Ospel, UDC et AI: où sont les abus?

Ospel, UDC et AI: où sont les abus?

Le lamentable spectacle donné
par la majorité de droite du Conseil National dans sa
dernière session a choqué même certains
observateurs bienveillants de journaux bourgeois. Les manoeuvres de
l’UDC autour de l’assurance invalidité ont atteint
leur but: reconstituer sous sa houlette un front bourgeois avec les
radicaux et le PDC, pour couler toute tentative de financement
supplémentaire. Et l’UDC ne s’arrête pas
là, elle annonce, dans la foulée, qu’elle entend
préparer «sa» 6e révision contre les
«fainéants et les voleurs
de rentes», avec une remise en cause du 40% des rentes AI
actuelles qui seraient abusives, et un train de mesures antisociales
supplémentaires dont par exemple une réduction de
moitié des rentes pour enfants…

Les milliards de dettes de l’AI que l’UDC et la droite ont
laissés, et entendent voir encore se creuser, sont
utilisés par ceux qui refusent toute financement correspondant
aux besoins réels de cette assurance sociale, pour justifier des
mesures toujours plus restrictives envers celles et ceux que les
entreprises ne veulent plus. Un nombre toujours croissant de personnes
sont en effet renvoyées de l’AI sans solution.

Aujourd’hui les employeurs sélectionnent les
salarié-e-s les plus performants et exigent d’eux un
investissement total. Ils n’hésitent pas à les
rejeter quand ils sont usés. Les personnes qui ne correspondent
pas à leurs attentes sont ballottées entre
assurance-chômage, invalidité et aide sociale, sans
compter toutes celles et ceux qui attendent anxieusement une
réponse de l’AI et qui se retrouvent pendant des mois sans
revenu.

Au même moment où les députés UDC
péroraient à la tribune sur les «abus» dans
les assurances sociales, la presse annonçait le salaire du
Président du Conseil d’Administration de l’UBS,
Marcel Ospel: 72 852 Fr. par jour.
Où sont les abus?

Les salaires des «hauts dirigeants» sont maintenant rendus
publics à cause des règles imposées par la bourse,
et ils sont à coup sûr représentatifs d’une
tendance générale à une augmentation des revenus
du «dessus du panier». On le voit, la richesse produite se
répartit de plus en plus en faveur des dirigeants de
l’économie et au détriment de la masse des
salarié-e-s. Les mieux nantis de notre société
sont ceux qui tirent un profit maximum de la mondialisation pour
s’en mettre plein les poches. Les mécanismes de ce
transfert sont multiples, mais les Chambres viennent d’en donner
une nouvelle illustration: l’ensemble des partis bourgeois ont
allègrement voté une exemption d’impôts pour
des grands actionnaires qui ne seront plus imposés que sur 50%
des dividendes qu’ils perçoivent! Avec pour
conséquence, 500 millions de moins par an pour la
Confédération
et 150 millions de moins pour l’AVS, pendant ce temps c’est
350 millions de prestations en moins pour les personnes
handicapées que défendent les mêmes partis par leur
OUI à la 5e révision de l’AI le 17 juin.

Ceux qui prétendent à longueur d’année que
les invalides sont des tricheurs sont ceux-là mêmes qui
votent des baisses d’impôts pour les capitalistes. Les
mêmes, bien souvent, qui prétendent qu’il n’y
a plus d’argent et qu’il faut se serrer la ceinture. Des
cyniques qui ne veulent pas une autre répartition des richesses,
plus sociale, plus égalitaire et qui parviennent, à gros
renfort de publicité, à imposer l’idée
fausse, mais peu à peu dominante qu’il est impossible de
s’en sortir autrement.

L’accroissement des inégalités ne tombe pas du
ciel. Le capital accapare de plus en plus de richesses aux
dépens du travail. On voit la montée en puissance
d’un «lobby» regroupant les élites
industrielles, politiques et médiatiques qui, avec constance et
énergie, favorise partout et systématiquement ceux qui
possèdent le capital. Toutes les occasions sont bonnes pour
faire des cadeaux aux riches et démonter la protection sociale.
Nous ne réclamons pas l’aumône mais des droits:
droit à un emploi, à un salaire minimum, à une
protection sociale qui garantisse un revenu digne aux
retraité-e-s et à celles et ceux qui ne peuvent plus
travailler.

Depuis le XIXe siècle, le mouvement ouvrier a parcouru un long
chemin pour imposer des améliorations tant au niveau des
conditions de vie que de travail. Aujourd’hui c’est
à une volonté de contre-réformes radicale des
milieux réactionnaires emmenés par l’UDC
qu’il y a à faire face. Un retournement impressionnant,
qui contredit l’idée que les progrès scientifiques
et médicaux, ainsi que le mieux-être, ne sont pas
réservés à une élite, qui s’est
profondément imposée comme un droit
élémentaire au cours du XXe siècle. C’est
notamment cette idée que nous défendrons en nous
mobilisant pour le NON à la 5e révision de l’AI le
17 juin.

Henri Vuilliomenet