Nous avons fait aboutir massivement le référendum contre la loi sur le chômage!

Nous avons fait aboutir massivement le référendum contre la loi sur le chômage!

Le référendum contre la
loi genevoise sur le chômage a abouti le 15 août… avec le
résultat exceptionnel de 9600 signatures,
récoltées au cœur de l’été,
sans l’appui d’aucun parti gouvernemental (verts et PS) et
sans le soutien à ce jour de la majorité des syndicats.
Au sein d’«A Gauche Toute!», solidaritéS a
fait le plus gros boulot, avec près de 5000 signatures
récoltées dont les 3500 dernières en moins de deux
semaines. Une présence quotidienne de nos camarades dans la rue,
au contact avec les gens, dont tous nos militant-e-s sont sortis
renforcés dans leur détermination de mener campagne
jusqu’au bout et de gagner le vote déjà
agendé au 16 décembre, en même temps – entre
autres – que nos deux initiatives fiscales… Il faut maintenant
battre le fer quand il est chaud, reprendre l’initiative pour
élargir le front d’opposition et préparer une
campagne mobilisatrice. A quand par ex. une manif à
Genève sur ces questions sociales contre la politique du Conseil
d’Etat? Ci-dessous de larges extraits de l’intervention de
Jocelyne Haller au dépôt du référendum. (pv)

Le 24 avril 2005, les électeurs-trices genevois refusaient la
suppression des «emplois temporaires cantonaux» (ETC).
Tenter une nouvelle offensive contre les chômeurs-euses, comme
l’a fait le gouvernement avec l’aval du parlement et de
nombreux «partenaires sociaux» est un déni
démocratique. De fait, les autorités ont laissé
pourrir la situation pour accréditer les mesures de la nouvelle
loi. Sous prétexte d’avancées mineures, elles
jettent aux oubliettes un dispositif de sécurité rendu
indispensable par la situation de Genève en matière de
chômage. On oublie trop que c’est précisément
le taux de chômeurs de longue durée, de 2 fois plus
élevé à Genève que dans d’autres
cantons, qui a rendu la mise sur pied des ETC indispensable.

Les ETC permettent aux chômeurs-euses en fin de droit
d’éviter de perdre un revenu principal ou un des revenus
d’un groupe familial. Il est un frein à
l’appauvrissement de la population en butte au chômage. Aux
plus précaires, il évite le recours à l’aide
sociale et de devenir des assistés, à qui on le
reprochera ensuite. Ces emplois sont un travail réel, avec un
salaire, contribuant à redonner confiance aux personnes
concernées et à les sortir d’une spirale
infernale… A l’issue de ceux-ci, les statistiques
révèlent un taux de réinsertion de 35%. Par
conséquent, rendre les ETC responsables du taux de chômage
à Genève est un mensonge politique relevant de la
«théorie des abus». Nous réfutons cette
mythologie qui ne sert qu’à justifier et rendre populaire
une remise en cause de la politique sociale et les restrictions de
droits sociaux dont elle s’accompagne.

Nous condamnons à plus forte raison l’accusation faite aux
ETC d’inciter à rester chômage au moment où
l’Etat, qui est le plus grand consommateur d’ETC s’en
est abondamment servi pour remplacer les postes supprimés dans
la fonction publique, et augmente le chômage en mettant en
pratique son objectif de réduction de 5% de sa masse salariale.
L’actuelle loi cantonale sur le chômage n’est pas la
panacée, mais la nouvelle loi est pire. Elle diminue
drastiquement la durée de protection des chômeurs-euses et
surtout permet un tri entre chômeurs réinsérables
et les autres, les «laissés pour compte». Pour
ceux-là, on s’apprête à détourner de
sa mission première le marché, dit «social et
solidaire». Destiné aux personnes rencontrant des
difficultés majeures de réinsertion professionnelle,
celui-ci va devoir se muer en une sorte de purgatoire de l’emploi
pour ceux que le marché du travail ne parviendra pas à
assimiler.

Mais plus que tout, ce marché, constituant ainsi une voie de
relégation, sera appelé à absorber de
manière permanente, sans salaire plancher minimum autre que les
normes d’aide sociale, les surnuméraires du marché
de l’emploi, offrant ainsi un volant de main d’œuvre
corvéable à merci. Dès lors, la porte est grand
ouverte, tant à une paupérisation majeure des
chômeurs qu’à la sous-enchère salariale. Rien
d’étonnant donc au fait que la loi ait reçu un
accueil favorable des milieux patronaux, qui se sont vu octroyer au
passage –eux, si soucieux de la gestion des deniers de
l’Etat –une plus grande participation de l’Etat (de
40 à 50%) en cas d’engagement de chômeurs.

Si l’Etat entend être crédible dans la lutte contre
le chômage, il conviendrait de faire la guerre au chômage
plutôt qu’aux chômeurs! Il doit maintenir en son
sein, voire stimuler la création de vrais emplois plutôt
que d’alimenter la déréglementation du
marché du travail sous prétexte de lutte contre le
chômage et de charité mal ordonnée contre les
chômeurs. Car sous prétexte de viser le chômage,
c’est tout le monde du travail qui est visé! C’est
pourquoi, nous appelons toutes les forces progressistes à
réviser leur position, à nous rejoindre et à
appeler à voter, comme en 2005, en faveur du
référendum dont nous déposons ce jour les 9623
signatures.

Jocelyne Haller