Palestine : protectorat de la misère et de la faim

Palestine : protectorat de la misère et de la faim

L’attention des médias se
focalise aujourd’hui sur l’affrontement entre le Hamas et
l’Autorité palestinienne, attisé par la
décision du président Mahmoud Abbas de procéder
à des élections anticipées.


La victoire électorale du Hamas
est en effet restée en travers de la gorge des milieux
dirigeants nord-américains, qui se retrouvent aux
côtés d’Israël pour imposer dans les
Territoires palestiniens ce qui ressemble fort un à protectorat
de la misère, de la faim et de la peur. Un temps sur la
même ligne, l’Europe a ensuite été
chargée d’adoucir la punition. Depuis, un mécanisme
d’aide d’urgence contourne le gouvernement, tout en
consolidant le chantage politique de fond.

Dans un «Appel au monde entier», l’organisation non
gouvernementale palestinienne HDIP dirigée par le docteur
Mustafa Barghouti décrit ainsi la situation actuelle:

  • Les gens sont dans l’impossibilité de se
    déplacer d’une ville ou d’un village à
    l’autre, et les transports de marchandises sont impossibles.
  • Dans certains secteurs, on fait état d’une pénurie de vivres et de combustible.
  • Les eaux usées ne sont plus traitées, les ordures
    ne sont plus ramassées, ce qui présente des risques pour
    la santé publique.
  • Vaccins et soins de santé de base ne peuvent plus
    être administrés, rendant possible le risque
    d’épidémies.
  • Les soins nécessaires ne peuvent plus être
    administrés aux patients vivant sous dialyse ou suivant un
    traitement contre le cancer; de surcroît, 30 Palestiniens sont
    décédés pour s’être vu refuser
    l’accès aux soins que leur état exigeait, et nombre
    de femmes ont dû accoucher à des barrages militaires
    israéliens.
  • La plupart des universités et des écoles ne sont plus en état de fonctionner.
  • Plus de 50% de la population est privée d’emploi; de
    plus, de nombreuses personnes ayant un emploi sont
    empêchées de se rendre vers leur lieu de travail (…)

Le retrait israélien de la bande de Gaza s’accompagne en
effet du véritable blocus de cette zone, vouant sa population au
chômage et à la misère. Les recettes
douanières de l’Autorité palestinienne sont
bloquées en Israël et les 160’000 fonctionnaires sont
sans salaire depuis plusieurs mois, alors que leur revenu fait vivre
environ un million de personnes. Plus d’un million de
Palestiniens vivent dans la «pauvreté profonde».

En suspendant leur aide à l’approbation de conditions
politiques par le gouvernement du Hamas, les Etats-Unis et le Canada
ont en fait appliqué des sanctions économiques contre le
peuple palestinien. L’Europe a pratiqué une politique
similaire au début; puis le Quartette (USA, ONU, Europe et
Russie) l’a chargée de fournir une aide financière
directe, à l’exclusion des aides gouvernementales (donc
des salaires des fonctionnaires). La tutelle politique est ainsi
restée et rien n’est venu politiquement contrecarrer la
volonté israélienne de mettre le peuple palestinien
«à la diète» (sic). Déjà, dans
la bande de Gaza, plus de 22% des enfants de moins de cinq ans
souffrent de malnutrition grave, 13 % de malnutrition chronique et plus
de 15 % d’anémies sévères.

Daniel SÜRI


La terreur approuvée constitutionnellement

La Cour suprême d’Israël a donné sa
bénédiction à la pratique «des assassinats
ciblés» à Gaza comme en Cisjordanie. En y mettant
quelques conditions pour la forme et en recommandant à
l’armée de respecter les règles de la
proportionnalité. Bombarder une maison entière ne
relève pas d’une pratique proportionnelle… Et si
l’assassinat n’était pas justifié, la victime
aurait droit à des compensations! Depuis le début de la
deuxième Intifada, 339 Palestiniens ont été
tués par cette méthode. Parmi eux, 210 activistes et 129
civils selon l’organisation israélienne des droits de
l’homme B’tselem.