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N° 102 (14/02/2007). A la une: Climat: FMI & Banque mondiale, les apprentis sorciers
p. 23
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Neuchâtel
Université: Le recteur saute,les problèmes restent
La guerre annoncée entre le Conseil d’Etat et le recteur de l’Université a été brève. Celui qui était encensé il y a encore quelques mois pour ses capacités de décideur a été licencié séance tenante. Méthode américaine: le contrat de droit privé a été rompu sur-le-champ. Pour «faute grave»: refus de rencontrer le Conseil d’Etat «sans être accompagné».
Le transfert de l’Institut demicrotechnologie à l’EPFL n’est qu’une péripétie. Le fond de l’affaire, c’est en effet le statut du recteur. Un recteur fort, voulu par la majorité socialiste, radicale, libérale et UDC. La Loi sur l’Université, votée par leGrand Conseil en 2003 place en effet le recteur dans le rôle d’unmanager, comme dans une entreprise privée, doté des pleins pouvoirs pour imposer ses réformes à l’ensemble de l’Université. Cela devait inévitablement conduire à un clash. Le Conseil d’Etat a décidé de passer en force.
En 2003, lors des débats relatifs à la nouvelle Loi sur l’Université, solidaritéS avait, ensemble avec les Verts et le POP, défendu une autre conception des rapports entre les autorités politiques et l’Université. Rappelons ici ce que nous avons écrit au moment de cette discussion: «[... ]ce n’est pas en instaurant le pouvoir personnel qu’on résoudra les problèmes. Il faut au contraire étendre la démocratie en intégrant y compris les étudiant-e-s aux projets d’enseignement. En leur donnant un réel pouvoir de décision. L’Université n’a pas besoin d’un pouvoir fort, mais d’enseignements de qualité. Cela ne se décrète pas par une loi. C’est un état d’esprit. Celui qu’insufflera la nouvelle loi (si elle
passe) va dans un autre sens: il renforce l’administratif aux dépens du créatif.»
En 2003, la majorité du Grand Conseil avait préféré suivre l’avis du Conseil d’Etat et optait pour un rectorat fort. Nommé dans la logique d’une culture d’entreprise «moderne», le recteur a utilisé le pouvoir que lui confère la loi pour fermer des instituts et restructurer des enseignements. Il a attaqué de front le corps enseignant et les étudiant-e-s. Il a imposé ses vues, sans consultation aucune... avec l’aide d’un conseiller en communication. Il a réussi à se mettre ainsi à dos presque toute la communauté universitaire, en particulier la faculté des sciences, où il était unanimement détesté. Nombreux sont celles et ceux qui voulaient sa peau et qui, aujourd’hui, se réjouissent de ce départ forcé.
Restent deux questions:
- dans une entreprise cotée en bourse, le manager «saute» avec un parachute plus ou moins doré quand les objectifs ne sont pas atteints. A l’Université, il «saute» quand il ne plaît plus au Conseil d’Etat. Bénéficiera-t-il également d’un parachute pour amortir le saut?
- A quand une nouvelle Loi sur l’Université?
Henri Vuilliomenet
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