TPG gratuits: nécessaires, possibles, indispensables !

TPG gratuits: nécessaires, possibles, indispensables !

Le 24 février, les Genevois–es votent sur la question de
la gratuité de leurs transports publics! La campagne en faveur
celle–ci est une bataille aux enjeux sociaux et
écologiques importants, qui mérite un soutien massif.

Il vaut la peine de relever, dans ce sens, qu’outre
solidarités, les communistes et le PdT, l’initiative est
notamment appuyée, officiellement, par les syndicats genevois en
général (CGAS) et plus particulièrement par le
SIT, Comedia et la Société Pédagogique Genevoise
(SPG)… par l’AVIVO aussi, au nom des
retraité–e–s, par les associations
d’étudiant–e–s (CUAE), par des associations de
quartier comme SURVAP… et tout récemment par Greenpeace.

L’arme du chantage

Malgré l’opposition particulièrement choquante du
PS et des Verts, c’est, sur le papier, un front important qui se
prononce pour cette gratuité. Mais encore faudrait–il
qu’il entre réellement en campagne! Notamment en
dénonçant ces menaces, que les autorités –
en l’occurrence le Grand Conseil à majorité de
droite, par rapport auquel le Conseil d’Etat rose–vert
n’a pas jugé utile de se distancer, profèrent de
manière inadmissible et irresponsable dans la brochure de
votation qui sera distribuée prochainement aux
électeurs–trices.

On y annonce froidement vouloir procéder au
démantèlement du réseau TPG et vouloir
«réduire drastiquement le nombre de bus, de trolleybus, de
trams, de trains régionaux en circulation», au cas
où l’initiative passe, ceci sous prétexte du
défaut de recettes qu’elle engendrerait.

Mais, quand il s’agit, de la part des mêmes milieux, de
faire des centaines de millions de francs de cadeaux aux plus riches,
comme par exemple le ferait le nouveau projet de loi fiscale de la
droite genevoise, annoncé à coups de trompette il y a
quelques jours, il n’y a – par contre – pas de
problème, l’intendance suivra! Les auteurs de ce
projet–là ne se sont même pas sentis obligés
d’en chiffrer les conséquences.

Faisons payer les pollueurs, une initiative à signer!

Du côté des initiants, les communistes ont impulsé
à mi–janvier, le lancement d’une deuxième
initiative populaire cantonale, conçue comme
élément central de la campagne de votation en faveur de
la gratuité des TPG.

Cette nouvelle initiative intitulée «Financement des
transports publics: faisons payer les pollueurs!», prévoit
une «taxe d’aviation civile» de 19 Fr. par
décollage de passager à Cointrin, soit une rentrée
de l’ordre d’une centaine de millions de francs par an,
ainsi qu’un deuxième volet augmentant la taxe sur les
véhicules motorisés, en lien avec leurs émissions
de CO2 et de particules fines, qui rapporterait de l’ordre de 45
millions annuellement, selon les estimations des initiants. Ces
recettes nouvelles seraient «destinées au
développement des transports publics et à la diminution
maximale de leurs tarifs.»

solidaritéS appuie ce type de financement et appelle donc
à signer cette initiative! Même si notre mouvement pense
que son lancement, à marche forcée à
mi–janvier, n’était sans doute pas la meilleure
option et que nous ne nous somme pas engagés à un quota
de signatures.

En effet, dans ces conditions de lancement, le front des initiants est
fort réduit, les objections de détail par rapport aux
propositions retenues, voire celles mettant en avant des solutions
alternatives ou complémentaires qui peuvent évidemment
être proposées, peut venir occulter le débat sur de
fond sur la gratuité des TPG comme besoin social et
écologique élémentaire, auquel Genève a
évidemment les moyens, mais surtout se doit, de répondre.

Erreur tactique?

De plus, et peut–être surtout, le lancement de cette
initiative peut accréditer l’idée fausse que
l’initiative initiale «de principe» sur la
gratuité des TPG sur laquelle les citoyen–ne–s se
prononceront le 24 février, n’était «pas
mûre» et avait un défaut rédhibitoire, auquel
on cherche à pallier en dernière minute, celui de ne pas
prévoir le détail du financement.

On apporte ainsi, involontairement, de l’eau au moulin des Verts
et du PS qui appellent au NON lors de la prochaine votation, en
prétextant notamment ce motif spécieux et qui peuvent se
dédouaner en indiquant l’intérêt qu’ils
portent à cette deuxième initiative… sans pour
autant la soutenir au point de s’engager réellement.

Cet aspect est renforcé par l’argumentaire de la
deuxième initiative qui parle de «dégager des
moyens financiers pour les transports publics rendant possible leur
gratuité.» Or nous devons affirmer clairement que la
gratuité est possible et nécessaire aujourd’hui.
Que si l’initiative passait, il y aurait une exigence envers les
autorités de mettre en œuvre cette gratuité en
s’en donnant les moyens! Si on admet implicitement que
l’initiative initiale n’est pas «possible»
aujourd’hui, on dédouane par avance ceux qui refuseront de
la voter ou, le cas échéant, de la mettre en œuvre,
puisqu’à l’impossible… nul n’est
évidemment tenu!

Pierre Vanek