Mobilisation contre la résiliation de la CCT du bâtiment

Mobilisation contre la résiliation de la CCT du bâtiment

A la fin du mois de mai, la société suisse des
entrepreneurs (SSE) résiliait la convention nationale (CN) du
gros œuvre (maçonnerie, excavation) pour la fin septembre
2007. Cette décision, prise quelques jours avant une nouvelle
phase de l’accord bilatéral sur la libre circulation des
personnes, amenant la levée des contingents pour les permis de
courte et longue durée des travailleurs de l’UE, est
politiquement irresponsable et socialement scandaleuse.

Alors qu’il faut renforcer les CCT et les mesures
d’accompagnement, qui sont essetielles pour lutter contre le
dumping salarial, la SSE encourage une pratique de sous-en-chère
salariale et sociale. En effet, cette résiliation signifie, pour
les ouvriers, plus aucune garantie en matière, notamment, de
salaire, horaires, indemnités de maladie, protection contre le
licenciement, retraite à 60 ans, semaines de vacances
supplémentaires… Dans le communiqué de presse
annonçant la résiliation de la CN, la SSE la justifie en
parlant d’«entêtement» des syndicats, en
dénonçant «leur politique défensive de
conservation et leur obstructionnisme»et en affirmant
«qu’elle n’avait d’autre choix que de se
prononcer sur la résiliation pour la prochaine date
possible». Comme condition à la poursuite des
négociations, la SSE exigeait et exige que les syndicats
acceptent une flexibilisation quasi-illimitée de la durée
du travail, jusqu’à 180 heures annuellement. Ce
mépris patronal rejoint celui des autorités
fédérales qui n’ont pas jugé bon
d’inviter les ouvriers pour l’inauguration du tunnel du
Lötschberg, il est vrai que ceux qui laissent souvent leur
santé sur les chantiers ne valent rien en regard des profits.

Face à ces attaques inacceptables contre les conditions de
travail, la mobilisation s’organise. Le premier acte de celle-ci
a pris la forme d’une manifestation et d’un arrêt de
travail bloquant les grands chantiers le 18 juin. Plus de 3000
ouvriers, à l’appel des syndicats, SIT, UNIA et SYNA, sont
descendus dans la rue pour exiger le maintien et le renforcement de la
CN. Ces travailleurs, auxquels nous apportons notre soutien, ont fait
entendre leurs revendications légitimes et indispensables jusque
sous les fenêtres des bureaux de la SSE à Genève.
Les travailleurs de Suisse allemande manifesteront le 29 juin à
Lucerne; le 22 septembre, Zurich accueillera une manifestation
nationale. Le 30 septembre, la CN sera caduque, la paix du travail
risque donc de l’être aussi, car comme le scandaient les
manifestants «Pas de convention, pas de construction!»

Marie-Eve Tejedor