Les prix s’envolent pour certains, mais pas vraiment pour d’autres...

Les prix s’envolent pour certains, mais pas vraiment pour d’autres…

Le syndicat paysan Uniterre (www.uniterre.ch)
s’est toujours engagé pour que les producteurs-trices
reçoivent un «juste prix» pour leurs produits et
pour dénoncer les marges exagérées que les grands
distributeurs se font, au détriment des paysan-ne-s comme des
consommateurs-trices. Voici deux exemples de cet engagement…

A la mi-décembre à Bâle, le syndicat paysan
Uniterre a attribué à la direction générale
de Coop, le prix «cochon doré du mensonge». Pour
rappel, le 30 septembre Coop avait demandé au Conseil
fédéral, par voie d’annonces de presse, la
suppression des droits de douane sur les céréales
panifiables car, selon elle, ils seraient responsables de
l’augmentation importante des prix au consommateur-trice. Dans
l’intérêt prétendu des consommateurs, Coop
exige une accélération du processus de
libéralisation, alors que les droits de douane en question ont
déjà été abaissés de 30% depuis le
début des années 2000.

Mais le véritable motif de cette croisade publicitaire pour la
libéralisation consiste à pouvoir acheter à bon
marché sur les marchés étrangers et à
vendre le plus cher possible aux consommateurs-trices en Suisse. Ceci
alors que Coop vient de réaliser une nouvelle fois, en 2006, un
chiffre d’affaire record de 15,6 milliards de francs, avec un
résultat net de 310 millions de francs!

Le nouveau spot TV de Coop sur le développement durable met en
scène le rappeur Stress. Et Coop est sans doute, en effet, le
champion incontestable des publicités vantant la nature,
l’agriculture paysanne idyllique et la consommation
équitable (Naturaplan, Slow Food, Pro Montagna…)
Pourtant, en important des quantités toujours croissantes de
produits alimentaires, la Coop favorise à la fois le
réchauffement climatique, la pollution par des méthodes
de production industrielles et une dégradation des conditions de
vie des producteurs-trices, tant au Sud qu’en Suisse. Ceci alors
que les céréales suisses de proximité sont
produites selon des normes strictes de préservation des sols et
des eaux, avec un usage limité de pesticides ou d’autres
substances chimiques et sans OGM. Uniterre a ainsi rappelé
qu’il est dans l’intérêt de toute la
société de développer un authentique commerce
équitable, qui doit devenir la norme et pas l’exception.
Le commerce doit suivre des règles qui favorisent des conditions
durables de production sur le plan social, environnemental et
éthologique.

Un prix juste pour le lait

Parallèlement, Uniterre s’est joint à de nombreux
collègues européens pour revendiquer un prix du lait qui
couvre les coûts de production. Pour la Suisse, le prix
revendiqué est de 1 franc le litre pour le paysan­ne. Unis
pour revendiquer un prix juste et assurer une meilleure gestion des
quantités. Dans l’Union européenne, le lait circule
beaucoup et il est donc indispensable pour les producteurs de
constituer un front commun face aux acheteurs. Les paysan-ne-s peuvent
ainsi brandir la menace d’une interruption des livraisons si
leurs revendications légitimes ne sont pas satisfaites.
Après quatre ou cinq jours, ce serait le chaos dans la
chaîne de distribution. Une telle «grève du
lait» reste donc un outil possible, mais qui sera utilisé
en dernier recours et seulement si l’ensemble des organisations
sont partantes afin d’éviter que des acheteurs aillent se
servir chez d’autres collègues.

En Suisse, Uniterre continue de mobiliser dans les campagnes. Il est
temps maintenant de faire connaître ces revendications
auprès des consommateurs-trices. C’est pourquoi Uniterre
et ses collègues alémaniques lanceront officiellement, le
1er février prochain à Berne, la campagne pour un prix du
lait équitable.



Valentina Hemmeler Maïga

Secrétaire d’Uniterre