Le complot de l’UDC pour renforcer le patriarcat et contre l’égalité hommes-femmes

Le complot de l’UDC pour renforcer le patriarcat et contre l’égalité hommes-femmes

L’UDC est un parti raciste. Sa
campagne actuelle le démontre. Mais l’UDC est aussi un
parti qui lutte contre l’égalité hommes femmes dans
tous les domaines, ce qui va d’ailleurs ensemble. Il faut le
rappeler aujourd’hui, parce que les «outrances»
intolérables de l’UDC en la matière servent aussi,
de fer de lance d’une politique bourgeoise marquée du
sceau du patriarcat. Si on veut «déblocheriser» la
Suisse, c’est un terrain de lutte important. Quelques
éclairages sur le discours et la pratique des blochériens
en la matière.

Pour commencer, il vaut la peine d’évoquer le débat
du 8 mars dernier au Conseil national. A l’ordre du jour,
l’application de la loi sur l’égalité et le
traitement d’objets parlementaires en lien avec celle-ci. Dans le
débat général, c’est l’UDC zurichois
Toni Bortoluzzi qui est monté au créneau d’abord,
au nom de son groupe. Premier fait à souligner, le groupe en
question, qui compte 55 élue-s, comporte 3 femmes seulement dans
ses rangs. Si cette proportion était étendue à
l’ensemble du Conseil national… on y trouverait 10 ou 11 femmes
sur 200 élu-e-s! Mais revenons au discours de Bortoluzzi, qui a
un mérite, celui de la franchise.

L’égalité comme facteur… d’insécurité!

En bref: il déplore que l’ensemble du débat soit un exercice «complètement unilatéral»,
et, en effet, parmi les propositions débattues, c’est la
gauche qui en a fourni l’écrasante majorité. Puis,
sur le fond, il proclame fièrement qu’il «tient la loi sur l’égalité pour moins que rien», que c’est un acte législatif «superflu», dont il a «combattu l’introduction de manière active pendant 10 ans», que cette loi contient des contraintes «absurdes» faites aux patrons, que sous le label d ’«égalité» on cherche à réintroduire de «vieilles revendications» visant à «socialiser le monde du travail»
qui nuiraient massivement à la «capacité de la
place économique suisse». Il rappelle en outre qu’il
réclame depuis des années la liquidation du bureau
fédéral pour l’égalité, afin que
«la promotion active de l’égalité et les restrictions de liberté qu’elle entraîne» soient éliminées. Au mépris de l’évidence des faits, il affirme que la «question des salaires qu’on met en avant n’est plus une question de sexe»…

En fait, pour lui, derrière tout ça, il y a une
«idéologie étatiste prônée par des
féministes de gauche…qui vise à
l’éclatement des familles». Ainsi, «la politique de l’égalité est viciée, elle promeut la division et l’agressivité…» et pour boucler la boucle «elle contribue à l’insécurité»! A quand une initiative pour «plus de sécurité» à travers l’expulsion des féministes… ou des femmes tout court?

Dans la suite du débat, et dans un registre plus doucereux, on a
les propos d’un Freysinger qui, contre
l’égalité, fait l’éloge… de la
différence! Entre les sexes évidemment… la question des
étrangers, des noirs ou des musulmans, c’est autre chose.
Citons quand même quelques perles: «Si j’étais femme, je revendiquerai l’inégalité…» affirme-t-il sans sourciller, tout en se plaignant pro domo que: «L’homme affirmant sa virilité est qualifié de macho….»
Au-delà, bien sûr de ces déclarations, le groupe en
question votera contre toutes lesmesures concrètes pour faire
appliquer la loi sur l’égalité.

Les homophobes au front

Venons-enmaintenant à la campagne électorale en cours. Il
faut bien sûr d’abord rappeler qu’au-delà de
sa contribution en première ligne au démantèlement
social, qui pénalise tout particulièrement les femmes,
comme c’est le cas par exemple de la dernière
révision de l’AI que nous avons combattue et dont
l’UDC revendique fièrement la paternité,
l’UDC s’est opposée ces dernières
années explicitement à la décriminalisation de
l’avortement, à l’assurance-maternité, au
partenariat enregistré pour les couples homosexuels…

Sur le terrain de l’homophobie, à Genève
l’UDC s’est illustrée il y a quelque mois avec son
affiche contre les homosexuels «inféconds»,
et a aussi combattu l’an dernier le subventionnement de
l’association Viol-Secours, un député UDC
s’inquiétant de «l’idéologie féministe véhiculée par l’association» et estimant que «la prévention du viol est déjà bien assez efficace…»
par ailleurs. Ce qui n’est pas le cas évidemment quand il
s’agit de dénoncer
l’«insécurité», comme le fait une jeune
candidate UDC genevoise (il n’y en a que deux sur leur liste
à 10) – gradée à l’armée
– convoquée à Bienne le 24 août qui invoque
notamment les viols pour rappeler que «L’UDC se bat pour un pouvoir exécutif fort qui instaure la discipline…»

Pas un sou pour les crèches

Dans le programme national de l’UDC, le parti blochérien
parle très peu des femmes, sinon logiquement au chapitre de la
famille. Dans ce domaine, le parti blochérien veut «renforcer la famille traditionnelle» (avec son pouvoir exécutif «traditionnellement» fort et masculin!) au nom du fait que «Le mariage et la famille constituent toujours le fondement et le noyau de notre communauté…»
Cette affirmation du primat de la famille traditionnelle
s’assortit évidemment, par exemple, d’un refus de
soutenir, sur le plan fédéral, les infrastructures pour
l’accueil des enfants en bas âge: «Ce n’est pas l’affaire de la Confédération…», il faut dans ce domaine, comme dans bien d’autres, «laisser la place aux initiatives privées…».

En outre l’UDC affirme publiquement dans son programme national «combattre l’égalitarisme» et refuser l’édiction de vains «règlements bureaucratiques» en la matière, comme la «guerre des sexes», au nom d’une vision de l’homme et de la femme «partenaires dans le monde du travail et de la politique».

L’homme décide, la femme… assure l’intendance

Au sujet dudit partenariat à la sauce UDC, la prestation
médiatique du couple Blocher est éclairante, si Madame
Sylvia Blocher pose bien à côté d’un Blocher
campant le père de la patrie des banques, des autoroutes et de
l’armée, sur un alpage, dans le clip électoral
raciste de l’UDC, deux pages d’interview publiées par Le Matin le 31 août en disent plus.

«Si certaines femmes veulent faire de la politique à travers un mandat d’élue c’est très bien…»
affirme Sylvia Blocher, mais elle préfère faire de la
politique autrement, en parlant de ses expériences «issues du quotidien», en s’engageant sur le plan de la «société civile».
Dans le fond, le rôle «naturel» des femmes… avant
qu’elles n’aient le droit de vote et d’être
élues. A la question de savoir quel statut elle a par rapport
à son mari, elle répond: «La réalité c’est que c’est mon mari qui a les idées et qui pousse les projets».
Alors qu’est-ce qu’elle apporte dans ce «partenariat
modèle» à la sauce UDC? «Je
m’occupe de le libérer d’un maximum de contraintes
quotidiennes, je fais tout ce dont il ne veut et peut
s’occuper….
» Bel aveu!

Jocelyne Haller et Pierre Vanek