Maison de paille, un incendie providentiel ?

Maison de paille, un incendie providentiel ?

La construction d’une maison de paille par le Collectif Straw
d’la Bale, sur un terrain communal en friche, au centre ville de
Lausanne, a suscité un débat public sur
l’autoconstruction, l’habitat vernaculaire et
l’urbanisme. Un large mouvement de sympathie s’est
développé autour de cette construction. La
Municipalité, à majorité rose, rouge et verte,
avait, en date du 30 octobre 2007, donné vingt jours à
ses constructeurs pour procéder à sa démolition et
annoncé qu’elle ferait évacuer les lieux et
démolir l’ouvrage, passé ce délai.
L’exécutif avait également pris l’engagement
de rechercher activement un autre terrain communal permettant à
ses promoteurs la construction d’un bâtiment recourant
à de la paille compressée, suffisant pour loger une
vingtaine de personnes, un tel projet devant satisfaire aux normes en
matière de construction, en particulier celles concernant la
prévention des incendies. 

Le groupe «à Gauche toute! POP et
solidaritéS» au législatif de la ville de Lausanne
avait défendu les constructeurs-trices de la maison de paille,
s’opposant à la décision de démolition.
Suite à l’octroi de l’effet suspensif au recours
formé par les habitant-e-s de la maison de paille à
l’encontre de la décision municipale, des discussions
s’étaient engagées entre les habitant-e-s de cette
maison et l’exécutif communal. Cependant, le 21
décembre 2007, la maison de paille brûlait et deux de ses
habitant-e-s étaient blessés. Tirant prétexte de
l’incendie, la Municipalité de Lausanne revint alors sur
son engagement à propos de la mise à disposition du
terrain, discréditant publiquement les constructeurs de la
maison de paille, alors même que l’enquête
pénale sur les causes de l’incendie n’était
pas terminée.

La version de l’incendie accidentel, dont la cause serait une
braise tombée du fourneau, est contredite par des constations
effectuées par le Collectif Straw d’la Bale. Des traces
d’essence auraient été décelées
à l’endroit même où le feu a pris.
L’incendie est survenu en tout cas au bon moment pour les
autorités, alors que l’effet suspensif du recours avait
pris fin! Le comité de l’Association de soutien à
la maison de paille propose aujourd’hui de valoriser la parcelle
communale sur laquelle était construite la dite maison en y
créant un espace d’expérimentation et de
découverte des méthodes de construction et
d’habitat écologiques, un Parc didactique
d’expérimentation technologique et sociale. Le
débat se poursuit: comment les habitant-e-s pourraient-ils
prendre en main les questions de logement et d’urbanisme en
s’opposant à une politique qui favorise la
spéculation foncière et les promoteurs immobiliers?

Hadrien Buclin