Après les élections cantonales, le service public à la casse?

Après les élections cantonales, le service public à la casse?

Le 2e tour de l’élection au gouvernement vaudois, le 1er
avril 2007, a vu la majorité de droite (libérale,
radicale et UDC) reconduite. L’élection, au Conseil
d’Etat, du libéral Philippe Leuba, représentant des
milieux immobiliers, annonce d’ores et déjà de
nouvelles attaques aux dépenses sociales, des baisses
d’impôts au profit des plus fortunés et des cadeaux
fiscaux pour les gros propriétaires. Le candidat
d’«A Gauche toute!» (AGT), Josef Zisyadis, a obtenu
41,45% sur le plan cantonal; dans le district de Lausanne et dans la
commune de Renens, il dépasse la barre des 50%. Rappelons
qu’aux élections pour le parlement, qui se sont
déroulées le 11 mars 2007, AGT avait progressé en
terme de suffrages (par rapport au résultats du POP&Gauche
en mouvement en 2002), passant de 5706 à 5939 bulletins de
parti, soit de 6,7 à 6,9%. Toutefois, compte tenu de la
réduction du nombre de députés au Grand Conseil
(qui passe de 180 à 150) ainsi que du redécoupage des
cercles électoraux, la députation d’AGT est
réduite de 11 à 5 député-e-s. Au
législatif, la majorité est également
restée à droite. Cette majorité n’avait du
reste pas attendu le résultat de ces élections pour
accentuer encore son offensive contre les services publics!

Vers la privatisation du Service des automobiles

Dans la même logique de privatisation que celle qui a
prévalu avec les ex-régies fédérales (PTT
et CFF), à savoir un service public transformé en
entreprise fonctionnant selon la logique du profit, la privatisation du
Service des automobiles et de la navigations (SAN) a été
décidée par la majorité de droite au Grand Conseil
vaudois. Cette privatisation n’ose toutefois pas dire son nom,
puisque ses partisans parlent «d’autonomisation»! Le
résultat sera un service où les prix augmenteront, alors
que les prestations vont se détériorer et les conditions
de travail des employé-e-s se précariser. Comme le
déclarait un député libéral opposé
à cette privatisation, «dans l’autonomisation du
Service des automobiles, le contribuable va se faire tondre, et en plus
il va financer la tondeuse!». Les usagers-ères vont payer
le prix fort pour les prestations: contrôles de
sécurité, permis de conduire, examens de conduite, vente
de plaques. L’égalité de traitement ne sera plus
garantie: les «gros» clients seront
privilégiés et se verront offrir de meilleurs tarifs,
alors que les«petits» paieront plus cher. Quant aux
conditions de salaire, y compris les conditions de retraite, elles vont
être massivement revues à la baisse. Le personnel de
l’Etablissement cantonal d’assurance contre
l’incendie et les éléments naturels (ECA), qui a
été également «autonomisé», en
a fait l’amère expérience.

Sécurité publique en danger

Le SAN assume une mission de sécurité publique. Il a pour
tâche de veiller à la sécurité des
véhicules (voitures, camions et bateaux, notamment) et de leurs
occupant-e-s. Il s’occupe des examens de conduite, remplit des
tâches d’autorité de police, sur le plan
administratif, en établissant ou en retirant les permis de
conduire. Ce serait suicidaire de confier ces tâches au secteur
privé, dont la seule logique sera de rentabiliser au maximum les
prestations offertes au détriment du bien commun. Il existe
certes aujourd’hui de nombreux dysfonctionnements au sein du SAN.
Ils sont largement imputables à ceux qui veulent privatiser, ont
fait preuve de leur incompétence et/ou de leur capacité
de détruire le service public depuis de nombreuses
années. Une privatisation n’améliorerait en rien
cette situation, au contraire!

Appuyer le référendum et se battre pour le service public!

Un comité référendaire contre la privatisation du
SAN a été constitué à l’initiative
des syndicats (SUS, SSP, FSF, USV), solidaritéS Vaud en fait
partie. Rassembler quelques 12 000 signatures nécessaires en
quarante jours n’est pas une promenade du dimanche et
nécessite la mobilisation de toutes et tous…
L’enjeu est d’importance: au-delà du SAN, ce sont
l’ensemble des services publics qui sont attaqués. La
prochaine cible pourrait bien être le Centre hospitalier
universitaire vaudois (CHUV). Les adeptes de la libéralisation
à tout crin sont bien décidés à
réduire le service public à sa portion congrue.
L’aboutissement du référendum contre la
privatisation du SAN et son succès en votation populaire peuvent
mettre un cran d’arrêt à la boulimie de la
majorité libérale, radicale et UDC qui se sent pousser
des ailes, suite aux résultats des dernières
élections cantonales!

Jean-Michel Dolivo