Nouveautés aux éditions Syllepse

Nouveautés aux éditions Syllepse

Patrizia Romito, La violence masculine occultée, Paris, Syllepse, 2007, 298 pages.

Cet ouvrage traite des violences des hommes contre les femmes et les
enfants, ainsi que des mécanismes que la société
met en oeuvre pour ne pas voir ces violences, pour les occulter. Un
double constat: d’une part, les progrès dans la lutte
contre la violence masculine envers les femmes et les enfants sont des
progrès importants et indéniables; de l’autre, la
violence continue bel et bien à exister et, dans bien des cas,
il semblerait qu’il y ait aggravation. Contrairement à ce
qu’on veut nous faire croire, cette violence est tout à
fait courante. Ses conséquences sont atroces. Thèse
argumentée dans l’ouvrage: la violence masculine est
l’un des moyens d’entretenir en bon état de marche
le système de domination patriarcale, système dont
profitent la majorité des hommes et une minorité de
femmes. De sorte que c’est la société patriarcale
dans son ensemble qui élabore activement son occultation de la
violence, afin d’éviter qu’elle ne cesse.
L’originalité du livre réside dans une
synthèse théorique où sont établis et
décrits, à partir d’un matériel aussi vaste
que diversifié, les différents types de violences
masculines et les différentes manières de les occulter;
tant au niveau social, qu’il s’agisse des lois, du
fonctionnement des services socio-sanitaires, de la police et des
tribunaux, des théories psychologiques et psychiatriques en
vigueur, qu’au niveau de l’individu et de ses ressorts
psychologiques. Les instruments conceptuels utilisés pour
étayer cette synthèse sont l’analyse et la
description des tactiques et des stratégies. L’ouvrage
fait une synthèse des données récentes, tant pour
la Franceque pour l’Europe et à l’échelle
internationale; des outils d’analyse plus théoriques sont
également proposés. Parce qu’il
révèle les stratégies et les tactiques
d’occultation mises en oeuvre par la société, ce
livre offre autant de clés de lecture que d’action
à toutes et tous.

Bernard Calabuig, coord., L’école en quête d’avenir, Paris, Syllepse, 2007, 150 pages.

En 2005, en France, près de 90% des jeunes étaient
scolarisés ou en apprentissage et près de 65% d’une
classe d’âge atteignait le niveau d’un
baccalauréat. Mais si le niveau de ce qui est enseigné et
les taux d’accès aux lycées n’ont
cessé de croître ces dernières décennies,
l’école n’a pas réduit les
inégalités et un nombre non négligeable de jeunes,
majoritairement issus des milieux populaires, rencontrent des
difficultés, parfois très importantes, dans la
maîtrise de savoirs y compris élémentaires. Et les
forces conservatrices s’appuient sur cette situation
inquiétante pour imposer des régressions qui mettent en
péril l’ensemble du système. Oui,
l’école est en panne de démocratisation. Et cette
panne a des effets dramatiques, tant au niveau des individus
qu’au niveau de la collectivité toute entière. Des
évènements récents ont montré que
l’échec, dans ces domaines décisifs, se paie
comptant, et de plus en plus cher. Récusant les anathèmes
passéistes, voire politiciens, les fausses oppositions et les
recettes-miracle, ce livre vise à mettre en débat sur la
scène politique des propositions concrètes, susceptibles
de permettre des transformations en profondeur, vers une école
de l’égalité, de la justice et de la
réussite scolaire de toutes et tous. Utopie? Pari impossible?
Pour qui a côtoyé de près, dans la rue, au
printemps 2006, ces centaines de milliers de jeunes – et moins
jeunes – luttant contre l’instauration du CPE, ces mots
n’ont pas de sens.

Maler Henri, Reymond Mathias, Médias et mobilisations sociales – La morgue et le mépris, Paris, Syllepse, 2007, 160 pages.

En 1995, la quasi-totalité des grands médias ont soutenu
la «réforme» de la Sécurité sociale.
En 2001, ils ont salué la «réforme» du statut
de la SNCF. En 2002, ils ont apprécié la
«réforme» du statut des intermittents. En 2003, ils
se sont félicités de la « réforme »
des retraites (et du statut des agents de service dans
l’Education nationale). En 2005, ils ont beaucoup aimé le
«Contrat Nouvelle embauche». Et si, en 2006, ils ont moins
apprécié le «Contrat première
embauche», c’est surtout parce qu’il avait
été mal négocié. Ainsi, depuis plus de dix
ans, les mobilisations sociales qui contestent les réformes
imposées par les gouvernements n’ont pas l’heur de
plaire à la quasi-totalité des présentateurs,
éditorialistes et chroniqueurs qui trônent au sommet du
journalisme. Le livre analyse les discours et les pratiques qui
témoignent de ce déplaisir et exhibent morgue
libérale et mépris social. A lire et à entendre
les maîtres-tanceurs qui orchestrent l’information, les
acteurs de ces mobilisations, quand ils ne souffrent pas de troubles
mentaux n’obéiraient qu’à des mobiles
irrationnels. Les grèves et les manifestations seraient le fait
de fauteurs de trouble à l’ordre public et de preneurs
d’otage. Le livre démonte, sur la base d’une large
documentation, ces figures du discours dominant. Les tentatives de
rendre compte des mobilisations sont prisonnières de formats et
de pratiques (portraits, micros-trottoirs, etc.) qui réduisent
la l’expression des grévistes et manifestants à
celle de leur malaise : simples témoins individuels des
mobilisations dont ils sont les acteurs collectifs. Le livre montre
comment le journalisme d’enquête, quand existe (et il
existe…), est minoré et défiguré. Pourquoi
de tels discours et de telles pratiques s’imposent-ils ? Comment
leur faire face et tenter de les transformer? Telles sont les questions
qui sont examinées pour conclure.