Avril 2007«Mission femmes» en Palestine

Avril 2007«Mission femmes» en Palestine

Une 2e «mission femmes»
organisée par le Collectif Urgence Palestine s’est rendue
en Cisjordanie du 5 au 15 avril 2007. Trois questions «à
chaud» à Anne-Marie Barone, l’une des participantes.

Quels étaient les objectifs de cette «mission» et comment a-t-elle été reçue sur place?

Cette mission, composée de 11 femmes de plusieurs cantons
romands, fait suite à la première «mission
femmes» en Cisjordanie en octobre 2004. Nous nous sommes
fixé plusieurs objectifs: d’une part, retourner à
Tulkarem pour rencontrer l’association de femmes palestiniennes
dont nous avons soutenu un projet suite à notre visite en 2004;
d’autre part, nous voulions, par des rencontres avec des femmes
et associations de femmes palestiniennes, mieux comprendre la situation
politique actuelle suite à la victoire du Hamas aux
élections législatives; nous voulions aussi approfondir
le thème de la violence contre les femmes, et recueillir des
témoignages d’ex-prisonnières. Sur place, nous
avons été accueillies chaleureusement par les femmes
palestiniennes; le fait d’être un groupe exclusivement
composé de femmes nous a permis d’entrer plus facilement
en contact avec elles, notamment pour aborder certains sujets
délicats comme les violences ou les mauvais traitements en
prison.

Quels changements avez-vous constatés dans la situation en Cisjordanie depuis votre précédente mission en 2004?

Malheureusement, nous avons pu constater la progression du
«grignotage» des territoires palestiniens par la
construction du Mur ainsi que par l’extension des colonies. En
outre, nous avons remarqué que les check-points de
l’armée israélienne dans les territoires
occupés avaient été agrandis, reconstruits
«en dur» et «modernisés», ce qui
démontre bien qu’actuellement Israël n’a aucune
intention de se retirer des territoires qu’il occupe
illégalement depuis 1967. Sur le plan économique,
l’étranglement de la population palestinienne s’est
aggravé en raison du boycott de l’Union européenne
et des USA qui ont suspendu leur aide économique à
l’Autorité palestinienne depuis la victoire du Hamas aux
dernières élections; ceci est ressenti à juste
titre par les Palestinien-ne-s (y compris ceux et celles qui
n’ont pas voté pour le Hamas!) comme une punition
collective injustifiée. Cependant, malgré
l’aggravation de la situation, les militant-e-s palestinien-ne-s
que nous avons rencontrés ne baissent pas les bras, mais
continuent à résister et à lutter avec un courage
et une énergie remarquables.

Dans le contexte de lutte contre l’occupation israélienne, y a-t-il la place pour que les femmes palestiniennes puissent faire valoir leurs revendications propres?

Les femmes palestiniennes sont les principales victimes de
l’occupation; elles la subissent à la fois directement
(par exemple lorsqu’elles sont fouillées et
humiliées aux check-points, emprisonnées et
maltraitées en prison, qu’elles ne peuvent plus se rendre
à l’Université ou dans leurs champs  à
cause des blocages et du Mur, etc.), et aussi indirectement (par
exemple lorsque leurs maris, frères, fils sont
emprisonnés ou tués, ou qu’elles subissent la
violence intrafamiliale due à la promiscuité, au
chômage des hommes, au désespoir, etc.) Dans ce contexte,
les femmes palestiniennes sont en première ligne dans la
résistance quotidienne contre l’occupation, et elles
doivent en même temps se battre contre certains aspects de leur
culture traditionnelle patriarcale, par exemple pour avoir le droit de
sortir de chez elles afin de pouvoir travailler, étudier, voter,
manifester, etc. Il n’y a donc à mon avis aucune
contradiction entre la lutte contre l’occupation et la lutte des
femmes pour améliorer leur condition.

Entretien réalisé par la rédaction