Grève sur le chantier du M2 à Lausanne

Grève sur le chantier du M2 à Lausanne

Le 11 janvier 2007, 18 travailleurs, poseurs de voies, de
l’entreprise TMTI SA ont arrêté le travail de 13h
à 15h 30 sur le chantier du métro (M2) à Lausanne
pour obtenir le paiement de leur salaire de décembre, ainsi que
celui de leur 13e salaire. Suite à cet arrêt de travail,
les salaires de décembre ont été payés le
jour même. Une partie seulement du 13e salaire a
été versée, quelques jours après. Cette
grève a éclaté également parce que les
conditions de travail sont épouvantables: travailleurs
virés pour cause de maladie, non-respect des normes de
sécurité, habits de travail non fournis.

Sous-traitance = flexibilité maximum et violation de la CCT

TMTI SA et ALSTOM SUISSE SA sont liés par un contrat de
sous-traitance, TMTI s’engageant à effectuer en
particulier la pose de voies pour le compte d’ALSTOM dans le
cadre du projet de «Métro Lausanne M2». Dans ce
contrat de sous-traitance figure une clause selon laquelle TMTI
s’engage à respecter au minimum la convention collective
de travail pour la construction de voies ferrées
(ci-après: la CCT). Or les travailleurs qui posent les voies du
M2 sont engagés par l’entreprise TMTI SA dans des
conditions qui violent cette CCT. Les contrats individuels de travail
conclus entre TMTI SA et ses ouvriers prévoient, par exemple,
quatre semaines de vacances, alors que la CCT en prévoit cinq
(art. 13) et les classes de salaire minimaux fixés dans la CCT
(art. 17) ne sont pas respectées. Le contrat de sous-traitance
qu’ ALSTOM a conclu avec TMTI prévoit une classification
des postes qui n’est du reste pas celle de la CCT! Pour le
surplus, ces contrats individuels de travail sont des contrats de
durée déterminée. La durée de
l’engagement étant fixée en ces termes dans chaque
contrat: «entrée en service le xx juillet 2006, fin de
chantier métro de Lausanne ALSTOM». Cette forme de contrat
de durée déterminée est également contraire
à la CCT. Elle garantit une flexibilité maximum en faveur
de l’employeur, alors que les travailleurs eux ne savent
même pas quand se termine leur contrat. TMTI SA et ALSTOM SA
s’épargnent en outre tout délai de
résiliation. ALSTOM sa a obtenu l’adjudication des
travaux, soumissionnant à un prix plus bas que ses concurrents.
La sous-traitance permet de réaliser des économies en
matière de conditions de travail des ouvriers et de pratiquer
une sous-enchère salariale: en un mot, elle précarise
encore davantage.

Que font les pouvoirs publics?

Le canton de Vaud comme la ville de Lausanne sont fortement
engagés dans le projet de construction du M2. Le Directeur des
travaux, le Municipal lausannois radical, Olivier Français, est
administrateur délégué au sein de la
société Métro Lausanne-Ouchy SA qui a
adjugé la construction du M2 à ALSTOM SA. Parmi les
conditions d’adjudication figurent un engagement à
respecter les conventions collectives en vigueur. A maintes reprises,
la Municipalité a assuré que tout avait été
mis en œuvre pour que cet engagement soit tenu. Dans un
communiqué faisant suite à cet arrêt de travail,
Métro Lausanne-Ouchy SA affirmait que «l’entreprise
impliquée a déjà été
contrôlée par les organes compétents et
jusqu’ici aucune dérogation dans l’application de la
CCT n’a été constatée». Une assertion
qui ne correspond pas à la réalité… Le
groupe «A Gauche toute!» au législatif lausannois a
déposé une interpellation urgente pour exiger de
l’exécutif qu’il entreprenne toutes démarches
nécessaires pour que TMTI SA et toutes les entreprises qui
oeuvrent sur le chantier du M2 respectent les conventions collectives
en vigueur, dans tous les corps de métier. Par ailleurs la
Municipalité doit faciliter les contrôles mis en
œuvre par les syndicats.

Jean-Michel Dolivo