Votation du 11 Mars: la caisse unique plébiscitée par les professionnels de la santé

Votation du 11 Mars: la caisse unique plébiscitée par les professionnels de la santé

Un très large soutien à
l’initiative s’est manifesté ces derniers mois parmi
les professionnels du secteur de la santé. Rappelons que les
associations faîtières du personnel infirmier (ASI), des
sages-femmes (Fédération suisse), des
médecins-assistants et chefs de clinique (ASMAC), des
physiothérapeutes ainsi que la grande majorité des
médecins en Suisse romande et quelques groupements en Suisse
alémanique préfèrent les réponses
apportées par l’initiative sur la caisse unique
plutôt que la situation actuelle.



Parmi les aspects dénoncés par les soignant-e-s, la mise
en place d’une médecine à plusieurs vitesses, la
mainmise des assureurs privés sur le système de
santé, le risque pour les assuré-e-s de la perte de leur
libre choix des professionnel-le-s figurent parmi les principaux
dangers de l’évolution actuelle. En effet, les derniers
sondages montrent que les assuré-e-s sont très
attaché-e-s au libre choix de leurs soignants et de leur
hôpital, et très largement hostiles aux coupes
éventuelles dans le catalogue des prestations de base.

Mais Couchepin n’a pourtant pas hésité à
supprimer le remboursement des médecines douces, pour favoriser
de nouveaux contrats d’assurances complémentaires,
creusant les écarts entre celles et ceux qui pourront se payer
les soins de leur choix et celles et ceux qui devront accepter les
traitements au moindre coût. Le porte parole de
santésuisse a reconnu publiquement que le démarchage
auprès des assuré-e-s vise essentiellement à
conclure de nouveaux contrats avec les assurances
complémentaires, sources de profits pour les assureurs.

Les soignant-e-s se sont mobilisés pour la caisse unique afin de
défendre des soins de qualité pour les patient-e-s dans
l’assurance de base, et pour lutter contre la médecine
à multi vitesse. Alors qu’une partie croissante de la
population n’arrive plus à payer ses primes et se retrouve
exclue du système de soins, les assureurs affichent une
santé financière arrogante.

Les chiffres sont parlants: entre 1996 et 2003, les coûts de la
santé ont augmenté de 36,2% alors que le montant des
primes de l’assurance de base a beaucoup plus fortement
progressé dans le même laps de temps, soit 61,8%!

Ras le bol de la logique marchande !

Récemment, le responsable de la surveillance des assureurs
à l’Office fédéral de la santé
publique, Daniel Wiedmer, reconnaissait qu’en 2006, avec les
résultats boursiers, plus d’un milliard a
été encaissé «en trop» par ces
assureurs, ce qui leur assure des bénéfices juteux.

Les soignant-e-s sont en effet choqués par les revenus
exorbitants encaissés chaque année par certains
dirigeants des caisses maladies. Pierre-Marcel Revaz, patron du Groupe
Mutuel, recevrait près d’un million de Frs par an et
plusieurs autres revenus annuels de ces patrons dépassent le
demi-million! Mais les chiffres ne sont pas publiés dans les
rapports annuels. De nombreuses manipulations comptables ont de plus
été dénoncées, par exemple avec la sous
évaluation des actifs, les flux financiers opaques entre
l’assurance de base et les complémentaires, les
réserves latentes, etc. Les enquêtes sont en cours, les
résultats seront connus éventuellement bien après
la votation!

La santé du personnel sous la pression de la rentabilité

Alors que la pression sur le personnel soignant pour réduire les
coûts de la santé ne cesse de croître, les
assureurs-patrons ne parlent que de concurrence, de marché et
d’économicité dans le système de soins.
Cette situation est devenue intolérable pour de nombreux-euses
professionnel-le-s attachés à un système de soins
performant, de qualité, mis à mal par cette logique de
rentabilité et de profit financiers. Le stress dont souffre le
personnel dans les hôpitaux a déjà
été mis en évidence dans plusieurs enquêtes
officielles.
L’Institut universitaire romande de santé au travail
(Forum Med Suisse/FMH 3.1.07) publie une synthèse des
études récentes sur la santé mentale des
médecins en Suisse. Les résultats sont
révélateurs du climat délétère qui
pèse sur le système sanitaire:«85% sont pessimistes
pour leur avenir professionnel, 72% pensent que les conditions de
travail déclinent, 20% choisiraient un autre métier, un
tiers souffre de «burnout»». Mêmes
résultats en pratique privée que dans les institutions!
«La réduction d’autonomie et une certaine
dépréciation de la profession pourraient renforcer les
effets néfastes du stress».

En conclusion, cette insatisfaction des soignant-e-s est
évidemment à mettre en lien avec leur soutien à la
caisse maladie unique et sociale qui apparaît à beaucoup
comme salutaire: un établissement indépendant
d’intérêt public, sans but lucratif, qui
défend les intérêts des assuré-e-s dans un
partenariat avec les fournisseurs de soins, dans la transparence,
facilitant le contrôle des coûts et favorable à la
qualité des services de santé.

Gilles Godinat