Crise du logement: s’unir pour en sortir !
Crise du logement: sunir pour en sortir !
Le mouvement des «mal-logés», constitué en
octobre 2007, sest réuni pour sa 5ème
assemblée du 29 février au 2 mars derniers. Les
thèmes traités ont été un état des
lieux de la situation genevoise, la détresse des gens qui ne
trouvent pas de toit, les menaces qui pèsent sur celles et ceux
qui en ont un, les causes de cette crise et les propositions pour en
sortir…
Durant ces 3 jours, près de 300 personnes ont participé
à cette assemblée, notamment en apportant de
précieux et nombreux témoignages.
Le travail a porté sur lélaboration de solutions
concrètes à long terme, mais aussi sur lurgence du
court et moyen terme. Une proposition, parmi beaucoup dautres,
est de mettre à disposition des logements plus simples et moins
chers que le standard actuel, à cet égard, les anciens
immeubles du centre-ville non rénovés constituent une
ressource essentielle et en danger, tant pour les habitant-e-s actuels
que les personnes en recherche. Les propriétaires, publics en
particulier, devraient être encouragés à
neffectuer que les travaux nécessaires, pour que les
loyers ne prennent pas lascenseur. Pour des immeubles en plus
mauvais état, seul le gros des travaux pourrait être faits
les finitions et aménagements étant laissés aux
locataires. Idéalement, ces immeubles seraient pris en charge
par des collectifs.
En revanche, lopposition au projet de logement
«simple», pensé par le conseiller dEtat
Muller est totale. En effet, son idée sapproche plus de
la cage à lapin, construite dans de grands immeubles, que de
lieux de vie agréable.
A plus long terme, des restrictions sur le marché immobilier et
la propriété privée du sol devront être
appliquées, comme le contrôle du prix de la terre, la
contestation possible du loyer en tous temps (actuellement le locataire
na que 30 jours après la signature du bail pour
dénoncer un loyer abusif), lexpropriation au nom de
lintérêt public et le respect de larticle
constitutionnel sur le droit au logement…
A lissue de ce week-end, deux conclusions se sont
imposées, dune part la nécessité de se
réorganiser en comité de quartier, six ont
dailleurs été constitués et, dautre
part, le rappel aux autorités cantonales de leurs
responsabilités, sous la forme dune lettre ouverte,
reproduite ci-dessous, avec un rendez-vous à la clé
début avrils. Affaire à suivre, donc…
«Messieurs les Conseillers d’Etat,
La cinquième Assemblée des Mal-logé-e-s,
réunie sur la Plaine de Plainpalais ce 2 mars 2008, a
décidé dadresser une requête urgente au
Conseil dEtat et à tous les organismes qui assument une
responsabilité par rapport à la crise actuelle du
logement.
L’Assemblée a entendu de nombreux témoignages accablants:
personnes qui cherchent un logement décent depuis des
années, locataires confrontés à des congés
et des hausses de loyers abusives, habitants expulsés sans
relogement, fins de non-recevoir des régies et des services
publics du logement, etc. Elle a constaté
linadéquation quantitative et qualitative des projets de
construction et durbanisme actuels. Ces projets ne
résoudront pas (voire aggraveront) la crise et la
détérioration des conditions de vie du plus grand nombre.
Il faudra des mesures bien plus énergiques pour desserrer
létau financier dans lequel sont pris les habitant-e-s de
Genève! Enfin, l’Assemblée des Mal-logé-e-s a
remarqué que des dispositions constitutionnelles et
légales supposées remédier aux problèmes
actuels du logement ne sont pas appliquées, ainsi
larticle constitutionnel établissant un droit au logement
dont les dispositions dapplication prévoient notamment la
remise sur le marché de logements laissés vides et des
mesures propres à éviter que des personnes se retrouvent
sans logement suite à une expulsion.
Dans ces conditions et devant lurgence, il nous parait légitime dexiger:
- la reconnaissance, par le Conseil d’Etat,
- de létat durgence en matière de logement;
- un moratoire sur les changements daffectation
- de locaux d’habitation en locaux commerciaux;
- la mise à disposition de terrains
- et la tolérance pour des constructions alternatives;
- un moratoire total sur toutes les expulsions, de locataires
- comme de squatters, tant que la pénurie exclut un relogement décent;
- la réquisition des locaux laissés vides, quelle que
soit leur affectation (commerciale ou locative) et leur remise en
location et la tolérance envers leur éventuelle
occupation par les citoyen-ne-s.
Ces cinq points devront être admis et un calendrier de mise en
oeuvre proposé le 2 avril 2008 au plus tard, faute de quoi
lAssemblée des Mal-logés appellera la population
à les mettre elle-même en pratique. Nous demandons aux
destinataires de cette lettre ouverte de prendre position sur ces
exigences et appelons toutes les personnes concernées à
se rendre au siège du Conseil dEtat pour prendre acte de
sa réponse, le mercredi 2 avril dès 13h00.»
Rhino : Le droit au logement sapplique aussi à la Suisse
Maurice Pier, porte-parole de Rhino, a participé le 12 mars,
à lONU dans le cadre du Conseil des droits humains,
à une conférence sur le thème
«Expériences de terrain: contexte du rapport du rapporteur
spécial sur le droit au logement adéquat – Afrique du
Sud, Espagne, Suisse.»
Parmi les autorités locales invitées, les Conseillers
dEtat Muller et Moutinot, ainsi que le Procureur Zappelli
nont pas jugé bon de se déplacer. La
Confédération était représentée par
quelquun de la mission permanente de la Suisse auprès de
lONU.
Rappelons que, le rapporteur spécial avait lcrit aux
autorités genevoises concernant lévacuation de
RHINO. Globalement, celles-ci prétendent être dans leur
bon droit et navoir commis aucune violation des droits humains.
La Suisse quant à elle, se cache en la matière,
derrière sa structure fédérale pour ne pas
respecter ses obligations. Alors même que la
Confédération a signé les dispositions
internationales relatives aux droits socio-économiques depuis de
longues années, elle ne les fait pas appliquer, notamment au
prétexte que ces dispositions seraient trop ardues à
concrétiser.
Pour le canton de Genève, le droit au logement est inscrit dans
sa Constitution depuis plus de 10 ans, mais il ny a jamais eu de
lois dapplication votées. Genève utilise les
institutions internationales pour son image, celle-ci risque bien de se
ternir encore, si elle ne fait pas le ménage…