Trois candidates de solidaritéS répondent aux questions de l’Emilie

Trois candidates de solidaritéS répondent aux questions de l’Emilie

Le journal féministe
«L’Emilie» a adressé aux candidat-e-s aux
élections nationales une série de 7 questions. Jocelyne
Haller, Ynés Gerardo et Vera Figurek candidates de
solidaritéS sur la liste «A Gauche toute!» à
Genève vous livrent ci-dessous quelques réponses.

Il manque des dizaines de milliers de places de crèche en
Suisse, quelles mesures envisagez-vous au plan fédéral
pour que cet état de fait évolue?

L’an dernier le Conseil fédéral a sollicité
un crédit en faveur des crèches de 60millions pour 4 ans,
soit 15 millions par an à l’échelle du pays!
C’est dérisoire, il faut augmenter ce financement en
faveur des crèches publiques et développer les
crèches d’entreprises, en en imposant la création,
le cas échéant, quand les patrons font la sourde oreille.
En plus des crèches, il faut diversifier les modalités
d’accueil des enfants (garderies autogérées,
accueil à domicile, activités accompagnées dans le
cadre scolaire, …) et professionnaliser sérieusement
l’accueil d’enfants à domicile.

Quelles mesures devraient être prises pour que les
différences salariales entre hommes et femmes (env. 20%)
diminuent significativement?

La loi sur l’égalité, votée il y a plus de
10 ans, doit être réellement appliquée, pour ce
faire des moyens de suivis sont indispensables, dans ce sens, comme
dans d’autres domaines, les droits syndicaux et la protection des
représentant-e-s des travailleurs-euses doivent être
renforcés.

En matière de formation, l’égalité des
chances doit devenir effective, notamment en garantissant
l’accès à toute filière professionnelle
indépendamment de tout a priori de genre.

De plus, la formation continue doit être
développée, avec un accent particulier sur
l’accès des femmes à ces mesures. Afin que les
femmes puissent accéder plus facilement aux postes à
responsabilités, le temps partiel pour les postes de cadres doit
être promu. Plus généralement, il faut une baisse
du temps de travail, sans diminution salariale et l’introduction
d’un salaire minimum légal à l’échelle
nationale qui revalorisera les plus bas salaires largement
féminins.

Allez-vous vous battre pour qu’un
congé-paternité digne de ce nom soit instauré au
niveau fédéral? Avec quels arguments? Si non pourquoi?

Oui, le congé paternité nous parait indispensable pour
favoriser le partage des tâches. Il est urgent de rompre avec les
modèles éducatifs traditionnels découlant du
modèle patriarcal. Un tel congé paternité doit
s’inscrire dans une dynamique de congé parental. Mais le
congé maternité fédéral actuel doit aussi
être étendu par ex. pour atteindre les 16 semaines
genevoises.

Que pensez-vous pouvoir encore faire contre la violence conjugale?

D’un point de vue général, on doit lutter contre la
violence sociale qui induit et alimente les violences individuelles.
Depuis 2004, le code pénal suisse prévoit la poursuite
d’office des violences domestiques, il faut que son application
soit systématique. Le conjoint agresseur doit être
éloigné du domicile, pour cela les moyens (foyers
d’accueil,…) doivent être suffisants.

Tant les personnes agressées que les agresseurs ont besoin
d’un accompagnement thérapeutique, cela demande aussi des
moyens humains et économiques.

Pour finir, il est essentiel de généraliser et rendre
obligatoire la formation adéquate des policiers amenés
à intervenir dans ce genre de situations.

Il y a un grand manque d’infrastructures dans le domaine de
la prise en charge des enfants, particulièrement en bas
âge, et des personnes âgées et/ou
dépendantes. A cela s’ajoute que le partage du travail
domestique entre femmes et hommes reste problématique. Dans ce
contexte, de nombreuses femmes sans statut légal travaillent
dans l’économie domestique. Quels droits pensez-vous
accorder à ces personnes qui accomplissent des tâches
indispensables au bon fonctionnement de la société?

En amont, il faut maintenir, voire développer les
infrastructures en question, mises en péril par les politiques
de restrictions budgétaires. La LETr entérine la
politique des «cercles», ce qui crée des personnes
sans statut légal, c’est scandaleux. La
régularisation collective des femmes sans statut légal
est essentielle. L’Etat doit jouer un rôle facilitateur
dans l’organisation, la professionnalisation et la reconnaissance
des partenaires sociaux de ce secteur. Sur la question du partage des
tâches elle passe aussi par un abaissement radical du temps de
travail, sans diminution de salaires et pour tous et toutes,
plutôt que par le travail à temps partiel contraint,
auquel sont trop souvent soumises les femmes.

Quelles sont les mesures que vous préconisez pour
améliorer le quotidien des femmes et permettre plus
d’égalité entre les sexes?

En plus de ce que nous avons déjà dit, il faut lutter
contre la paupérisation des familles afin que
l’activité professionnelle des deux parents repose sur un
choix et non sur une obligation.

Les modèles et concepts sexistes et patriarcaux sont
présents dans tous les domaines, c’est important de les
renverser et d’en transmettre d’autres, que ce soit
à l’école, dans la famille et les médias. A
ce sujet, les contenus publicitaires, notamment, représentent
encore trop souvent les femmes comme des objets.

Les membres du réseau suisse des associations œuvrant
dans le domaine de la prostitution (PROCORE) estiment que la
prévention contre les violences dans ce milieu passe par la
reconnaissance des droits fondamentaux des personnes travailleuses du
sexe. Cette approche «par les droits» est opposée
à la criminalisation et à l’interdiction de la
prostitution. Elle considère que le travail du sexe doit pouvoir
s’exercer de manière autonome et sans stigmatisation. La
répression de tout sexe tarifé crée un terrain
favorable aux abus et à la prostitution forcée.
Qu’en pensez-vous?

C’est très important de dénoncer la criminalisation
et la stigmatisation des personnes qui pratiquent le travail du sexe,
leurs droits fondamentaux doivent absolument être
respectés. L’application de la loi sur le
proxénétisme et la traite des femmes est essentielle. La
pauvreté et la précarité, plus
particulièrement sous l’angle des rapports nord-sud,
doivent être combattues afin que des personnes ne se retrouvent
pas obligées de se prostituer. Il y a une hypocrisie qui
consiste à fermer les yeux sur l’utilisation abusive de
certains statuts, notamment les permis «L» pour les bars
à champagne et cabarets, nous la dénonçons
fermement. Il faut se donner les moyens de surveiller le respect des
conditions de travail des artistes de cabarets.

Jocelyne Haller,

Ynés Gerardo,

Vera Figurek