôt avec un nombre encore bien plus important de
signatures peut, de façon significative,
«accompagner» les discussions de la table ronde et
représenter un élément supplémentaire de
pression de la part des travailleurs-euses.

3 Le
troisième et dernier élément, pour part lié
au premier, est la nécessité  que les discussions
politiques à la table ronde – au-delà des aspects
strictement techniques –  soient conduites au grand jour, selon un
principe de transparence envers tous les travailleurs-euses et envers
ces milliers de citoyen-ne-s qui, ces dernières semaines, ont
participé à la mobilisation de soutien aux
Officine. 

C’est nécessaire parce que les Officine, grâce
à cette grande mobilisation, sont devenus un «bien
commun» au-delà du fait que l’Etat en soit
propriétaire. Ces ateliers ont vu cette propriété
étatique être, d’une certaine manière
«socialisée».

Les Officine sont en effet devenus un patrimoine collectif, symbole des
aspirations de la population, qui veut être prise en compte,
peser et décider de l’avenir de la société
et du destin des hommes et des femmes.

C’est une expérience précieuse, nouvelle et
d’une grande portée politique. Faisons tout afin que ce
sentiment se perpétue.

05.04.2008



* Ce premier bilan «à
chaud» de la grève de CFF Cargo a été
publié , sur leur site Internet, par le Mouvement pour le
socialisme (MPS) du Tessin (membre de la Gauche anticapitaliste)


Soutiens et solidarité…

Un comité de soutien aux grévistes de Cargo CFF à
Bellinzone, s’est constitué à Genève, comme
dans d’autres endroits du pays.

Sur le papier il a fait le plein de toute la gauche politique et
syndicale. Sur le terrain, il a inité un rassemblement de
soutien devant la Gare de Cornavin, auquel ont participé
près d’une centaine de personnes, mais aussi
organisé une soirée de solidarité avec la
présence de deux représentant-e-s du Comité de
grève, venus présenter leur lutte, leurs objectifs, leur
expérience et en débattre avec nous…

Un «souper populaire de solidarité» a
été organisé au Café Gervaise, a permis de
réunir, avec d’autres collectes, plusieurs  milliers
de francs pour le fond de grève… et de faire signer de
nombreux «Appels de solidarité».

Au moment de l’arrêt de la grève nous avions
lancé un stand/piquet quotidien et permanent à la Gare.

Conscient du fait que la lutte se poursuit le Comité à
décidé de rester en éveil, prêt à
répondre à toute alerte et – peut-être surtout –
d’organiser une Assemblée ouverte le vendredi 25 avril,
pour débattre des enjeux de ce combat, de ses perspectives et de
la meilleure manière de l’appuyer…

A l’initiative de notre camarade Rémy Pagani, la Ville de
Genève, par son exécutif, s’est également
déclarée solidaire avec le personnel des Officine.
Evoquant même dans son communiqué officiel le «ras-le-bol des privatisations, des licenciements, des délocalisations et des baisses des salaires.»

Belles paroles, mais cette solidarité n’a pas
été jusqu’ à contribuer au fonds de
grève la modeste somme de 10 000 francs qui était
proposée… Dommage, les discours c’est bien, les actes,
c’est mieux!  

Pierre Vanek