Référendum AI: nous pouvons gagner !

Référendum AI: nous pouvons gagner !

Samedi 2 décembre, à
Berne, s’est réunie la Coordination nationale contre la 5e
révision de l’AI. Celle-ci a communiqué le fait
qu’avant ce week-end, 15 000 signatures avaient été
récoltées et qu’elle disposait d’engagements
sérieux, chiffrés par région et organisation,
à hauteur de 30 000 signatures de plus. Soit, en
l’état, un total de 45 000 signatures, dont les deux-tiers
étaient encore «virtuelles» et dont le gros est
à engranger avant la fin de l’année.

Le défi est majeur! D’autant que 45 000 signatures
c’est dix mille de moins que le «minimum syndical» de
55 000 signatures nécessaires pour faire aboutir le
référendum, compte tenu des pertes liées à
la validation dans les communes et qu’il faudra encore un
élargissement du soutien concret pour arriver au but.

C’est possible…

Pourtant ce défi, la coordination référendaire
s’est engagée à le relever. C’est possible,
parce que les 15 000 premiers paraphes ne sont pas le fruit d’une
récolte dès le début du délai
référendaire, mais bien avant tout de ces toutes
dernières semaines, puisque ce référendum vient
d’«en-bas» et qu’il a fallu tisser les
réseaux, nouer les contacts, produire le matériel, mettre
les militantes et les personnes soutenant le référendum
en mouvement. Un effort qui se chiffre en semaines, non pas
«perdues», mais indispensables pour
«matérialiser» le front référendaire,
dans la rue au contact des citoyen-ne-s.

Cette «faiblesse» initiale des référendaires,
c’est aussi – paradoxalement – notre force. Nous
sommes tous-toutes obligés de travailler ensemble, de
convaincre, de nous engager personnellement… bien plus que si ce
référendum avait été lancé par tel
ou tel état-major national, avec des moyens matériels et
financiers conséquents, qu’il soit du côté du
PSS ou de l’USS, qui – les deux – ont annoncé,
d’emblée que le référendum ne rentrait pas
dans leur planification politique et dans l’allocation de
«moyens» en fonction des «priorités»
qu’ils se fixaient.

Construire la résistance

Cette vision largement bureaucratique occulte l’essentiel: une
campagne politique aussi centrale du point de vue de l’opposition
au rouleau compresseur du démantèlement social
programmé par la droite patronale, ne peut pas être
conçue comme une simple dépense d’argent et
d’énergie, épuisant des ressources
déjà insuffisantes; elle peut et doit être un
moment de construction collective d’un camp de la
résistance, qui mette en mouvement et donne l’occasion
d’organiser des centaines de gens à travers tout le pays,
créant ainsi les ressources essentielles qui manquent en Suisse
pour faire front!

Sur le papier d’ailleurs, des résultats sont là: la
coordination référendaire, mise sur pied suite à
l’impulsion donnée par «A gauche toute!» a
fait fort, la liste des soutiens au référendum (v.
www.ai-référendum.ch) est aujourd’hui bien trop
longue pour être reproduite ici. Tout récemment la
faîtière Agile, regroupant 44 associations de personnes
handicapées et 60000 membres qui, en octobre, renonçait
«la mort dans l’âme» au
référendum, appelle ses membres à le soutenir.

Le PSS, lui-même, dont la direction était fortement
opposée au référendum, s’est vu imposer par
une majorité de 82 de ses délégué-e-s sur
69, le 2 décembre, de prendre une position de soutien au
référendum. Un succès réel pour les
sections cantonales (BL, BS, GE, TI, VD, VS) qui ont plaidé dans
ce sens, avec les Femmes socialistes et les JS.

Le président du PSS dérape!

Ceci, même si le président du PSS, Hans-Jürg Fehr,
montrant une étrange conception de la démocratie, se
répandait dans la presse du lendemain en assurant qu’il ne
«mettrait pas un sou» en soutien au
référendum vu les «autres priorités»
de son parti et continuait à marteler que le
référendum était «un cadeau à
l’UDC» offrant soi-disant à ce parti la
possibilité de relancer son ignoble campagne contre les
«invalides simulateurs». Comme si le fait de ne pas
résister à l’UDC sur ce terrain, d’accepter a
priori son hégémonie prétendue dans
l’opinion, n’était pas le vrai cadeau au parti de
Christophe Blocher.

NON au démantèlement social

Signalons, à ce propos, que les centaines de personnes qui ont
récolté des signatures, en savent un peu plus que
Hans-Jürg Fehr sur les vrais sentiments populaires sur cette
question. Et que si, certes, la rhétorique blochérienne
n’est pas sans écho, la volonté de défendre
cette assurance sociale est largement présente et demande
à être activée, dynamisée,
organisée… ce que s’emploient à faire les
référendaires. C’est une bataille que les forces
progressistes de ce pays peuvent gagner, y compris dans les urnes.

D’ailleurs, comme l’a écrit la Coordination, dans
son communiqué du 2 décembre: «La discussion sur le
futur de l’assurance invalidité est aujourd’hui
placée sous le signe de deux faux arguments: celui des
«faux invalides» et la prétendue
nécessité absolue de réduire les prestations. Seul
l’aboutissement du référendum permettra de porter
la discussion sur le financement et sur les mesures
d’intégration sur des bases plus favorables pour les
droits sociaux de toutes et tous ainsi que pour les
intérêts des personnes handicapées.»

Soutiens et signatures

Mais, pour en revenir aux signatures… Les succès politiques
des référendaires, sur le papier des listes de soutien,
ne se traduisent pas mécaniquement en paraphes de citoyen-ne-s,
sur celui des listes référendaires que nous devons
déposer, le 25 janvier au plus tard, à Berne.

Au contraire, le risque existe d’une démobilisation des
militant-e-s, qui pourraient penser que, puisque les «grosses
machines» soutiennent le référendum, on peut lever
le pied. Il n’en est rien! D’abord parce que – nous
l’avons vu – le PSS, centralement, ne fera pas grand-chose.
Ensuite parce que – nous l’avons constaté et
c’est normal – les membres des organisations du secteur du
handicap n’ont pas forcément les moyens, les forces et
l’expérience pour descendre largement dans la rue
récolter les signatures. D’autres soutiens aussi restent
assez platoniques, les Verts suisses ont soutenu le
référendum depuis octobre, mais en laissant «aux
sections» le soin de mettre en œuvre ce soutien. Or, on
constate – à ce jour – que l’engagement
concret de certaines d’entre elles est assez modeste.

Ainsi l’aboutissement du référendum n’est
aucunement assuré! Il dépend de chacun-e. Si les
lecteurs-trices de solidaritéS nous renvoient chacun-e une,
deux, trois signatures, celles-ci peuvent faire la différence!
Pensez-y, le matériel est téléchargeable sur www.solidarites.ch ou sur ai-referendum.ch.

Pierre VANEK