Milliard de cohésion : AGT-Vaud vote blanc!

Milliard de cohésion : AGT-Vaud vote blanc!



A la fin de la première partie
de ses Assises cantonales, «A Gauche toute!» Vaud
s’est prononcée à propos du «milliard de
cohésion», comme on désigne couramment la Loi sur
la coopération avec les Etats de l’Europe de l’Est.
La discussion qui a précédé le vote a permis de
vérifier paradoxalement, que les quatre positions
représentées (oui, non, abstention et vote blanc)
étaient, quant au fond, assez proches:

  • cette aide au développement était principalement
    une aide à l’exportation de l’industrie suisse des
    biens et des services, comme l’illustre on ne peut mieux la
    campagne des partisans de la loi, avec son pommier dont il faudrait
    cueillir les fruits bien mûrs;
  • cette aide sera compensée partiellement par une
    réduction des autres crédits alloués à la
    coopération avec l’Est;
  • la prétendue «cohésion sociale» sera le
    parent pauvre, voire l’absente absolue de cette opération,
    sans garantie réelle quant à l’objectif ultime des
    fonds qui seront votés par le parlement.

Dès lors, le débat, fourni, a aussi et surtout
porté sur l’appréciation des effets des
différentes positions sur la politique intérieure
helvétique. En cause, bien sûr, les initiateurs du
référendum, la droite la plus réactionnaire et
conservatrice de l’Helvétie, UDC en tête, son
égoïsme sacré et borné, son isolationnisme
méprisant et sa xénophobie ouverte. Son comité de
campagne s’oppose aux allocations familiales et au milliard de
cohésion avec le même argument: c’est de
l’argent qui part à l’étranger («En
clair, une fois de plus on nous soutire de l’argent pour le
distribuer ailleurs. En l’occurrence, des milliards de francs
suisses iraient à l’étranger»: www.payer-encore-payer.ch).

Mais, d’un autre point de vue, l’absence d’une
campagne préalable de solidarité avec les syndicats, les
mouvements associatifs et d’aide au développement dans ces
pays pèse lourdement. Elle aurait permis de montrer
concrètement la possibilité d’une autre politique
de soutien, favorable aux salarié-e-s et à
l’emploi, sans concessions face au néolibéralisme
dominant à l’origine des mouvements migratoires et de
l’exode rural. Elle aurait donc fourni un contenu politique
beaucoup plus lisible au non, à l’abstention ou au vote
blanc.

Du coup, aucune des quatre positions défendues ne semblait
parfaite. Le oui, même très critique, peinerait à
se distinguer de celui d’économiesuisse, en
l’absence d’une propagande propre intense. Pour la
même raison, le non ne trancherait pas sur celui de l’UDC.
L’abstention présentait le défaut de ne pas
être perceptible et de donner l’impression
d’être sans opinion sur cette question. Elle fut cependant
la position initiale des représentant-e-s parlementaires
d’«A Gauche Toute!» ce printemps. Restait dès
lors le vote blanc, qui, opposé au oui, l’emporta
finalement, après l’élimination dans un premier
temps des positions abstentionniste et négative.

Daniel SÜRI


A Genève solidaritéS, comme les autres membres
d’AGT à l’exception des Communistes, a
appelé, sans grand débat, voire sans débats
à coter OUI, suivant en cela la position du groupe parlementaire
AGT formulée par Pierre Vanek dans une contribution dont nous
publions publiée dans le bulletin du groupe parlementaire AGT
paru début octobre dont nous donnons ici quelques très
brefs extraits. (texte intégral sur www.solidarites.ch)

[…] Si cette loi passe en votation populaire le mois prochain,
c’est sur la base d’un référendum
déposé par l’UDC, avec l’appui des petits
groupes d’extrême droite que sont les
«Démocrates» suisses et la Lega au Tessin. Leur
propos est évidemment aux antipodes du nôtre et nous
appelons à voter OUI, pour barrer la route à leur
discours. L’UDC appelle à refuser «le
milliard» en question au motif général que la
Suisse n’en a pas les moyens et que cette dépense nouvelle
contribue à «une politique déficitaire qui mine la
compétitivité de la Suisse» comme l’a
affirmé le conseiller national UDC neuchâtelois Yvan
Perrin. […]

Comme toujours, le camp UDC, en xénophobes conséquents,
essayera dans cette campagne d’opposer cette dépense
publique «pour l’étranger» aux besoins des
«Suisses» et de la Suisse, alors qu’elle
s’emploie par ailleurs avec acharnement à
démanteler les prestations sociales au service de la
majorité des habitant-e-s du pays.

Un autre argument de l’UDC, développé par le
conseiller national Schlüer, UDC zurichois, est que le
gouvernement aurait dû négocier des
«contre-parties» au versement du milliard, notamment… le
«respect du secret bancaire» et le respect de la
«souveraineté fiscale des cantons». En clair, la
possibilité de voler des centaines de millions de francs par an
aux fisc des Etats européens à travers le dumping fiscal
de certains cantons, que l’Union Européenne cherche
à contrer à juste titre!

On le voit, un NON à cette loi offrirait un nouveau tremplin
à l’UDC pour développer sa politique
ultra-libérale et réactionnaire…


Pierre Vanek