Le Bus Santé: une aventure genevoise

Le Bus Santé: une aventure genevoise

A partir de l’expérience de la lutte préventive
contre la tuberculose, la transformation du bus itinérant en un
projet plus vaste de prévention sanitaire est due à
l’initiative d’A. Morabia. Mis en fonction dès 1992,
«le Bus Santé a pour but
de mettre sur pied un observatoire épidémiologique
pouvant mesurer, d’année en année, la
fréquence des facteurs pouvant entraîner un risque accru
de maladies cardio-vasculair
e». Ces données ont
évidemment été utiles et indispensables à
une action de santé publique ciblée sur la
réduction des risques. Suite à un rappel des bases de la
prévention et des origines du Bus Santé, l’auteur
analyse la situation genevoise en fonction des données
recueillies entre 1992 et 2004 soit sur plus de 15 000 adultes.

Il relève une étonnante homogénéité,
l’origine nationale n’étant pas un facteur
discriminant. La question de la moyenne comme norme, historiquement
liée au démographe belge Quetelet, est remise ici en
question. «Du point de vue de
la santé publique, les valeurs typiques dans une population
indiquent des phénomènes fréquents qui sont plus
probablement liés à des habitudes culturelles ou de
génératio
n». C’est à ce niveau
communautaire que doit se situer l’action de santé
publique. Un petit test permet de se situer individuellement par
rapport au «type genevois» correspondant à la
majorité de la même génération.

Le chapitre consacré au futur de la santé des Genevois met en évidence «une croissance préoccupante du surpoids, de l’hypercholestérolémie et du diabète»,
indiquant ainsi un changement substantiel des facteurs de risque.
L’approche génétique ne rend compte partiellement
que d’une faible partie des données, le reste de la
variabilité est à mettre au compte de
l’obésité, du tabagisme et de la consommation
d’alcool. Rappelons ici que parmi les facteurs de risque
principaux évalués par l’OMS (Rapport 2002)
figurent le tabagisme, l’alcoolisme,
l’hypercholestérolémie et
l’obésité.

La prise de poids est liée prioritairement au mode de vie
professionnelle entraînant une dépense
énergétique moindre. Chez les hommes, ce sont les
catégories socioprofessionnelles les plus élevées
qui ont pris le plus de poids en moyenne. D’autre part, une vie
plus sédentaire, une consommation accrue de boissons et
d’aliments sucrés prédisposent à ce
problème de surcharge pondérale. Les propositions
stratégiques concluent sur la valorisation de comportements
solidaires et non pas sur les comportements individuels: la
stratégie populationnelle consiste à «fixer des
objectifs alimentaires et d’activité physique pour toutes
et tous», à «trouver des solutions
collectives» (zones piétonnes, pistes cyclables, etc) par
une prise de conscience qui seule permettra d’inverser la
tendance.

Gilles GODINAT

Alfredo Morabia, Le Bus Santé une aventure genevoise, Méd. Et Hyg. Avril 2006 (118 p.)