Les plus démunis au secours de l’équilibre budgétaire

Les plus démunis au secours de l’équilibre budgétaire

A ne pas comprendre la différence entre le budget d’une
ville comme Genève et un budget familial, Sandrine Salerno, la
nouvelle Conseillère administrative chargée des finances
de la ville, n’a plus qu’une obsession qui trouble
même ses nuits: l’équilibre budgétaire.
«Un budget en fonction des ressources et non pas en fonction des
besoins». Le slogan répété depuis des
années par la droite, – droite qui ne cesse d’autre
part de se battre au plan fiscal pour précisément
diminuer les ressources –, semble convenir comme programme de
politique financière à la Conseillère
administrative.

Ainsi donc, dans le projet de budget 2008, un certain nombre de coupes
a été mis en place. En particulier, les 10 millions de
francs que la Ville consacrait chaque année aux plus
démuni-e-s sous forme d’aides complémentaires ont
été supprimés. Bien sûr, ce n’est pas
l’équilibre budgétaire qui est avancé pour
cette suppression, même si ces 10 millions arrangent bien la
balance. C’est la décision du Canton de compter toutes les
ressources des plus démuni-e-s pour arriver au minimum vital qui
est responsable de cette ignominie. Ainsi, l’aide
complémentaire de la Ville serait déduite des prestations
du Canton et les gens qui en ont besoin n’en verraient pas la
couleur. Les 10 millions d’aide de la Ville ne viendraient en
fait que soulager les finances du canton. Rappelons que
l’argument de M. Longchamp, auteur de cette nouvelle façon
d’appréhender les problèmes sociaux, est
l’égalité (devant la pauvreté?) car toutes
les communes du Canton ne fournissent pas d’aide
complémentaire. Jusqu’à présent, mieux vaut
être pauvre à Genève qu’à Chancy selon
M. Longchamp dont l’expérience de la pauvreté est
à notre connaissance assez limitée. Bien
évidement, ce même M. Longchamp ne parle plus
d’égalité lorsqu’il s’agit de salaires
ou de justice sociale.

Certaines solutions de remplacement traînent dans les groupes
municipaux de l’Alternative. Il ne faut cependant pas oublier que
les directives du Canton seront les mêmes quelle que soit la
forme de l’aide. Quant à la proposition de laisser une
marge discrétionnaire au magistrat chargé du social,
c’est la porte ouverte à une politique sociale qui sera
ressentie comme une politique arbitraire. Politique revenue d’un
autre âge. L’aide sociale, il est bon de le rappeler
parfois, est un droit et non pas un cadeau.

N’en déplaise à Sandrine Salerno, le groupe AGT du
Conseil municipal demandera l’inscription des 10 millions de
francs de l’aide complémentaire au budget 2008. Et tant
pis pour l’équilibre! C’est en effet aux
autorités cantonales, avec une majorité de droite au
Grand Conseil, de prendre la décision d’appauvrir les plus
démuni-e-s. Comment comprendre que l’Alternative qui est
majoritaire au Conseil municipal accepte simplement de se voir dicter
sa politique sociale et accepte de se voir accusée de diminuer
les prestations à celles et ceux qui en ont le plus besoin? Sans
l’acceptation d’un amendement dans ce sens, notre groupe
municipal risque bien de refuser purement et simplement le budget 2008.

Jacques François