Ville sans voitures le week-end?

Ville sans voitures le week-end?

Les Conseillers municipaux «A Gauche Toute!» de la Ville
ont présenté une motion, au cours de la
plénière du début de la semaine dernière,
pour la fermeture du centre-ville à la circulation automobile,
du samedi  12 heures au dimanche 18 heures. Cette motion
s’inscrit dans le droit fil d’une précédente
motion qui demandait la fermeture du centre pendant les pics de
pollution, ou encore la gratuité des transports publics.

Le fond de l’air est vicié

De récents relevés montrent à
l’évidence que la pollution est forte en ville; le taux de
dioxyde d’azote et la concentration des particules PM-10 y sont
particulièrement élevés. A telle enseigne, que le
seuil de 150 microgrammes par mètre cube y a été
atteint à plusieurs reprises durant l’hiver 2006.

En été – et durant la fameuse canicule – le
taux d’ozone troposphérique a dépassé les
180 microgrammes par mètre cube, une situation extrêmement
préoccupante…

Il est donc évident que, concernant ces composants de
l’air en ville: le dioxyde d’azote, les particules ou
l’ozone, les valeurs limites fixées par les normes OPair
n’ont pas du tout été respectées. De
là l’idée de fermer le centre-ville pendant les
samedis et dimanches.

Des raisons d’agir…

Pourquoi? Relevons tout d’abord qu’une bonne partie des
travailleurs et travailleuses ont congé le samedi et que cette
proportion est – souhaitons-le! – encore plus forte le
dimanche. D’autre part, des enquêtes statistiques dans
plusieurs villes européennes ont clairement montré que de
fortes restrictions de la circulation dans les villes occasionnaient un
report modal très sensible en faveur des transports publics ou
de la mobilité douce, contribuant ainsi à réduire
très sensiblement la pollution urbaine.

Il convient également de souligner que cette motion
répond parfaitement aux intentions proclamées du Conseil
d’Etat qui, dans sa séance du 29 juin 2005, a
décidé de poser les bases de la mise en place d’un
ou de plusieurs projets d’assainissement localisés, dans
la zone de l’agglomération, où les concentrations
de polluants atmosphériques dépassent les valeurs limites
OPair. Elle complète, par ailleurs, les récentes
dispositions, en cas de pics de pollution, qui ont été
annoncées à l’échelon romand par le
Conseiller d’Etat Robert Cramer.

D’autres villes font déjà cela

Nos adversaires disent que cela prétériterait le
commerce… Il suffit, pour se convaincre du contraire, de se
frayer un passage parmi la foule de l’avenue de la
République à Lyon, le samedi après-midi. Les rues
piétonnes y sont noires de monde. A Genève les
commerçant-e-s défendent l’utilisation de la
voiture et nous parlent continuellement du problème du
stationnement… Quelle bonne blague! Sur un
périmètre de cinq kilomètres carrés, dans
l’une des villes les plus denses du monde, on compte une bonne
dizaine de parkings…

A l’heure où nous mettons sous presse, nous ne connaissons
pas la décision du Conseil municipal. Nous espérons
qu’il optera pour faire un pas – certes limité mais
à haute valeur pédagogique – vers une restriction
du trafic et donc l’amélioration de la qualité de
l’air que nous respirons en milieu urbain.

La lutte contre les effets négatifs des gaz à effet de
serre passe aussi par le cumul de toutes ces initiatives locales qui
devraient servir à renforcer la lutte – nous
l’espérons vivement – contre la gabegie
énergétique et sociale du capitalisme.

Christian Zaugg