Salutations de solidaritéS (Suisse) au 17e Congrès de la LCR

Salutations de solidaritéS (Suisse) au 17e Congrès de la LCR

Nous étions quatre membres de
solidaritéS à assister au 17e Congrès de la LCR
à Paris. On trouvera ci-dessous le message que nous lui avons
adressé, ainsi qu’un bref compte rendu des discussions sur
le travail dans la jeunesse. Notre représentant à Paris a
aussi réalisé une interview d’Olivier Besancenot
sur l’objectif central de ce congrès: l’appel
à créer un nouveau parti anticapitaliste plus large et
mieux implanté (ci-contre). Les 28 et 29 février, nos
lecteurs et lectrices auront enfin l’occasion de débattre
avec Léonce Aguirre, un membre de la direction nationale de la
LCR, à Lausanne et à Genève, lors de deux
cafés politiques (cf. dernière page de ce numéro).

SolidaritéS (Suisse) salue chaleureusement le 17e Congrès
de la LCR, dont les débats font largement écho aux
préoccupations de notre prochain congrès de novembre
2008. En effet, après un quart de siècle de politiques
néolibérales, de dérives autoritaires,
guerrières et impériales des cercles capitalistes
dominants, mais aussi de soumission de l’écrasante
majorité des forces dites de gauche à un tel agenda, il
apparaît plus que jamais nécessaire de construire un
pôle politique anticapitaliste et anti-impérialiste
à l’échelle européenne et au-delà.

De ce point de vue, la constitution de fronts uniques
«antilibéraux», aussi importante soit-elle pour
coaliser de larges forces sur le terrain des luttes sociales ou
politiques contre telle ou telle mesure patronale ou gouvernementale,
ne constitue pas une base suffisante pour la construction d’une
force politique anticapitaliste unifiée. En effet, de telles
convergences à caractère défensif
véhiculent – comment en serait-il autrement? – un
grand nombre d’illusions quant à la possibilité de
mener une autre politique sans rompre avec le capitalisme. Et
lorsqu’elles s’efforcent de donner corps à un projet
politique commun, la logique dominante de celui-ci est le plus souvent
de se poser en «flanc gauche» du social-libéralisme,
comme le fait aujourd’hui l’Arc-en-ciel italien, issu de la
fusion du PRC avec le PdCI, les Verts et la Gauche des DS, qui soutient
le gouvernement Prodi.

A l’opposé, le repli de la gauche anticapitaliste sur de
petites organisations de cadres marxistes révolutionnaires ne
répond pas aux besoins d’orientation et
d’organisation politiques exprimés par des secteurs
croissants des couches populaires et de la jeunesse, qui cherchent
à rompre avec les logiques destructrices du capitalisme. Pour
cela, nous devons nous efforcer de rassembler les forces qui
s’accordent à placer au centre de leur intervention
politique des revendications qui partent des besoins sociaux, mettent
en cause les logiques du capital et appellent à la mobilisation
sociale dans une optique internationaliste. Nous devons en même
temps développer ensemble une propagande large en faveur
d’un projet d’auto-émancipation sociale fondé
sur la propriété et la gestion collectives des grands
moyens de production, de distribution et de crédit, conditions
nécessaires au développement d’une
société socialiste démocratique.

La gauche anticapitaliste européenne, à laquelle la LCR
et solidaritéS appartiennent – aux côtés du
Bloc de gauche portugais, de l’Alliance rouge et verte danoise,
de Respect et du SWP en Grande-Bretagne, etc. – doit être
capable de rassembler les anticapitalistes et les
révolutionnaires dans les mêmes organisations sur la base
d’un projet de rupture avec l’ordre bourgeois: un projet
anticapitaliste, féministe et écologiste, fondé
sur l’auto-­activité des exploités et des
opprimés, femmes et hommes. Entre le repli sectaire et
l’adaptation opportuniste, la voie est étroite. Elle
implique un effort de renouvellement de notre réflexion et de
notre travail politiques, de notre propagande, de nos formes et de nos
pratiques organisationnelles, de nos moyens de communication, etc.,
ainsi qu’un renforcement de nos liens internationaux. Dans ce
sens, les débats du 17e Congrès de la LCR sont utiles
à la gauche anticapitaliste européenne dans son ensemble.

solidaritéS (Suisse),

le 23 janvier 2008


Les jeunes sont la flamme du nouveau parti…

La jeunesse est délaissée par les partis de gauche, le PS
et les directions traditionnelles du mouvement ouvrier politique et
syndical. Elle subit la répression du sarkozisme et du patronat.
Et pourtant, elle ne se laisse pas faire: elle répond. Au
travers des luttes contre le CPE ou la loi Pécresse
(autonomisation des universités), mais aussi des révoltes
des banlieues ou de la vive indignation suite aux résultats
électoraux de 2002 et 2007, elle montre la voie à
suivre…

Mais voilà, malgré son nombre et sa détermination,
elle se retrouve isolée, incapable de se rassembler sur un
projet collectif. La jeunesse agit, se retrouve aux manifs, mais
n’a pas les moyens d’envoyer un message fort et unitaire
aux milieux politiques et, au-delà, à la
société dans son ensemble.

Témoins de cette «radicalisation», les Jeunesses
Communistes Révolutionnaires (JCR) tentent, non sans
difficulté, d’offrir un cadre politique à cette
nouvelle génération désireuse de changer les
choses. Au-delà, la prochaine dissolution de la LCR et
l’apparition d’un nouveau parti anticapitaliste
élargi devraient permettre aux membres de la JCR de se
rapprocher des apprenti-e-s, des jeunes précaires et des
banlieusards, ainsi que de s’implanter de manière plus
conséquente dans les collectifs étudiants.

Pour cela, la JCR et la Ligue ont élaboré un protocole
concernant l’avenir des jeunes au sein du nouveau parti en
construction. Cette motion réclame qu’un secteur jeune
autonome soit mis en place à l’intérieur de ce
parti au niveau national. Ses affiliés seront membres du parti,
même si des sympathisant-e-s y sont aussi associés. Un
journal mensuel, un site internet, ainsi que des tracts faits par et
pour les jeunes seront aussi à l’ordre du jour. Cependant,
son autonomie ne sera sans doute pas comparable à celle dont
dispose aujourd’hui la JCR par rapport à la LCR. En effet,
«les jeunes seront une force motrice de ce mouvement», mais
«ce nouveau parti implique avant tout une fusion des
générations et la définition d’un projet
commun aux différentes générations».

À la veille des 40 ans de Mai 1968, la jeunesse est au
cœur des mobilisations. Peut-être aura-t-elle bientôt
les outils lui permettant de participer à
l’avènement du changement le plus fou: une
révolution pour la démocratie socialiste?

(Guillaume et Pierre)