Budget cantonal 2008

Budget cantonal 2008
Un petit mieux, mais l’austérité demeure

Les socialistes se sont ralliés au dernier moment à trois
amendements importants que la déléguée de
Pop-VertsSol avait pourtant soumis au sein de la commission gestion et
finances, dès le mois d’août. Ce revirement –
significatif pour les personnes les moins bien loties– n’a
pas été du goût de la droite. L’UDC a
vertement dénoncé un «bricolage de dernière
minute». Les élu-e-s des radicaux et des libéraux
annonçaient haut et fort qu’ils ne voteraient pas ce
budget. Ces amendements ont cependant passé. Les
représentant-e-s de PopVertsSol pouvaient dès lors unir
leurs voix à celles du PS, malgré toutes les critiques
qu’ils/elles n’ont pas manqué de faire à ce
budget d’austérité. Au final, c’est par 59
voix contre 42 (toutes de droite) que ce budget a fini par passer la
rampe.

C’est sur un montant dérisoire – 460’000
francs sur un budget de 1844 millions de francs et un déficit de
33 millions – que la droite s’est jusqu’au bout
braquée contre les amendements de PopVertsSol, et que les
représentant-e-s du PS ont, dans un premier temps, estimé
qu’ils ne pouvaient pas entrer en matière.

En quoi consistaient ces amendements de PopVertSol?

• Une indexation des montants avancés par l’Etat pour
les pensions alimentaires non honorées (ces montants
n’avaient plus été indexés depuis plus de 10
ans!). Cette petite amélioration permettra à de
nombreuses personnes d’éviter le recours à
l’aide sociale.

• L’élargissement de la catégorie des
personnes qui bénéficient d’une prise en charge des
primes de l’assurance-maladie obligatoire. Le chef du service de
l’action sociale (un radical!) avait même, dans un premier
temps, proposé mieux: pour éviter à de nombreuses
personnes de devoir recourir à l’aide sociale, il avait
suggéré la réintroduction des catégories 4
et 5 (supprimées en 2005). Au nom des mécanismes du frein
aux dépenses, le grand financier Studer (PS) a exclu cette
solution. En deuxième mouture, l’augmentation
demandée avait été purement et simplement
supprimée. Au final PopVertsSol a réussi à en
réintroduire une partie… Processus laborieux!

• Réintroduction, dès août 2008, d’un
poste de psychologie scolaire pour les élèves de
l’école primaire et de secondaire 1, qui avait
été supprimé en août 2006 dans le cadre des
mesures d’économies.

On le voit, c’est pour bien peu de choses qu’on se bagarre
au château, et la droite, même si elle boude ce budget,
imprime sa marque. Car enfin, que représentent ces 460’000
francs à côté des bénéfices
énormes qui ont été annoncés dans tous les
secteurs, mais en particulier dans l’horlogerie et les banques?

Pour retrouver, ne serait-ce que le niveau des prestations offertes
dans le canton de Neuchâtel jusqu’en 2005, il y aurait eu
bien d’autres choses encore à améliorer dans ce
budget 2008. Mais pour cela –n’en déplaise à
tous les adeptes du néolibéralisme–, il faudrait:

• proposer un budget basé sur une analyse politique des
besoins – tous départements confondus – et
opérer des choix à partir de là, et non demander
que chaque département se débrouille avec une enveloppe
donnée, ce qui revient à exiger que l’école
se sacrifie pour la culture ou vice-versa, et que les subventions
sociales et les dépenses de santé se mettent en
concurrence les unes les autres.

• se donner les moyens de prendre l’argent là
où il est et de renoncer au frein aux dépenses et aux
recettes, qui ne sert qu’à protéger les plus
riches. En résumé, avec le budget 2008, on continue de
serrer la vis. La politique sociale, le personnel de la fonction
publique, les écoles, mais aussi les personnes
âgées, à qui on a réduit l’argent de
poche, continueront d’attendre, malgré un bouclement
positif des comptes 2006 et 2007. Les amendements de PopVertsSol
n’ont de loin pas tout corrigé. Ils ouvrent cependant le
débat social.

Marianne Ebel