Elections nationales, pour une liste unique AGT !

Elections nationales, pour une liste unique AGT !

Nous publions ci-dessous les
réponses de Marie-Eve Tejedor à des questions
posées par GaucHebdo concernant les élections nationales
de cet automne et AGT! à Genève.

C’est la crise à AGT! Après les communistes, le
Parti du Travail annonce qu’il se présentera en sous
apparentement aux prochaines élections fédérales;
Les Indépendants de Gauche, solidaritéS puis une
Assemblée d’AGT! ont confirmé l’idée
d’une liste unique. Qu’y a-t-il d’insupportable ou de
raisonnable dans le choix du PdT?

Dans ces élections il s’agit de garder au minimum un
siège «genevois» de la gauche de la gauche et de
développer les grands thèmes qui nous unissent:
contestation du capitalisme, du «tout-au-marché» et
du diktat des profits, refus du démantèlement social et
des privatisations, défense des salarié-e-s et des
couches les plus défavorisées, lutte pour
l’égalité des droits entre toutes et tous,
étrangers et Suisses… refus de la politique
social-libérale du PSS. Nous devons mobiliser un
électorat populaire, lui donner des raisons de ne pas se tourner
vers le MCG ou l’UDC. Pour ce faire, une liste unique –
conforme aux engagements pris et annoncés solennellement
l’automne dernier par toutes les formations d’AGT! –
représente un espoir et a une crédibilité bien
supérieure à l’addition des résultats de 4
listes distinctes et concurrentes, liées par un
«sous-apparentement», qui relève plus d’un
accord «technique», peu compréhensible par le grand
public, que d’une manifestation de notre capacité
d’engagement commun! Pour ce qui est des communistes, ils
prendront une décision définitive sous peu, rien
n’est joué.
 GT! maintenant le cap de la liste unique, nous avons bon espoir
que le PdT se rallie à celle-ci, puisque la voie des 4 listes
sous-apparentées, privilégiée par son
Congrès, a été rejetée par au moins deux
des composantes appelées à participer à un
hypothétique sous-apparentement.

Pourquoi le sous-apparentement acceptable dans le canton de Vaud ne l’est-il pas à Genève?

Dans le canton de Vaud le sous-apparentement est à notre avis
aussi un pis-aller. solidaritéS-Vaud était favorable
jusqu’au bout à une liste commune. Mais les situations
vaudoise et genevoise sont très différentes. A
Genève, nous avons connu la division en 2005 et
l’éviction du Grand Conseil des représentant-e-s de
15% de l’électorat de la gauche de la gauche!
L’engagement pris de se présenter ensemble aux
municipales, aux nationales, et enfin au Grand Conseil répond
à une attente de la part des gens que nous
défendons/représentons. C’est un engagement
qu’on ne peut pas rompre à la légère, en
affirmant qu’on se remettra ensemble pour le Grand Conseil
«parce qu’on est bien obligés». On a
démontré en 2005 que cette «obligation »
là, ne résistait pas forcément au choc des
contradictions entre nous et des intérêts divergents.

Quels sont les cas de figure qui se présentent
désormais? L’alliance électorale est-elle en
question ou doit-elle être renégociée? La question
électorale n’en pose-t-elle pas d’autres:
organisation de l’alliance, sa dynamique, ses stratégies?
La vraie question n’est-elle pas que les partenairesau sein
d’AGT! se sont plus préoccupés de ce qui les
sépare que de ce qui les unit?

solidaritéS maintient le cap de la liste commune AGT! avec
celles et ceux qui souhaitent y participer, si des organisations
persistaient à vouloir partir séparément, elles
devraient assumer leur choix complètement. L’alliance
électorale n’est pas à rediscuter maintenant au
moment du dépôt des listes. Nous traversons une crise avec
les élections nationales, n’oublions pas qu’AGT! a
un groupe municipal en Ville qui va travailler ensemble durant 4 ans.
Certes nous devons trouver des réponses nouvelles en
matière d’organisation, de stratégie, de dynamique
de cette alliance… Nous avons cherché, avec AGT!, à
créer un cadre qui permette des débats politiques
réels entre militant-e-s de nos organisations, plutôt que
d’en rester à un simple cartel d’organisations avec
une unité «au sommet» seulement, comme l’a
trop été l’ADG, c’est le sens de nos AGs de
militant-e-s. Il est dommage qu’elles soient largement
monopolisées aujourd’hui par des discussions de tactique
électorale, en revenant sur des décisions
déjà prises. Il ne faut, en effet, pas oublier que notre
adversaire c’est la droite: nous devons nous donner les moyens
pour battre celle-ci en 2009 au Grand Conseil en y reprenant pied
ensemble, en mettant l’accent sur ce qui nous unit. Cet objectif
est central, pour le crédibiliser une liste aux Nationales qui
fasse 10 ou 12 % est un atout qu’on ne saurait brader au nom de
la volonté de chacun d’agiter son propre drapeau.

Le PdT affirme la nécessité d’une meilleure
visibilité politique pour expliquer la stratégie
décidée par les délégués de son
congrès extraordinaire. Cette absence de visibilité ne
pose-t-elle pas problème aux autres composantes? AGT!
n’est-elle pas une «couverture» trop envahissante
pour les partis de la gauche combative?

En l’état la «couverture» AGT! est bien moins
«envahissante» que celle de l’ex-ADG qui menait un
combat permanent au Grand Conseil, avec des élu-e-s, à
l’étiquette ADG très marquée. Au contraire,
AGT! ne s’impose pas vraiment suffisamment pour le moment et
c’est dommage! La volonté de
«visibilité» du PdT est légitime, même
si ce n’est pas forcément au moment des élections
– et de ces élections à Genève –
qu’il faut prioriser cet aspect. Pour mémoire, il faut
rappeler que solidaritéS a plaidé pour que les
appartenances soient indiquées sur les bulletins de vote, lors
des élections municipales, et pour qu’en plus de la
campagne centrale commune d’AGT!, les composantes puissent
continuer jusqu’au scrutin à diffuser leur matériel
propre, presse, tracts, etc. Les représentant-e-s du PdT
s’y étaient opposés à l’époque,
et – au nom de l’unité – solidaritéS a
accepté cet «effacement»… Des moyens existent donc
pour que chaque composante garde sa visibilité et puisse mettre
en avant ses spécificités, sans pour autant faire liste
à part. AGT! peut être mise au service de la
visibilité de ses organisations affiliées et servir
celles-ci plus efficacement que des mini-campagnes
séparées, avec un résultat décevant
à la clé.

Marie-Eve Tejedor