Une histoire de dinde

Une histoire de dinde

Au lendemain des votations du 24 septembre, suite au double oui massif
des Genevoises et des Genevois sur le retour des notes à
l’école, Olivier Baud, président de la SPG,
déclarait avec humour «ce n’est pas la
première fois que les dindes votent l’avancement de
Noël». Et force est d’avouer qu’il n’a pas
tort. A réitérées reprises, des groupes sociaux se
sont prononcés contre leurs intérêts objectifs. Que
l’on songe aux scrutins sur la fiscalité, où
l’on a régulièrement vu les couches modestes de la
société voter contre des mesures visant les grandes
fortunes, chacun-e espérant sans doute un jour compter parmi les
plus riches de notre pays; aux scrutins sur l’assurance
maternité, où avant d’enfin obtenir une
majorité, de nombreux parents ont voté contre; ou encore
aux scrutins relatifs aux conditions de travail, qui ont
régulièrement vu des travailleuses et des travailleurs
voter contre leurs intérêts. La métaphore
utilisée par Olivier Baud, loin d’être
infondée, devrait donc être saluée, tant il est
vrai qu’une pointe d’humour en politique n’a jamais
fait de mal, bien au contraire.

C’était sans conter l’esprit chagrin d’un
sociologue sans relief, député libéral au Grand
Conseil, qui n’a pas eu d’autre capacité
intellectuelle que de prendre les mots d’Olivier Baud au pied de
la lettre. Ainsi donc, les Genevoises et les Genevois seraient des
dindes… Ciel! Il n’en fallait pas moins pour que ce grand
penseur s’érige en preux défenseur de ses
concitoyennes et concitoyens, via un mail fustigeant le
président de la SPG. Pas un mot en revanche pour le respect de
la dignité des dindes… Quel manque de tact!

Toute cette affaire aurait pu s’arrêter là,
c’est-à-dire à une nouvelle excitation
puérile de Monsieur Weiss. C’était sans compter un
autre grand esprit de notre République, le journaliste Arthur
Grosjean, dont le sens de l’humour développé est
bien connu de ses lectrices et de ses lecteurs. Fidèle à
l’esprit de la Tribune de Genève, qui ne cherche pas
à informer, mais à divertir ou à faire sensation,
Arthur Grosjean s’est fendu d’un éditorial qui fera
date sur ce qui est en passe de devenir le «scandale des dindes
à Genève». Nul doute qu’en ce 26 septembre,
c’était bien là le sujet d’actualité
le plus marquant…
Et à Noël, de quels savoureux mets vont se bâfrer ces
vierges effarouchées? Pas de la dinde
j’espère…

Erik GROBET