Salaire minimum à 4000 francs Initiative lancée au Tessin

Salaire minimum à 4000 francs Initiative lancée au Tessin

Nous nous sommes entretenus avec
Giuseppe Sergi, éditeur responsable du bimensuel
Solidarietà au Tessin, à propos de l’initiative que
vient de lancer le MPS de ce canton (affilié à la
Fédération de la gauche anticapitaliste – FGA). Il
montre toute l’importance de la revendication du salaire minimum
au Tessin, comme d’ailleurs dans le reste de la Suisse.


Pourquoi le Tessin est-il touché aussi brutalement par le
dumping salarial? Quels sont les secteurs les plus durement atteints?
Peux-tu donner quelques exemples?

Il y a tout d’abord un retard historique des salaires au Tessin.
Cela est dû au fait que, à l’exception de secteurs
– limités comme partout en Suisse, qui sont soumis aux
conventions collectives de travail (CCT), il n’y a pas de
règles minimales (légales ou autres) concernant les
salaires. La libre circulation, avec la disparition des contrôles
salariaux à l’embauche, est devenue de fait, comme nous
l’avions dénoncé dans la campagne
référendaire de 2005, une libéralisation totale du
marché du travail. Et avec une région comme la Lombardie,
avec des millions des travailleurs-euses prêts à affluer
dans tout secteur, le dumping salarial a commencé à se
concrétiser. Aujourd’hui, les salaires de
références pour les embauches dans le secteur tertiaire
sont les 1000 – 1500 euros payés en Italie. Toutes les
semaines, les journaux dénoncents des cas dans tous les
secteurs, en particulier parmi les employé-e-s de commerce, mais
aussi dans l’industrie, par le biais des agences de travail
temporaire qui engagent des frontaliers-ères pour des salaires
de 2000 – 2500 Fr.

Le MPS Tessin (qui fait partie de la Fédération de la
Gauche Anticapitaliste – FGA) a décidé de lancer
une initiative populaire cantonale pour l’introduction d’un
salaire minimum légal au Tessin. Quel
est le contenu de cette initiative? Quel écho peut-elle avoir
parmi les militant-e-s syndicaux et les salarié-e-s en
général?

L’initiative fixe un salaire minimum légal pour tous les
contrats de travail effectués sur le territoire du Tessin. Nous
avons fixé à 4000 Frs par mois (pour 13 mois) le salaire
pour un travail à temps plein de 40 heures hebdomadaires. Les
contrats qui ont une durée différente ou des formes
différentes doivent en tout cas se référer
à ces paramètres. Ce salaire va être
automatiquement indexé à l’évolution des
prix à la consommation. Les données relatives à
tout contrat de travail (salaire, horaire, fonction, etc.) doivent
être communiquées au bureau cantonal du travail qui doit
les contrôler et établir des statistiques publiques. Le
Bureau cantonal du travail sera soutenu, dans l’application de
cette loi par une commission paritaire patronale et syndicale. Nous
pensons que cette initiative correspond à une exigence
réelle.Aujourd’hui au Tessin (dans le reste de la Suisse
c’est peut être encore pire), il n’y a que 25-30% des
travailleurseuses qui sont soumis à une CCT dans laquelle est
fixé un salaireminimumqui doit être obligatoirement
respecté. Pour tous les autres, il n y a rien. D’ailleurs,
après plusieurs années d’opposition, presque de
principe, lemouvemente syndical suisse commence àmieux
accueillir l’idée de salaires minima fixés par la
loi,même si c’est avec une attitude très prudente et
pas du tout concrète.

Comment articulez-vous la bataille pour un salaire minimum
légal avec la résistance à la montée de la
xénophobie et du racisme?

Le oui du 25 septembre 2005 à la libre circulation a de fait, et
pas seulement au Tessin, permis aux forces nationalistes et
xénophobes d’accroître leur influence.Une influence
qui aujourd’hui gagne en impact sur le terrain social,
grâce à la libéralisation du marché du
travail. Et les forces de gauche et syndicales, qui ont défendu
le oui avec l’argument que les soi-disantmesures
d’accompagnement allaient empêcher le dumping salarial, ne
savent plus que faire aujourd’hui; car les mesures
d’accompagnement se sont révélées un
désastre, et les patrons, comme prévu, continuent
l’opération de destruction desCCT, sable sur lequel sont
construites les mesures d’accompagnement (voir ce qui se passe
dans le secteur principal de la construction). Nous cherchons donc, par
le biais de cette initiative, àmener une campagne sur le terrain
social, en montrant que ce sont les patrons qui créent les
conditions d’une baisse des salaires et que ce sont eux et non
les travailleurseuses étrangers qu’il faut combattre. Dans
ce sens notre NON de gauche du 25 septembre 2005 trouve
aujourd’hui une continuation dans cette initiative et la campagne
qu’on vamener à ce sujet pendant les deux prochaines
années.

Giuseppe Sergi