NON à la suppression des emplois temporaires!

NON à la suppression des emplois temporaires!

En avril 2005 une large
majorité des électeurs-trices genevois disaient
«NON au saccage des droits des chômeuses et des
chômeurs». La loi refusée à juste titre
visait en effet à supprimer les «emplois temporaires
cantonaux» (ETC) qui donnent à une personne qui a
épuisé ses indemnités de l’assurance
chômage le droit d’obtenir un emploi d’une
année auprès d’une collectivité publique ou
d’une institution à but non lucratif.




A la session de fin juin 2007, le
Grand Conseil a accepté une modification de la loi sur le
chômage, revenant ainsi sur la décision populaire
exprimée en 2005. Cette année-là, les forces
syndicales et les partis de l’Alternative s’étaient
tous lancés dans la bataille référendaire, ce
n’est plus le cas aujourd’hui, puisque seuls A Gauche
Toute!, le SSP et Comedia soutiennent, pour l’instant, ce
référendum. Nous publions ici l’argumentaire
référendaire.

Supprimer des emplois temporaires indispensables et encourager la
sous-enchère salariale? S’en prendre aux droits des
salarié-e-s et des chômeurs-euses, plutôt que de
s’attaquer au chômage?

Plutôt que de faire des chômeurs-euses en fin de droit des
assisté-e-s, ces emplois temporaires, loin d’être
des sinécures sont un travail réel, qui procure un
salaire, qui peut contribuer à redonner confiance en elles aux
personnes concernées et les aider à sortir d’une
spirale infernale…

A l’issue de ces ETC, on constate d’ailleurs un taux de
réinsertion significatif sur le marché de l’emploi
de 35%. En outre, pendant la durée de ces emplois, les
salarié-e-s concernés acquittent, comme de juste,
l’ensemble des cotisations sociales ordinaires et regagnent ainsi
un nouveau droit à être indemnisés par
l’assurance chômage, s’ils-elles ne retrouvent pas un
emploi.

Cette ressource des emplois temporaires n’est pas un passage
obligé, mais un dispositif de sécurité
nécessaire, qui existe depuis plus de 20 ans pour tous les
salarié-e-s du canton de Genève. C’est une garantie
de ne pas être plongé brutalement dans la
précarité et d’avoir devant soi – en cas de
licenciement – une période de plusieurs années pour
refaire surface.

Le modeste salaire plancher de 3300 Fr, prévu pour les emplois
temporaires actuels, représente non seulement une garantie de ne
pas sombrer dans la misère pour les personnes concernées,
mais aussi un cran d’arrêt contre la spirale de la
sous-enchère salariale sur le marché du travail, qui
menace toujours plus l’ensemble des salarié-e-s. Or la
majorité de droite du Grand Conseil (Entente, UDC et MCG)
– avec l’appui des Verts – vient de voter une
nouvelle loi cantonale qui supprime le droit aux emplois temporaires.
Cette loi est inacceptable, en effet:

  • Elle bafoue la volonté populaire clairement
    exprimée il y a deux ans. Plutôt que
    d’améliorer le fonctionnement des dispositifs existant, ce
    qui ne demandait pas une nouvelle loi, elle en casse brutalement un
    élément central.
  • La philosophie du projet de loi est de s’attaquer au taux
    de chômage en s’attaquant aux droits des
    chômeurs-euses et non de s’attaquer au chômage par
    une politique volontariste de maintien et de création
    d’emplois. Dans cette logique, pour supprimer le chômage,
    il suffirait de supprimer l’assurance-chômage!
  • Elle supprime, avec les emplois temporaires (ETC), une protection
    importante pour tous les salarié-e-s, prétextant que nos
    mesures cantonales ne seraient pas agréées par Berne. Or
    ceci ne se justifie par aucunedisposition du droit
    fédéral existant, le chantage du Conseil
    fédéral en la matière peut et doit être
    combattu.
  • Pour les chômeurs-euses en fin de période
    d’indemnisation, elle prévoit un accès –
    éventuel seulement – à des «programmes
    d’emploi et de formation » cantonaux de 6 mois. Mais cette
    durée ne pourra se cumuler avec celle de mesures analogues
    octroyées durant la période d’indemnisation. Ces
    programmes, bien que soumis à cotisation, ne seront donc pas
    suffisants pour ouvrir de nouveaux droits. Leur «compensation
    financière» n’a en outre aucun montant minimum
    garanti.
  • Elle prévoit des «emplois de
    solidarité» sur un «marché
    complémentaire de l’emploi» auquel
    l’accès n’est un droit pour personne. Ceci sans
    salaire minimum autre que le niveau – récemment revu
    à la baisse – des prestations de l’assistance,
    participant ainsi à la spirale de la sous-enchère
    salariale, entérinant la création d’un «sous
    marché de l’emploi» subventionné
    destiné à celles et ceux considérés comme
    «implaçables».
  • Elle vise des économies sur le dos des plus
    démuni-e-s et une diminution cosmétique du taux de
    chômage genevois en refoulant des chômeurs-euses à
    l’assistance. On met en avant le taux de chômage de
    Bâle par exemple, inférieur de 2,7% à celui de
    Genève en escamotant le fait qu’à Bâle le
    taux de personnes assistées ou à l’AI est bien
    supérieur aux taux genevois et que globalement, Genève
    fait mieux que Bâle.

Le problème ce n’est pas les chômeurs-euses,
comme le prétend la droite qui veut escamoter leur existence,
mais le chômage!

Pour combattre celui-ci, il faut promouvoir des emplois socialement
utiles, combattre les licenciements dans les entreprises qui font des
bénéfices et donner plus de droits aux
travailleurs-euses, mettre un terme aux heures supplémentaires,
réduire et non pas augmenter l’âge de la retraite,
instituer de réelles mesures contre le dumping salarial,
notamment par des salaires minimums légaux et l’extension
des conventions collectives, mener une politique fiscale qui permette
et encourage la création d’emplois et sanctionne les
suppressions de postes de travail, favoriser les PME locales
plutôt que les multinationales, cesser enfin de supprimer des
postes dans le secteur public comme le fait le Conseil d’Etat qui
a produit cette loi…

Signer ce référendum lancé par «A Gauche
toute!» c’est non seulement défendre un acquis
social important pour toutes et tous, mais également donner le
signal d’une volonté de combattre réellement le
chômage, plutôt que de s’en prendre aux droits des
chômeurs-euses!