À Berne pour défendre nos salaires: manif nationale le 23 septembre

À Berne pour défendre nos salaires: manif nationale le 23 septembre

Les prochaines négociations salariales pour l’année
à venir sont placées sous des auspices particuliers.
Depuis l’an dernier, la situation bénéficiaire des
entreprises est bonne, voire très bonne. La productivité
du travail a fortement augmenté et les coûts salariaux
sont en recul. Les salaires des cadres supérieurs ont, selon une
étude de la Handelszeitung, enregistré cette année
une hausse de 4,5 % et les traitements des managers suisses explosent
aussi dans une mesure jamais vue, même en comparaison
européenne.

Contrastant avec ces faits, les salaires des travailleuses et
travailleurs à revenu moyen font pratiquement du surplace depuis
plusieurs années. Comme récemment publié par
l’Office fédéral de la statistique, les salaires
réels ont même baissé l’an dernier,
malgré des bénéfices en forte augmentation. A une
hausse moyenne de 1% a en effet correspondu une augmentation de 1,2 %
du coût de la vie. Tout compte fait, le pouvoir d’achat des
salarié-e-s de Suisse n’a guère augmenté ces
quinze dernières années. Les organisations
regroupées au sein de l’Union syndicale suisse (USS) se
sont mises d’accord sur une revendication salariale commune de 4
%. La mise en oeuvre de leurs stratégies respectives se
différencie selon la branche, en fonction des priorités
fixées et du principe de négociations appliqué,
à savoir sur un plan centralisé ou
décentralisé. Au-delà de cette revendication
commune de 4 %, les fédérations de l’USS se sont
aussi mises d’accord sur le fait que les salaires des femmes des
échelons salariaux inférieurs et moyens doivent
être encore plus augmentés. Car
l’égalité des salaires reste un objectif
prioritaire des syndicats.

Cette année, la campagne salariale est la principale campagne
menée par l’USS et ses fédérations. Comme
l’expérience le montre, les salaires n’augmentent
pas automatiquement. A eux seuls, les bons arguments ne suffisent pas.
Pour que les choses se remettent à bouger, il faut une pression
collective et un débat public. Afin d’accentuer cette
pression, l’USS organise le 23 septembre prochain à Berne
une manifestation nationale, la première depuis 2003, lorsque
les syndicats bloquèrent à la faveur d’une grande
manifestation les baisses des rentes AVS qui menaçaient
d’avoir lieu.

L’enjeu des prochaines négociations salariales est
décisif non seulement pour les salarié-e-s et les
syndicats, mais aussi pour l’ensemble de l’économie
et de la société. Des hausses
généralisées de salaire constituent en effet la
condition pour que la croissance bénéficie enfin à
plus de personnes. Augmentations généralisées des
salaires et croissance de l’emploi vont de pair. Des centaines de
milliers d’êtres humains, surtout des jeunes, attendent
qu’on leur donne à nouveau une chance sur le marché
du travail. Et il ne s’agit pas là uniquement des
personnes actuellement touchées ou menacées par le
chômage, mais aussi de celles, nombreuses, qui aimeraient bien
travailler plus si elles le pouvaient. Ce sont là surtout des
femmes.

Les prochaines négociations salariales sont aussi importantes
pour les assurances sociales, qui ont stabilisé
l’économie et la société durant les
années difficiles. Les assurances sociales étant
d’abord financées par des ponctions sur les salaires, une
évolution positive des revenus pour le plus grand nombre se
répercutera directement sur leur situation financière. Et
grâce à l’indice mixte appliqué dans
l’AVS, les hausses de salaire auront aussi une incidence positive
sur les rentes. Ainsi, les retraité-e-s
bénéficieront également de la reprise. Des
améliorations généralisées sont non
seulement justes, mais pour les personnes d’un certain âge
aussi économiquement plus efficaces que des privilèges
réservés à un petit nombre.

C’est pourquoi il faut dire que, comme cela n’avait plus
été le cas depuis longtemps, ce qui sera
économiquement déterminant pour la Suisse ces prochains
mois, ce ne sera pas l’évolution de la Bourse, mais celle
des salaires. Grâce à la campagne salariale des syndicats,
les intérêts de la grande majorité retrouvent la
place qui leur est due.

Paul RECHSTEINER

Président USS

L’Union syndicale Suisse (USS)
appelle à une grande manif nationale le 23 septembre sur les
salaires, sous le mot d’ordre «4 % pour tout le monde, mais
plus pour les femmes!» Nous reproduisons ci-dessous
l’exposé du président de l’USS, Paul
Rechsteiner, lors de l’annonce de cette manifestation à
fin juin. Cette manifestation unitaire est évidemment une bonne
chose, comme aussi la formulation d’une revendication commune,
pour tous les travailleurs-euses et l’accent mis sur la lutte
contre les discriminations salariales dont sont victimes les femmes
dans ce pays.




Cette manifestation, nous en serons,
au côté de tous les travailleurs-euses mobilisés.
Une question se pose cependant à la lecture de l’appel
ci-contre: après la «pression collective»
constituée par cette manifestation unitaire, qu’est-ce qui
va donc se passer? On lit ci-dessous que, pour les différents
syndicats: «La mise en oeuvre de leurs stratégies
respectives» se différenciera «selon la branche, en
fonction des priorités fixées et du principe de
négociations appliqué, à savoir sur un plan
centralisé ou décentralisé.»




Cette formule tarabiscotée ne
renvoie-t-elle pas chaque secteur, voir chaque entreprise à ses
pénates, pour tirer parti au mieux… de l’effet
psychologique sur les patrons qu’aura par hypothèse eu la
manif? Ceci dans le cadre de simples «négociations»
sans que soit évoqué la possibilité de poursuivre
ensemble, un mouvement et de développer un rapport de forces,
appuyé par les travailleurs-euses sur le terrain par des actions
quelconques.




Enfin, l’USS qui nous appelle
tous et toutes à Berne, élude la question d’une
revendication politique en matière de salaires, visant à
fixer par exemple un salaire minimum légal décent, dont
les femmes seraient les premières
bénéficiaires…


Paul Rechsteiner appelle ci-dessous
à un débat public sur cette question. Nous en serons sans
aucun doute avec «A gauche toute!», pour y défendre
notre point de vue.



Pierre VANEK