Référendums Aéroport et TPG déposés

Référendums Aéroport et TPG déposés

Coup d’arrêt à la privatisation Ce lundi 8 janvier,
c’est avec fierté que des collègues du Syndicat des
Services Publics, du Syndicat du personnel des TPG (SEV) ainsi que des
militant-e-s des organisations de la nouvelle coalition genevoise
«A Gauche Toute!» soit solidaritéS, le Parti du
Travail, les Indépendants de Gauche et Les Communistes, avec des
représentant-e-s du SIT, du Cartel intersyndical de la fonction
publique et de la CGAS se sont retrouvés devant
l’Hôtel-de-Ville à Genève, pour
déposer deux fois neuf mille signatures, à l’appui
de deux référendums contre la privatisation rampante et
la dilapidation des biens publics.

Cet acte clôturait une campagne intense de récolte de
signatures qui ne fut pas de tout repos. Sans parler de la
récolte nécessairement simultanée de signatures en
faveur du référendum fédéral contre le
démantèlement de l’AI, les handicaps de
départ étaient en effet d’abord lourds: faire
aboutir non pas un, mais deux référendums en même
temps. D’autre part, sur les 40 jours à disposition douze
allaient être chômés, fêtes de fin
d’année obligent. C’est donc bien au-delà des
28 jours «ouvrables», aussi pendant les fêtes et
jusqu’au dernier samedi, que les militant-e-s se sont
retrouvés dans la rue, au froid, parfois face à une bise
à décorner les bœufs. Mais, ensemble, nous avons
réussi!

Transferts d’actifs et privatisation

C’est à la fin du mois de novembre de l’an
passé, que le parlement, dans une large unanimité dont il
est coutumier depuis que la gauche de la gauche a disparu de son
enceinte, a adopté deux projets de loi bradant les biens et les
services publics. Ces deux lois prétendaient transférer
l’ensemble des bâtiments de l’Aéroport, y
compris la piste, de même que toutes les infrastructures des TPG
à ces entités respectives. Cette
«filialisation» de biens immobiliers publics constituaient,
du point de vue de l’Etat et pour l’Aéroport, une
«opération neutre financièrement».
Décodé, cela veut dire, contrairement à ce que le
Conseil d’Etat veut laisser croire, que la collectivité ne
dégagerait aucune rentrée de cette vente alors que
l’ensemble des spécialistes évaluent entre 880
millions à un milliard la valeur marchande de cette
infrastructure. En cette fin d’année, c’était
un cadeau somptueux fait aux éventuelles participations
financières futures de détenteurs de capitaux
privés, prêts à investir lorsque le capital de ces
entités viendrait à leur être ouvert, sous
prétexte de manque de fonds publics.

Les employé-e-s de ces deux secteurs importants du service
public ne s’y sont pas trompés, rapidement ils ont
sonné la charge contre ces lois qui menacent tant leur avenir
professionnel que le service public. En effet, dès lors que
l’on donne plus de pouvoir à des conseils
d’administration, dont la droite vise à ce qu’ils ne
représentent plus démocratiquement la
collectivité, mais les milieux économiques, ce sera la
«rentabilité» marchande de ces infrastructures qui
sera prioritaire. Et qui dit rentabilité à tout prix, dit
diminutions des salaires et augmentation des loyers, des billets, etc.
Le transfert des bâtiments des TPG du Bachet-Pesay et de la
Pointe de la Jonction n’échappant pas à la
règle. Le Cartel intersyndical de la fonction publique et
l’ensemble des syndicats genevois réunis au sein de la
Communauté genevoise d’action syndicale l’ont
compris et ont résolument emboîté le pas des
référendaires.

Verts et PS aux abonnés absents

A relever que parmi les partis et mouvements politiques qui se disent
défenseurs du social et surtout de l’écologie seule
notre nouvelle coalition «A Gauche Toute!» a compris les
enjeux importants de cette affaire. En effet, pour n’importe quel
militant-e-s écologistes de base, il est évident
qu’il faut maîtriser le développement d’un
aéroport, notamment pour tordre le coup à cette
concurrence absurde entre train et avion pour les distances de moins de
1000 km, le train devant être privilégié à
tout prix si l’on veut réduire les nuisances et
l’augmentation de l’effet de serre. Pourtant, il ne
s’est trouvé aucun membre des Verts genevois pour
comprendre que l’autonomie offerte par ces transferts
d’actifs pourrait permettre au Conseil d’administration de
l’Aéroport de baisser, notamment la taxe
aéroportuaire que paye chaque passager (Genève est
déjà la plus faible de toute la Suisse) et compenser la
perte en augmentant le prix de la location de la cinquantaine
d’immeubles acquis sans coup férir. Et ainsi faire
échouer les investissements que les collectivités
réalisent pour développer la fiabilité des trains,
entre Genève et Paris, par exemple. Quel désastre
écologiste soutiennent-ils?

Quant au PS genevois, même si certaines et certains dans ses
rangs ont émis des doutes, voire exprimé leur
désapprobation, personne n’a eu le courage en
plénière du parlement de voter contre ces deux lois.
Espérons que lors d’une AG de ce parti et qui
réunira avant juin (date de votation déjà
fixée par le Conseil d’Etat) les membres du PS, ils-elles
reviennent sur une décision, prise grâce à la
mobilisation de la tendance la plus blairiste et social-libérale
de leur parti.

Un vote populaire à gagner en juin

Du côté des référendaires, la campagne de
votation qui aura lieu dans le courant du mois de mai et de juin ne
sera pas de tout repos. Il faudra ferrailler dur face à tous les
néolibéraux du Conseil d’Etat et du Grand Conseil
qui ayant compris, après les semi-privatisations de la Poste ou
des Télécoms, qu’il ne faisait plus bon afficher
clairement leurs objectifs politiques se cachent aujourd’hui
derrière un jargon abscons du genre «transferts
d’actifs», «valeur de rendement», etc. pour
tenter de faire aboutir leurs desseins.

Bravo donc à celles et ceux qui se sont mobilisés pour
accomplir cet exploit et espérons que nous remporterons,
ensemble, une vraie victoire qui mette un nouveau coup
d’arrêt à la privatisation rampante que certains
vieux crocodiles verts du Conseil d’Etat semblent appeler de
leurs voeux.

Rémy Pagani