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N° 114 (19/09/2007). A la une: Zurich, 22 septembre: Avec le bâtiment dans la rue
p. 15
Lien direct: https://www.solidarites.ch/journal/d/article/3076
Neuchâtel
Le Grand Conseil balaie l’initiative des étudiants
«L’or de la BNS pour l’avenir et l’innovation»: débattue au Grand Conseil neuchâtelois, cette initiative populaire de la Fédération neuchâteloise des étudiant-e-s (FEN) a été rejetée par 61 voix contre 1 (celle de solidaritéS)! Tant au niveau de la population que, de manière informelle, auprès des députée-s socialistes et POPVertsSol, cette initiative populaire avait pourtant rencontré un accueil favorable lors de son lancement. Que s’est-il donc passé pour que, deux ans plus tard, solidaritéS se retrouve seul au Parlement à s’engager en faveur de ce projet pour la jeunesse?La FEN avait déposé son initiative, munie de 6279 signatures valables, en octobre 2005, soit deux mois avant qu’une majorité du Grand Conseil n’accepte, à la demande du Conseil d’Etat, d’utiliser 35 millions de cet or pour équilibrer le budget 2006, d’en réserver une partie aux communes, et de consacrer le reste au remboursement de dettes échues.
Jean Studer, Ministre des finances, avait alors mis en jeu toute sa rhétorique pour expliquer à la gauche réticente, qu’en attendant la votation populaire, ce serait là la meilleure façon de placer cet or, qu’on ne pouvait raisonnablement pas laisser dormir sur un compte postal. Il avait donné toutes les garanties de soutien, plaidant comme il sait le faire (très vaguement) en faveur des idées défendues par la FEN, arguant que cette question serait traitée en temps voulu avec tout le soin qu’elle méritait: «Si le peuple est favorable au projet de la FEN, nous réemprunterons l’argent nécessaire». Cet argument avait emporté l’adhésion d’une large majorité des député-e-s. Cet été, le Conseil d’Etat a présenté au Grand Conseil un décret stipulant que cette initiative sera soumise au peuple (ce qui va de soi!) sans contre-projet et avec un mot d’ordre de rejet: «Cet or, nous ne l’avons plus, impossible donc de soutenir l’initiative de la FEN», explique aujourd’hui le même Jean Studer. SolidaritéS, qui refuse que cette initiative soit ainsi torpillée, a déposé un amendement au décret du Conseil d’Etat pour que le peuple puisse se prononcer sur un contre-projet: un tiers de l’or serait réservé au but fixé par l’initiative de la FEN. Les socialistes, gênés par l’argumentation pour le moins cavalière de Jean Studer, proposaient un renvoi de ce dossier en commission.
Au vote, la proposition socialiste, soutenue par solidaritéS, a été cependant balayée par 54 voix contre 45. Une partie des Verts se sont abstenus, une partie des socialistes étaient à la buvette... Restait l’amendement de solidaritéS. Au vote final, il ne s’est trouvé aucune député-e pour suivre cette proposition. Par 61 voix contre 1, le débat parlementaire s’est ainsi clos sur le rejet pur et simple de l’initiative de la FEN.
Déplorable!
Une chose est de rembourser des dettes échues et d’avoir le souci d’assainir les finances de l’Etat, une autre est d’en faire une obsession et un leitmotiv idéologique tel que plus personne n’ose se poser la question d’une autre utilisation des 425,8 millions d’or que le canton a reçu de la BNS. Ce que nous craignons par-dessus tout, c’est que cette obsession ne conduise à terme qu’à un désendettement propice à de nouvelles réductions fiscales pour les plus riches, comme c’est la tendance actuellement au niveau fédéral. La vente de l’or de la Confédération ne doit en aucun cas servir à accroître encore les inégalités sociales.
La balle est maintenant dans le camp de la FEN qui subira de très fortes pressions «amies» pour retirer son initiative. Espérons que son assemblée générale laissera le dernier mot à la population neuchâteloise. Même si ses chances de victoire en votation sont faibles, l’initiative peut susciter un débat bien nécessaire sur les priorités du canton.
Marianne Ebel
Que propose l’initiative de la FEN?
La création d’une Fondation de droit public qui investit les intérêts de son capital dans des projets cantonaux visant les buts suivants:- soutien à la formation, au perfectionnement professionnel et au recyclage
- soutien à la valorisation de la recherche et à la création de nouvelles entreprises
- soutien à la jeunesse et à son développement Celle-ci ne se substitue pas aux collectivités publiques, mais peut prendre des initiatives propres afin de les inciter à un meilleur engagement dans les domaines qu’elle soutient. Elle est administrée par un Conseil de fondation nommé par le Conseil d’Etat et composé équitablement de représentants de la jeunesse, des apprentis, des étudiants, des institutions s’occupant du développement économique et des collectivités publiques.
(me)
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