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N° 102 (14/02/2007). A la une: Climat: FMI & Banque mondiale, les apprentis sorciers
p. 9
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International
Les Etats-Unis ont-ils l’intention d’attaquer l’Iran?
Le Président Bush et d’autres responsables étasuniens ont récemment, de façon alarmante, fait monter d’un cran leur rhétorique anti-iranienne. La journaliste britannique Marie Dejevsky rappelle brièvement les raisons et les risques de cette attitude.1
Que reprochent précisément les Etats-Unis à l’Iran?
Les questions sont si nombreuses qu’il est difficile de savoir par où commencer. La toute première accusation formulée par les Etats- Unis concerne le prétendu soutien de l’Iran aux militants chiites en Irak. Washington soutient que l’Iran les finance et les arme. Les Etats-Unis s’opposent aussi à ce qu’ils considèrent comme étant un soutien en Syrie et au Liban au Hezbollah – dont Israël a sous-estimé la force lorsqu’il a envahi le Liban l’été dernier. Derrière ces accusations se trouve une plus grande inquiétude: que l’Iran ressorte comme le premier bénéficiaire de l’échec étasunien en Irak; et que la propagation déstabilisante de son influence doit être stoppée à n’importe quel coût.Mais n’y a-t-il pas d’autres sources d’hostilité?
Deux autres questions sont tapies en toile de fond. La première, pour laquelle les Etats-Unis ont récemment été satisfaits de faire cause commune avec les Européens et l’ONU, est la crainte que l’Iran se serve d’un programme légitime d’énergie nucléaire comme d’une couverture pour développer l’arme atomique. L’autre est le ressentiment profond qui subsiste depuis la crise des otages en 1979, lorsque les gardiens de la révolution prirent d’assaut l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran et gardèrent 52 citoyens américains en captivité pendant 15 mois.Malgré des ouvertures occasionnelles des deux côtés qui ont eu lieu depuis, les relations diplomatiques n’ont toujours pas étérestaurées. L’élection en 2005 du populiste anti-occidental, Mahmoud Ahmadinejad, a contrarié tout espoir d’une réconciliation prochaine.
Les Etats-Unis ont-ils déjà dépassé le stade de la rhétorique?
Oui et non. Au-delà de la rhétorique, ils déplacent deux groupes de porte-avions vers le Golfe Persique dans une démonstration de force militaire. L’injection prévue de 21000 soldats américains supplémentaires en Irak – la prétendue stratégie du «déferlement», qui doit prendre effet dans les trois prochains mois – est aussi vue par certains comme le préliminaire à l’utilisation de l’Irak comme base pour des attaques contre les installations nucléaires iraniennes ou même pour un assaut plus concerté. D’autres voient ce «déferlement» comme étant dirigé contre l’influence iranienne croissante en Irak. Les responsables américains confirment ceci en partie, en disant qu’ils se réservent le droit d’attaquer des cibles iraniennes à l’intérieur de l’Irak,mais qu’ils n’iront pas au-delà. C’est ce qu’ils disent, en ce moment, à la Grande-Bretagne et aux autres alliés européens. […] A ce stade, la ligne officielle des Etats- Unis est qu’ils n’attaqueront pas l’Iran à l’intérieur de ses frontières. Mais tout ce que l’on sait sur George Bush indique que l’on ne peut pas le considérer comme opposé à un tel risque. Qu’il ordonne l’usage de la force et les enjeux pourraient être encore plus élevés qu’en Irak! Au pire, les Etats-Unis seraient enlisés dans une autre guerre coûteuse et probablement ingagnable, l’Iran s’enhardirait à accélérer son programme nucléaire et les Etats-Unis devraient céder à l’Iran l’hégémonie régionale.1 The Independent, 1er février.
Traduction française et texte complet: http://questionscritiques.
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