Nouvelle loi sur le chômage

Nouvelle loi sur le chômage
Vers des lendemains qui déchantent…

Avec une participation de 40% et à 68 contre 32%, les
électeurs-trices ont voté OUI à la nouvelle loi
sur le chômage, à l’inverse du choix exprimé
le 24 avril 2005. Pourtant, sur le front du chômage rien ne va
mieux. Ceux qui prétendent «raser gratis» demain
avec la nouvelle loi n’ont rien mis en place jusqu’ici pour
lutter efficacement contre le chômage. Ils ont durci le
traitement des chômeurs-euses, mais n’ont rien fait pour
rendre les Emplois Temporaires Cantonaux (ETC) inutiles. Or ils
l’auraient pu par une pleine application de la loi actuelle.
Alors, comment leur faire confiance demain, s’ils n’ont pas
assumé leur devoir aujourd’hui?

Néanmoins, le «peuple» a plébiscité la
nouvelle loi. Pourquoi? Comment? Sous la pression du diktat
fédéral, indécemment brandi par ses partisans,
affirmant que Berne ne permettrait plus les Emplois temporaires
cantonaux (ETC) et la réouverture d’un second délai
cadre d’indemnisation. Comment? Sous prétexte que les
chômeurs-euses sont responsables de leur chômage et que
pour lutter contre celui-ci, il faut les houspiller car le
«confort» assuré par le système genevois
serait source du chômage de longue durée. Comment? Dans
l’illusion que les «emploisformation» et
l’économie «sociale et solidaire»
constitueraient des alternatives au taux élevé de
chômage à Genève. Comment? Dans la confusion
induite par la tiédeur du ralliement tardif, et modeste, du PS
et du syndicat SIT. Dans la déception de voir les Verts avoir
choisi leur camp avec la droite. Alors, oui, les
électeurs-trices ont tranché.

Malheureusement, ils risquent de se réveiller avec la gueule de
bois, car une fois le vote ficelé, les langues se délient
et les dessous de cette nouvelle loi transparaissent. Ainsi, on apprend
que l’on ne connaît pas encore le sort
réservé aux personnes en ETC, que ceux qui étaient
prêts à se rallier à la nouvelle loi en savaient
bien les insuffisances, mais que les chômeurs étaient
l’enjeu de «deals» autrement plus
intéressants, que l’aide sociale se prépare
à accueillir un millier de nouveaux dossiers, soit un transfert
de charge d’environ 32 millions. Pour un millier de nouveaux
dossiers d’aide sociale, combien ne pourront se résoudre
à la demander, combien n’entreront pas dans les
barèmes opportunément abaissés? Combien
basculeront, dans l’indifférence générale,
dans la pauvreté et la précarité? Combien seront
renvoyés vers l’économie dite «sociale et
solidaire» dans des postes de travail permanents
rémunérés à hauteur de l’aide sociale
et des minimums conventionnés?

Tout ça n’a pas été dit. Pas de chiffres,
pas de plan B. Silence radio! Oui, le réveil sera rude. Non
seulement pour ceux pâtiront à court terme des effets de
cette nouvelle loi, mais aussi pour ceux qui subiront ses effetsretard:
sous enchère salariale produite par la pression sur les
demandeurs d’emploi et l’instrumentalisation douteuse de
l’économie sociale et solidaire, marginalisation et
précarisation d’une part croissante de la population,
recul de la consommation…

Aujourd’hui, une étape de plus a été
franchie dans l’entreprise de déconstruction de la
sécurité sociale. Les casseurs du social ont le vent en
poupe! Nous devons leur opposer une résistance farouche. Pour
cela, la mobilisation de toutes les véritables forces de gauche
s’impose. Nous les invitons à rejoindre le front des
référendaires et à exiger du Conseil d’Etat
un véritable plan de lutte contre le chômage, qui exige
outre la pleine exploitation des ressources de l’assurance
chômage et un accompagnement de qualité des
chômeurs, son engagement dans une politique de l’emploi
digne de ce nom.

Jocelyne Haller