Notre marche


Notre marche


5’000 à Genève le 30 septembre pour sortir de la terreur mondialisée et lutter pour la justice globale. 8’000 à Berne et 200’000 de Pérouse à Assise la fin de la semaine passée, contre la guerre et toujours pour la justice. Témoignages.

Frei Betto *

Dimanche passé, j’ai participé à la quarante et unième marche pour la paix de Pérouse à Assise. C’était une marche de tous les peuples, vu que je me suis trouvé aux côtés de Palestiniens, Haïtiens, Brésiliens, femmes afghanes, Kurdes, Africains et Asiatiques. Les applaudissements rythmés des personnes étaient une manifestation explicite de gens qui ne veulent pas seulement la paix, mais surtout la fin de la guerre.


Il était inutile que les groupes chrétiens demandent une marche apolitique. Il n’y a rien d’apolitique sous le soleil. Jésus lui-même n’est pas mort d’une hépatite dans son lit, mais suite à deux procès politiques, attendu que son message spirituel avait de profondes répercussions politiques. Dans la marche, toutes les réalités sociales présentes se sont réunies dans un seul parti politique: le parti de la Vie contre les forces de la mort.


Un empire contre un homme


Parler de paix en ce moment signifie se prononcer contre le terrorisme au visage invisible et contre le terrorisme d’Etat. L’odieux attentat du 11 septembre n’est à l’avantage que d’un unique secteur de la société: l’extrême droite. Humiliée dans sa vulnérabilité, la Maison Blanche a réagi avec les mêmes armes en choisissant la loi du talion. Mais dans la guerre œil pour oeil, les adversaires finissent toujours aveugles. Et, pour la première fois dans l’histoire, un empire fait la guerre contre un homme, sans se soucier des souffrances que cela signifie pour la peuple afghan.


Les Etats-Unis n’ont rien appris de leur histoire. Ils ont perdu en Corée et au Vietnam, ils ont laissé l’Irak sans avoir renversé Saddam Hussein. Maintenant ils s’embourbent en Afghanistan, où ils ont dépensé, pour le seul premier jour des bombardements, vingt-deux millions de dollars, une somme qui équivaut au PIB du pays attaqué.


Colonisation globale


La Marche pour la paix était un appel à la non-violence active. Une pression pour que la diplomatie prenne le dessus sur la fureur de guerre, le dialogue sur la haine, les négociations sur les attaques. C’était aussi la première manifestation contre l’actuel modèle de globalisation – qu’il serait plus exact appeler colonisation globale – après Gènes et après la destruction du World Trade Center. Une fois les rapports de force réaménagés entre l’Ouest et l’Est, il s’agit maintenant d’implanter la justice entre le Nord et le Sud. La paix sera réelle uniquement lorsqu’elle sera la fille de la justice, disaient les panneaux affichés dans les rues de Pérouse. Au mois de janvier prochain, les combattants pour la paix dans le monde ont déjà fixé un rendez-vous important au deuxième Forum Social Mundial de Porto Alegre, au Brésil. La Marche continue.


* Frei Betto, dominicain brésilien, théologien et écrivain. (Paru dans Manifesto le 16.10.01, traduction de la rédaction)


Toutes et tous à Genève le 10 novembre


Conscients que la réaction suite aux attentats du 11 septembre allait s’abattre contre tout mouvement d’émancipation sociale au Sud comme au Nord, les mouvements sociaux reprennent l’initiative avec les bons réflexes.


Certes, les conditions locales particulières produisent des différences dans les formes de mobilisation. Mais il y a un lien que tous établissent entre la violence du système économique dominant et la violence guerrière et sécuritaire que les tenants de ce système déploient au niveau politique, pour maintenir leur domination ravageuse, injuste et inégalitaire à l’échelle globale et locale.


Que ce soient les paysans du Nord ou du sud privés de leur mode de production, les travailleurs licenciés, les réfugiés jetés à la mer ou rejetés hors de nos frontières ou encore les personnes différentes (à travers leur couleur de peau, leur sexe, leur culture, leur opinion politique…) qui subissent le racisme, le sexisme ou la privation des libertés politiques, on voit que la vague de violence réactionnaire s’abat sur tou-te-s. Et que finalement c’est l’injustice fondamentale de ce système dominant qui produit la violence dont nous tou-te-s risquons d’être les victimes si nous laissons faire les réactionnaires de tout bord, qu’ils s’appellent Bush, Bin Laden ou Blocher.


Les rendez-vous ne manquent pas pour exprimer le refus de cette violence. Le 10 novembre à Genève, siège de l’OMC, il faut que tou-te-s puissent manifester contre la violence globale. (ts)