Quel projet politique anticapitaliste, féministe et écosocialiste ? Une mise au point nécessaire

Quel projet politique anticapitaliste, féministe et écosocialiste ? Une mise au point nécessaire

C’est avec surprise que la coordination de solidaritéS
(Genève) a pris connaissance de l’article signé
Sylvie Tamborini pour l’ATS et publié par Le Courrier du
samedi 5 janvier. Intitulé «L’idée de
créer un seul parti d’extrême gauche fait son
chemin», il affirme que solidaritéS, les Communistes et
les Indépendant-e-s avanceraient vers la création
d’un parti unifié et que le Parti du Travail y serait seul
opposé. Cette information est fantaisiste puisque, depuis leur
division et leur échec aux élections
fédérales du 21 octobre dernier, les composantes
d’AGT en tant que telles n’ont maintenu de contacts que
dans le cadre de la politique municipale, où nos élu-e-s
travaillent au sein de mêmes groupes. Si bien que l’annonce
par l’ATS, reprise dans les colonnes du Courrier, d’une
assemblée cantonale des sympathisant-e-s d’AGT, ce
printemps, qui aurait «en point de mire la création d’un
seul grand parti» ne repose sur rien.

Il est par ailleurs faux de présenter l’échec
d’AGT comme le résultat d’une guerre des chefs ou
d’une querelle de «grands egos». Ce faisant, on
s’interdit de voir les désaccords et les limites
politiques qui en sont les causes principales. Par exemple, en refusant
le sous-apparentement avec AGT et les Communistes aux élections
nationales de cet automne, la direction du PdT genevois a clairement
indiqué qu’elle soutenait – sur le même plan
– ses autres partenaires d’AGT, le Parti Socialiste et les
Verts, contribuant par là directement à
l’élection d’un Conseiller national du PS à
la place du candidat sortant d’AGT. Par ailleurs, le fait que
l’élu d’AGT dans le canton de Vaud ait
décidé seul de rejoindre le groupe parlementaire des
Verts n’a pas contribué à réduire la
confusion… En effet, le PS et les Verts mènent, sur le fond,
une politique d’accompagnement des réformes
néolibérales préconisées par la droite, en
contradiction flagrante avec les programmes électoraux et les
déclarations d’AGT.

Nous avons aussi un sérieux différend politique avec les
Indépendant-e-s de gauche, qui soutiennent une politique de
contingentement de l’immigration calquée sur celle de
l’Union syndicale suisse et du Parti socialiste des années
60-70. Or, dans la période actuelle de mondialisation
capitaliste, de telles recettes sont totalement illusoires, face
à la mobilité sans précédent des
marchandises et des capitaux. De surcroît, elles favorisent la
division des salarié-e-s et, dans le contexte genevois, la
désignation des frontaliers-ères comme boucs
émissaires, contribuant à affaiblir encore le camp des
travailleurs-euses.

On le voit, de tels désaccords ne relèvent pas de
problèmes de personnes, mais d’orientation! Ils doivent
être débattus de façon sérieuse et
dépassés par toutes celles et ceux qui entendent
construire ensemble une force politique anticapitaliste,
écosocialiste et féministe porteuse d’un projet
d’avenir. Or, l’expérience a montré que le
cadre politique et organisationnel d’AGT n’était pas
crédible pour un tel développement.

C’est pourquoi, solidaritéS a décidé de
tenir un Congrès ce printemps à Genève, puis
à la fin de l’année au niveau national, pour
redéfinir son projet politique en fonction des mutations
profondes du capitalisme actuel. Notre vision des alliances sera donc
rediscutée à partir de critères politiques et non
de jugements subjectifs sur l’attitude de tel ou tel responsable
des autres forces auxquelles nous avons été
associés.

La Coordination de solidaritéS, GE (7.1.08)