Où s’arrête la liberté du commerce? Proposition de loi de solidaritéS

Où s’arrête la liberté du commerce? Proposition de loi de solidaritéS

La modification de la loi sur le travail acceptée de justesse en
votation fédérale en novembre 2005, à laquelle
nous nous étions opposés, facilite notamment
l’ouverture de supermarchés dans les environs des gares. A
Neuchâtel, un des supermarchés ouvre ses portes de 5h
à 24h, 7 jours sur 7. Les affaires y sont apparemment
florissantes, et surtout il est pris d’assaut le soir par les
amateurs-trices d’alcool. Faciliter l’accès à
l’achat d’alcools forts à bas prix encourage
évidemment la consommation et même la consommation
incontrôlée qui entraîne soûleries,
dépendances et déprédations. Les
conséquences sociales et au niveau de la santé retombent
sur la collectivité. Une fois de plus, les grands commerces
encaissent les bénéfices, la société paye
les frais.

Des coûts sociaux énormes…

L’Institut de recherches économiques et régionales
de l’Université de Neuchâtel a mené une
étude pour la Confédération en 2003 chiffrant
à 6 milliards annuels le coût des 300 000 personnes en
Suisse dépendantes de l’alcool (sur 7 millions de
personnes). Il s’agit des coûts directs – traitement
et soins, mesures de réinsertion, invalidité, aide
sociale, accidents – estimés à 1.7 milliards. Mais
à cela s’ajoutent les coûts indirects – pertes
de production dû à l’invalidité, au risque de
chômage accru…- estimés à 4.3 milliards.

Quant on a chiffré cela on n’a évidemment pas
encore parlé de la souffrance, des vies détruites, des
violences, des conséquences sur l’entourage des personnes
alcooliques.
Le problème n’est pas la consommation en soi, mais la
manière de consommer. Les adolescent-e-s sont
particulièrement exposés au risque de devenir
dépendants et les limites d’âge quant à la
vente d’alcool aux mineur-e-s sont détournées sans
aucune espèce de difficulté.

Pour une loi cantonale

Marianne Ebel, députée de solidaritéS, a
déposé un projet de loi visant à interdire dans le
canton de Neuchâtel la vente de boissons alcoolisées
à l’emporter entre 20h. et 7h. du matin. Les
établissements publics, restaurants, bars,… ne sont quant
à eux pas concernés. Des mesures de restriction de vente
sont bien sûr insuffisantes en elles-mêmes, mais elles sont
nécessaires, accompagnées du renforcement de
l’éducation et de la prévention.

Ce n’est pas une mesure répressive que nous proposons,
mais un signal fort face à des dérives qui portent
atteinte à la santé physique et psychique d’une
partie de la population, des jeunes en particulier.

C’est une loi fédérale, voulue par les
autorités, qui autorise l’ouverture des commerces sans
limites autour des gares. Les partis dominants (UDC, radicaux, PDC) se
frottent les mains, les affaires tournent. Au vu des résultats
des dernières élections nous risquons de ne pas pouvoir
changer rapidement la loi fédérale, mais nous voulons au
moins utiliser un rapport de forces politique plus favorable dans notre
canton pour mettre une limite dans ce domaine aux méfaits du
libéralisme économique.

Pour plus de prévention!

Un rapport de 2006 de l’OCDE et de l’OMS rappelle que nous
avons en Suisse, en comparaison internationale, des coûts de
santé élevés, par contre des investissements dans
la prévention et la promotion de la santé en
général faibles (2.2% des dépenses de santé
consacrées à la prévention en Suisse contre 2.7%
en moyenne pour les autres pays de l’OCDE). Notre système
d’assurances maladie privées n’encourage pas la
prévention, car pour les caisses, le chiffre d’affaires
est proportionnel au nombre de personnes atteintes dans leur
santé. Des campagnes de prévention coûtent certes
à l’Etat, mais si elles ne rapportent rien aux caisses
maladie, c’est des économies pour la société
à long terme et c’est une amélioration du
bien-être de chacun-e.

La liberté du commerce est sacro-sainte en Suisse. Les partis
qui la défendent sont largement majoritaires au parlement
fédéral. Pour nous, la santé passe avant les
profits des commerçants.


Henri Vuilliomenet

Deuxième tour: solidaritéS votera Gisèle Ory et Pierre Bonhôte pour le Conseil des Etats

Dans ce qu’on appelle la «Chambre des cantons» se
cuisine notamment l’affaiblissement des assurances sociales
(chômage, invalidité, AVS, caisses de pension,…) et se
décident les cadeaux fiscaux pour les riches et les entreprises.

Ces prochaines années des décisions importantes seront
prises dans tous ces domaines qui sont en chantier. La fameuse
«flat tax» (taux unique d’impôt, très
favorable aux riches), défendue par les radicaux, va être
discutée. Les programmes de privatisation continue des services
publics y sont également à l’ordre du jour
(électricité, communication, transports…)

L’intérêt du canton, c’est
l’intérêt de celles et ceux qui y travaillent et qui
ont besoin d’une forte protection sociale et de bons salaires.
Ils y seront mieux défendus par les deux candidat-e-s
socialistes que par le radical Burkhalter.

La Chambre des cantons compte déjà bien assez de
représentants du parti radical et de la droite en
général.

C’est pour toutes ces raisons que solidaritéS invite les
électrices et électeurs du canton de Neuchâtel
à voter Gisèle Ory et Pierre Bonhôte au
deuxième tour .    (hv)