Budgets du Canton et de la Ville

Budgets du Canton et de la Ville
Cherchez la différence !

Deux budgets ont été votés ces jours à
Genève, celui du canton et celui de la Ville. Au plan cantonal,
le budget c’est un triomphe des libéraux. Ils ont obtenu
non seulement, en nouveau signal d’allégeance du
gouvernement cantonal à majorité rose-verte, un
engagement de 25 millions de coupes supplémentaires, mais en
prime un vote d’union sacrée des groupes PS et Verts,
alors que le gouvernement annonçait de nouvelles coupes claires
dans les prestations.

Pendant ce temps, le personnel cantonal passe encore à la
caisse, à travers la suppression de postes et en matière
salariale avec une indexation à 0,5%, qui ne compense
qu’un tiers de l’inflation. La population – notamment
les plus démuni-e-s – et les employé-e-s du public
payent le prix d’une absence d’opposition de gauche au
parlement et d’une capacité d’organisation et de
mobilisation syndicales sur le terrain réduites.

Contre-exemple municipal: succès du groupe AGT

En Ville, la situation est loin d’être idyllique, mais les
choses se sont passées tout à fait autrement. A tel point
que la presse a pu parler d’un budget «A Gauche
Toute!» et la Tribune évoquer une «majorité
de gauche intraitable». Et en effet, la différence avec le
canton est à imputer notamment à la présence du
groupe municipal «A Gauche toute!», dont font partie les
élu-es de solidaritéS. Celui-ci avait annoncé
qu’il refuserait le budget, en particulier si les 10 millions de
prestations de la Ville en faveur des rentiers AVS/AI étaient
supprimées, comme avait entrepris de le faire une
majorité de l’Exécutif municipal, avec le
consentement plus au moins résigné de leurs
élu-e-s du législatif municipal, cédant sans
résister aux injonctions du Conseiller d’Etat radical
François Longchamp, spécialiste du
démantèlement des prestations sociales.

En commission des finances d’ailleurs, tous les amendements du
groupe AGT, notamment en faveur du personnel, ont été
balayés et celui-ci a déposé – sous la plume
de notre camarade Christian Zaugg – un rapport de minorité
fondant son refus du budget.

Résistances extraparlementaires

Mais si les choses ont tourné autrement, avec volte-face de
l’exécutif et rétablissement des prestations
municipales supprimées, c’est le produit d’une
bataille de longue haleine, qui, outre les efforts à
contre-courant de Rémy Pagani au Conseil administratif (CA) et
ceux des élu-e-s municipaux AGT, a pu s’appuyer sur une
mobilisation «extraparlementaire» significative.
Pétition et manifestation de l’AVIVO d’abord, avis
de droit de Christian Grobet sur l’invalidité de la
position du Conseil d’Etat concluant à
l’illégalité de la menace du Conseiller
d’Etat radical Longchamp de confisquer les montants versés
par la ville aux bénéficiaires de l’OCPA ensuite,
lancement enfin d’une initiative municipale par l’AVIVO…
que nos lecteurs-trices en Ville de Genève ont reçu avec
le dernier numéro de notre journal et qu’il n’est
pas trop tard pour nous retourner…

Bref, un dispositif de résistance qui a empêché
– au final – les élu-e-s PS et Verts de suivre leur
pente «naturelle» vers un acquiescement fataliste au diktat
antisocial du canton, dispositif qui a conduit le CA à demander
un deuxième avis de droit, confirmant le nôtre quant
à ses conclusions, et qui l’obligeait in extremis à
changer son fusil d’épaule.

Pendant ce temps, le personnel de la Ville s’organisait pour
pouvoir faire grève en défense de ses salaires et de ses
droits. Certes, comme le montre l’article cicontre d’un
collègue travaillant à la Ville, on est arrivé
à un compromis, qui ne correspond pas à nos exigences,
notamment d’un rétablissement complet des
mécanismes salariaux, mais on est loin du jeu de massacre dont
sont cibles les employé-e-s du Canton. Et cet épisode de
mobilisation syndicale, aboutissant sur un succès, même
relatif, est un terrain favorable pour la suite…

Culture: du pain sur la planche

Enfin, concernant ce budget municipal de la Ville, il faut signaler
encore que le groupe AGT a été seul à refuser une
subvention supplémentaire d’un million pour le Grand
Théâtre. Notre élue au municipal Vera Figurek est
intervenue fermement sur ce dossier et notre camarade Daniel Künzi
a d’ailleurs tenté de rassembler un comité
référendaire contre ce crédit et, plus largement
contre une politique culturelle qui ne réserve qu’une
portion congrue pour les créateurs-trices indépendants et
la culture alternative. solidaritéS a annoncé être
prêt à s’engager à hauteur d’un millier
de signatures dans ce sens, mais cette tentative a malheureusement
dû être abandonnée… Partie remise bien sûr
et nous reviendrons sur ces questions de politique culturelle: une
initiative populaire pourrait être à l’ordre du jour.

Marie-Eve Tejedor